samedi 19 juillet 2008

Discours prononcé à l'occasion du colloque sur l'agenda politique pour les enfants d'Haïti

Mesdames Messieurs,

Nous voici réunis ce matin, pour réfléchir sur les problèmes des enfants haïtiens, nos enfants. En la circonstance je veux au nom du Gouvernement de la République et au nom du Ministère de la Santé Publique et de la Population féliciter les initiateurs et les organisateurs de cette rencontre et les remercier pour m’avoir associée à cette initiative si louable.

Pourquoi un colloque sur l’agenda politique pour les enfants à l’approche des élections?

Depuis les années 70 avec la création de la division d’hygiène familiale priorisant ainsi la gratuité des soins maternels et infantiles auxquels s’ajoutaient trois grandes composantes en faveur des enfants : la vaccination des moins de cinq ans, la surveillance nutritionnelle et le programme national de contrôle de la diarrhée infantile et la promotion de l’allaitement maternel. Le Gouvernement d’Haïti avait dès lors opté pour le respect des droits à la santé de l’enfant haïtien.

Ces dispositions avaient conduit à une amélioration significative de la situation de santé des enfants qui s’était traduite par la réduction de la mortalité infantile et infanto juvénile. La mortalité infantile pour laquelle nous disposons des chiffres, était passée de 250 à 74 pour 1000 N.V. en l’an 1995. Vers la même époque ce fut la nationalisation de toutes les écoles congréganistes primaires de province. Cette action avait facilité l’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants de province sans discrimination.

Plus tard en 1989 l’Assemblée Générale des Nations Unies adopta la Convention relative aux droits de l’enfant, à partir de cette convention, l’enfant devient un membre actif de la famille de la communauté et de la société. Haïti ratifia cette convention.

Plus près de nous, Haïti a adhéré aux objectifs de développement du millénaire qui traitent de l’éducation de base pour tous les enfants, de la réduction de la mortalité des moins de cinq ans et de la nutrition; autant d’éléments faisant partie des droits de l’enfant.

Aujourd’hui malgré tous ces engagements pris, la dernière enquête a montré que les soins de santé sont financés dans l’ordre de 48% par les familles, dans le domaine de l’enseignement nous constatons une privatisation non seulement des écoles congréganistes mais de certaines écoles nationales, dans le but d’assurer leur survie. L’éducation primaire est à 90% privée autant de facteurs qui constituent des barrières à l’accès des enfants aux services de base, avec pour conséquence une détérioration de la qualité de la vie des enfants.

Près de 30,000 enfants meurent chaque année pour des causes que nous pouvions éviter.
Environ 173,000 vivent en domesticité et n’ont pas accès à l’éducation et à la santé
2,500 sont dans les rues exposés à tous les dangers
19,000 sont infectés par le VIH/SIDA
200,000 sont devenus orphelins par suite du décès de leurs parents comme conséquence du SIDA ou de la violence.
Nombreux sont aujourd’hui utilisés par les bandits pour exécuter des taches criminelles.

Le tableau de la situation de nos enfants est très sombre, il interpelle toutes les consciences : gouvernants et gouvernés, riches et pauvres, jeunes et vieux, secteur religieux, la presse, parents, professionnels de la santé et éducateurs. Nous avons tous la responsabilité d’œuvrer pour un changement véritable et durable.

Cette rencontre des partis politiques et des candidats est d’une importance capitale dans le sens qu’elle offre l’opportunité aux futurs dirigeants du pays à travers les différentes présentations et les débats de mieux s’informer des problèmes des enfants, des actions qui ont été menées avec succès dans le passé, celles qui sont en cours, des contraintes rencontrées et des défis à relever. De ce fait nous sommes persuadés, qu’ils vont en tenir compte dans leur politique générale sachant que les enfants représentent la garantie du pays.

Chaque enfant a un nom et une histoire. Il a droit à la santé, à l’éducation, à la nourriture, à un logement décent, à la sécurité, aux loisirs, à la protection, à l’affection et à l’amour.

En effet la participation des enfants change la façon de raisonner et modifie la conception des projets et des programmes. Nous les adultes, nous avons rarement cherché sinon jamais recherché l’opinion des enfants et des adolescents quand il s’agit de prendre une décision les concernant.

Mesdames Messieurs,

Membres de partis politiques, candidats et candidates aux différents postes électifs, futurs dirigeants du pays, les défis sont grands, les enfants comptent sur votre détermination et votre sens du devoir bien accompli. Nous autres du Gouvernement de transition, en mettant de l’ordre dans la gestion de la chose publique et par l’attention que nous avons accordée aux objectifs de développement du millénaire, nous pouvons dire que nous avons semé, nous avons bêché, maintenant il revient à vous les futurs dirigeants du pays d’arroser les semences si vous voulez que la moisson soit abondante.

Pour finir, je profite de l’occasion qui m’est offerte pour souhaiter à tous les candidats et candidates ici présents, au nom du Gouvernement et en mon nom propre du succès aux prochaines élections.

Sur ces mots, je déclare officiellement ouvert le colloque sur l’agenda politique pour les enfants. Bon travail à tous.
Je vous remercie.

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