samedi 26 juillet 2008

Haïti Politique

Message du Ministre de la Santé Publique
Le Docteur Josette BIJOU
Aux membres du Gouvernement de transition sur la crise politique
Le 10 novembre 2004

Excellence Monsieur le Président
Excellence Monsieur le Premier Ministre
Mesdames Messieurs les Ministres

J’exprime tout mon regret de ne pas pouvoir être avec vous à ce conseil. Je veux tout de même vous faire part de ma plus grande préoccupation concernant l’avenir de mon pays, de notre pays.

Dimanche à l’occasion de la visite du Premier Ministre canadien, ce n’est pas la première fois que nous avons tous conclu qu’il est urgent et nécessaire de réaliser la réconciliation entre les haïtiens. A ma sortie du palais ce jour là, j’ai entendu quelqu’un se prononcer en ces termes :

Nou mande rekonsilyasyon fòk rekonsilyasyon-an pa rete nan pale non. Ces mots m’ont fait réfléchir.

Monsieur le Président
Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues

Connaissant la détermination de vous tous à réaliser une vraie réconciliation, je prends la liberté de partager avec vous mes réflexions.
En ma qualité de Ministre du Gouvernement, d’une haïtienne qui veut participer à la reconstruction de son pays, d’un médecin fatigué d’assister à tant de pertes inutiles de vies humaines, je crois que la réconciliation doit commencer par un dialogue entre le Gouvernement et ses alliés. Là je veux parler de tous ceux qui à un titre ou à un autre avaient dit non à la terreur aristidienne et même certains lavalassiens qui s’étaient tus par peur mais qui souffraient dans leur âme. Pour être plus directe je cite :

· Les jeunes en désespoir et soucieux de leur avenir. On les retrouve à Cité Soleil, au Bel Air, à Petit Goâve un peu partout,
· les militaires démobilisés,
· les membres du Front,
· les organisations populaires.

Ils sont tous armés, mais il faut les différencier des bandits malfaiteurs qui sèment le deuil et la terreur.

Le désarmement de tous ces groupes ne pourra jamais se réaliser par la force des armes sans un carnage quelque soit l’effectif de notre police nationale ou de la MINUSTAH. Il en est de même par de simples petits projets de création de quelques emplois. Pour les avoir écouté en certaines occasions, ce sont des personnes qui se réclament du Gouvernement qui n’ont aucune volonté de créer du désordre mais ils se considèrent comme exclus de leur propre Gouvernement, ils sont donc désespérés.

Monsieur le Président
Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues

Notre Gouvernement n’est pas sorti des élections, il avait cependant une base populaire, solide fondée sur la confiance que plaçait la population sur un groupe d’hommes et de femmes réputés pour leur droiture, leur intégrité et leur compétence. C’est cette même population qui aujourd’hui demande à participer à la reconstruction de son pays. On nous reproche d’être trop renfermés sur nous-mêmes. Il est encore temps de rectifier le tir. Pour cela il convient de faire la différence entre l’information au public par les conférences de presse, les rapports, les publications et autres et le dialogue tant réclamé par la population.

Monsieur le Président
Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues

La force ne peut être et ne doit être utilisée que contre les bandits malfaiteurs qui sèment le deuil dans les familles. Aucun Gouvernement non corrompu ne peut satisfaire l’appétit de ces habitués de la drogue et de la vie facile.

Pour votre édification, je demanderais à ceux qui ne l’ont pas encore fait de lire les rapports de missions effectuées par des équipes du Ministère de la Santé Publique à Petit Goâve et Grand Goâve que j’avais distribués au dernier conseil.

Je veux conclure en vous assurant de mon entière disponibilité pour participer à tout dialogue avec ces groupes.

Je vous remercie

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