lundi 14 juillet 2008

Mes réflexions autour de la réduction de la mortalité maternelle en Haïti

Mes chers amis (es) internautes chers collègues

Je sors de mon silence après plus de deux années que j’aie laissé le poste de Ministre de la Santé de mon pays, non pas pour critiquer mes prédécesseurs ou mon successeur, ni simplement pour me faire lire. Je veux aujourd’hui même, réveiller la conscience nationale et inviter toutes les associations du pays qui se sentent concernées par les questions de santé : l’association médicale haïtienne « AMH », et sa filiale la société d’obstétrique et de gynécologie « SHOG », l’association nationale des infirmières licenciées d’Haïti « ANILH », les infirmières sages femmes, l’association de santé publique d’Haïti « ASPHA », l’association des technologistes médicaux « ATMH », l’association des pharmaciens et le dernier né l’association des hôpitaux privés d’Haïti « AHPH » à se mettre ensemble pour poser le problème de la réduction de la mortalité maternelle dans sa triple dimension. Savoir :

La disponibilité des services sur l’ensemble du territoire nationale,
La qualité des soins disponibles aux différents échelons de la pyramide sanitaire,
L’accès aux soins de qualité pour toutes les femmes enceintes.

De cette réflexion devront sortir des recommandations claires et pertinentes qui seront soumises au pouvoir, dans l’espoir que le Parlement tout comme le Ministère à la condition féminine et aux droits de la femme sauront faire le suivi méthodique de ces recommandations, car l’accès à une maternité sans risque est un droit fondamental de toute femme, et le respect des droits humains est un élément fondamental de la démocratie.

D’après la tendance révélée par les différentes enquêtes EMMUS, ainsi que les faits signalés dans la publication précédente, que personne ne me dise, que le pays est sur la bonne voix pour réduire son taux de mortalité maternelle, parce qu’un plan est en élaboration. Je dis non. Car des plans, on a déjà élaboré plusieurs.

Qu’on ne me dise pas, que le pays est sur la bonne voix, parce qu’on va construire une cinquantaine de centres avec l’aide des cubains, je n’y crois pas, les cubains sont dans le système depuis près de neuf années, ils n’ont pas su faire le miracle attendu.

Qu’on ne me dise pas qu’on est sur la bonne voix parce qu’on va faire un roulement de jeunes spécialistes en obstétrique, je n’y croirai pas, avant qu’on me prouve que le taux de mortalité maternelle est acceptable dans nos centres de formation pour citer l’HUEH, la maternité Isaïe Jeanty et l’hôpital la Paix de Delmas 33.

Qu’on ne me dise pas non plus, qu’on est sur la bonne voix parce qu’on a repositionné la planification familiale. L’enquête EMMUS IV a montré une augmentation du taux d’utilisation des méthodes contraceptives au cours des dernières années alors que le taux de mortalité maternelle a connu une hausse pour la même période.

Qu’on ne me dise pas qu’on est sur la bonne voix, parce que les autorités sanitaires viennent de lancer un projet de gratuité des soins. Je me permets d’interroger la qualité des soins fournis, quand on pense à la qualité de la formation et au manque de supervision des professionnels de santé.

Chers amis, chers collègues, ensemble mettons nous au travail, 2015 c’est dans sept années. Dans le cadre des objectifs de développement du millénaire, Haïti a pris l’engagement de porter son taux de MM au quart du chiffre de l’année 2000, c'est-à-dire le quart de 523 pour 100,000 N.V. Le pays a besoin de nous. Notre seul orgueil doit être, la volonté de léguer à nos progénitures une nation digne de son histoire de première République noire indépendante.

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