mercredi 24 décembre 2008

Etat des lieux du Ministère de la Santé Publique au lendemain du 29 février 2004

Mise au point sur la situation du Ministère de la Santé Publique en mars 2004

Pour tous ceux là qui semblent vouloir oublier la situation dans laquelle se trouvait le pays au lendemain du 29 février 2004, nous prenons plaisir à leur présenter cet état des lieux établi après l'investiture du Gouvernement de transition. En dépit de ce tableau si sombre je m'estime heureuse d'avoir trouvé un bureau central fonctionnel, une partie du personnel en place et un minimum de mobilier, contrairement à d'autres Ministères qui avaient été vandalisés.

Cet état des lieux doit permettre à tous ceux qui auront la chance ou qui prendront le temps de lire les réalisations des cent premiers jours, de saisir la portée des efforts consentis par l'équipe du Ministère qui vraiment voulait voir les choses changées et qui aujourd'hui sont bien déçus. D'ailleurs certains ont déjà laissé le pays.

Cadre général de la situation du secteur santé au lendemain du 29 février 2004

La crise sociopolitique qui a secoué le pays n’a pas été sans effet sur le secteur Santé. Les conséquences sont même désastreuses. Voilà un aperçu de la situation à l’arrivée du Gouvernement de transition au mois de mars 2004:

- Suite à la désertion du personnel médical et paramédical pour raison d’insécurité, on a constaté une réduction de l’offre de service allant jusqu’à la discontinuité du service d’urgence minimum dans certaines institutions; La démission ou le départ volontaire de plusieurs cadres du Ministère :

· Le directeur général a démissionné de son poste depuis plus de quatre mois,

· cinq directeurs centraux sur neuf étaient en instance de départ et sont partis quelques jours après (DPCE, DDRH, DOSS, DPDH, DSF),

· deux directions départementales sont sans directeurs (Artibonie, Nord Ouest)

· deux hôpitaux départementaux fonctionnent sans directeur médical (Sud et Nord Ouest),

· l’hôpital de l’université d’état d’Haïti (HUEH) le plus grand centre hospitalier du pays, sans directeur médical, privé d’électricité et d’eau ne reçoit que certaines urgences de jour ; ceci grâce à l’initiative de trois médecins de service et d’un groupe d’infirmières et d’auxiliaires,

· La maternité Isaïe Jeanty et CHOSCAL dans l’aire de Cité Soleil sont fermées depuis plusieurs mois,

· La plupart des HCR et hôpitaux secondaires sont dépourvus de directeur médical,

- L’arrêt dans certaines zones des programmes prioritaires particulièrement: la Vaccination avec tous les risques de réapparition de certaines maladies éradiquées ou en voie d’éradication (polio, rougeole, diphtérie)
- Les difficultés d’approvisionnement des institutions en médicaments et intrants ;
- La disparition d’une partie de la flotte des véhicules y compris des ambulances ; à titre d’exemple sur quatre véhicules portant la plaque d’immatriculation officielle seulement un en mauvais état est retrouvé, les trois autres ont disparu.

- Le retard de paiement de salaire 4 à 6 mois pour le personnel a gage ;

- Situation qui s’est greffée sur des problèmes antérieurs tels : l’état de délabrement des structures physiques logeant les institutions sanitaires, le manque de matériel et d’équipement, l’absence d’une allocation de fonctionnement sur l’ensemble des Départements Sanitaires (Octobre 2003 à date), le manque d’électricité même au bureau central, la démotivation du Personnel .


Évaluation du secteur

L’évaluation approfondie de la situation pour le secteur santé s’est réalisée en deux étapes et sur deux fronts :

o Le bilan des dégâts matériels causés par la crise politique
o Le bilan de la situation administrative et financière


1. bilan des dégâts matériels dus à la crise

Le premier réalisé en collaboration avec les différents partenaires a fait l’objet d’une publication officielle sous le titre « Évaluation rapide de l’impact de la crise sociopolitique sur le secteur santé en Haïti, décembre 2003- mars 2004 » il nous sert de cadre de référence pour l’élaboration du plan intérimaire de réhabilitation du secteur.

Cette évaluation serait incomplète si on n’évoque pas le désordre organisationnel qui a causé la désagrégation des systèmes avec ses conséquences. D’où l’importance du bilan administratif et financier qui nous a conduit aux résultats suivants


2. Bilan administratif et financier


2.1 Cadre Légal.-

Le MSPP fonctionne sous l’égide d’une loi organique qui date de 1983. D’autres furent élaborés, sans jamais être votés toutes les structures en place sont illégales.


2.2 Cadre institutionnel.-

Mises à part les causes diverses qui ont entravé la promulgation d’une nouvelle loi, les décideurs auraient pu mettre en place une structure reflétant les exigences d’une mission liée à une politique bien déterminée.

On a préféré diriger dans un cadre flou, comme nous le répétons souvent. Et la figure ébauchée après un diagnostic préliminaire de la situation organisationnelle de la Direction Administrative et Financière tend à faire croire que le choix était délibéré. En effet, les dirigeants d’alors ne pouvaient ignorer que la concentration du flux d’autorité au sommet stratégique et la prédominance des circuits informels créeraient inévitablement des situations confuses dans l’exercice des fonctions, et affaibliraient surtout le flux des décisions de contrôle.

A ce compte, la configuration réelle de la DAF diagnostiquée par les spécialistes de mon Cabinet Particulier est assez convaincante. Création de quatre (4) postes d’assistant DAF, dont les fonctions spécifiques qui leur étaient attribuées le plus souvent les élevaient plutôt au rang de Chargés de Mission au Bureau du Ministre.

Multiplication des sections (10), pour accorder des augmentations de salaires à certains supporters ou amis; ce bénéfice étant lié uniquement à l’attribution d’un titre fonctionnel, indépendamment de la répartition des responsabilités.


2.3 Cadre Opérationnel

Cette situation on le comprend bien, a eu un impact direct sur les centres opérationnels, donc sur la prestation des services. Quand l’environnement interne et/ou externe exerce de fortes pressions sur une institution jusqu’à annihiler les normes et les procédures, la gestion rationnelle s’efface progressivement pour faire place à la pagaille.


2.4 Conséquences/Constats

Ceci explique aussi l’embrouillage des démarches entreprises pour réaliser l’inventaire des ressources.


Matériel et Équipement.-

Matériel de transport.-

La mémoire et les notes personnelles de quelques cadres ont joué un rôle prépondérant dans la tentative de reconstituer le registre des biens.

Les problèmes les plus épineux concernent le matériel de transport. Véhicules disparus ou volés (26) ; véhicules encore au service d’anciens fonctionnaires du Ministère et d’un ex-parlementaire ; véhicules immobilisés depuis trois (3) à quatre (4) ans chez des employés, ou garés dans différentes annexes du Ministère, pour des problèmes mineurs ; véhicules cannibalisés ; tels sont les termes régulièrement utilisés pour introduire le prétendu parc de véhicules.

Et en guise de conclusion, on ajoute que presque tous les véhicules en circulation ne sont pas en règle du point de vue légal : assurances périmées ; interversion des plaques d’immatriculation.


Matériel de bureau et matériel informatique.-

L’évaluation des biens appartenant à ces deux catégories n’a pas agité autant de discussions, bien qu’on eût constaté que l’assistance pour bien conduire cette activité était défaillante à tous les niveaux. Il convient de signaler en particulier l’inexistence de registres manuels ou informatisés se rapportant à l’histoire administrative de chacun de ces matériels.


2. 5 Ressources Humaines.-

Les ressources humaines du MSPP se divisent en trois (3) catégories :

- Le personnel régulier composé d’agents qui émargent au budget de la République ;
- Le personnel contractuel regroupant ceux qui travaillent sur la base d’un accord signé avec le MSPP ;
- Le personnel à gage, qui ne dispose ni de lettre de nomination ni de contrat.

Les décideurs et les responsables des centres hospitaliers ne sont jamais parvenus à gérer cette catégorie de personnel qui, l’expérience l’a bien démontré, représentent une gangrène au double point de vue politique et financière.

Dans le cadre du dysfonctionnement des systèmes planifié par les anciens dirigeants, l’évolution en nombre des employés à gage a été exploitée pour en faire des groupes de pression. Actuellement, l’HUEH en compte 608.

Comment une institution hospitalière de cette importance peut-elle atteindre sa mission quand ses disponibilités financières doivent servir d’abord à la rémunération des personnels à gage, il s’agit ici de l’affectation mensuelle de quatre cent milles (400,000) gourdes provenant des recettes internes de l’hôpital au paiement du personnel à gage. Ce personnel est souvent utilisé selon les déclarations de certains cadres pour prévenir ou réprimer les agitations souvent télécommandées se traduisant par les grèves injustifiées ?


2.6 Ressources Financières.-

La gestion financière n’échappe pas à la systématisation de l’arbitraire relatée au début de ce rapport.

Ce chapitre est donc consacré à l’évaluation des dettes du Ministère, et un aperçu de l’utilisation du fonds de roulement qui, tous deux dégagent de sérieux arguments à l’appui de l’assertion ci-dessus.


TABLEAU RECAPITULATIF DES DETTES

Achat de médicaments/HUEH (1) Gdes. 9,501.369.00
Obligations Bureau Central

Loyer local SEP 1,142,400.00
Divers 1.106,874.60 2,249,274.60

Coopération Cubaine (2)

Intendance 1,656.146.00
Loyer 7,200,000.00
Divers 251,270.00 9.107.416.00

Arriérés de salaires et de bonis (personnel à gage) (3)

HUEH (fév-mai 04) 6,502,154.50
Sanatorium de Port-au-Prince
(nov. 03-mai 04, boni) 762,861.34
Hôpital Justinien
(fév.- mai 04 + boni 02-03) 504,110.20
Asile Communal
(oct. 03 – mai 04 + boni 02-03) 339,203.10
Choscal – Cité Soleil 662,091.40 7,946.483.29

TOTAL Gdes 28,804,190.89


Note 1.-

A partir du mois de mars 2004, quelques fournisseurs se sont empressés de présenter leurs bordereaux avec l’espoir de recouvrer leur dû.

Les agences de produits pharmaceutiques ont produit des réclamations totalisant Neuf Million Cinq Cent Un Mille Trois Cent Soixante Neuf et 00/00 Gourdes (Gdes.9,501,369.00).

Les failles relevées dans les transactions illustrent bien la désagrégation des systèmes. (Réf. Rapport de l’Administrateur de l’HUEH daté du 16 juin 2004).


Note 2.-

Dans le cadre de la coopération Cubaine, le Ministère de l’Economie et des Finances avait décaissé Dix Huit Millions de Gourdes (Gdes.18,000,000.00) au bénéfice du MSPP. Cependant, ce montant a été utilisé pour couvrir les dépenses d’un plan du gouvernement intitulé Plan Sectoriel. Concept adopté après les premiers cent jours du gouvernement déchu, pour financer des activités gouvernementales et couvrir certaines dépenses du bureau central :

- Aménagement orthopédie HUEH Gdes. 8,191,359.00
- Service des brûlés HUEH 1,546,526.25
- Maternité HUEH 7,300.00
- Pharmacie HUEH 1,400.00
- Hôpital de Petit-Goâve 688,694.50
- Réaménagement Hôpital Eliazar Germain 700,000.00
- Hôpital Delmas 33 862,412.87
- Clôture Delmas 33 1,661,150.00
- Publication avis Projet MSPP/BID 63,308.00
- Dépenses diverses du Bureau Central 1,345,019.00
- Paiements employés à gage/Direction Sanitaire Nord 168,106.00
- Paiement frais des Résidents 1,280,389.75

TOTAL Gdes. 16,515,666.67


Quelques remarques importantes

Cette désaffectation de 91.7% des fonds alloués à la coopération cubaine constitue une sérieuse contrainte pour prendre en charge les professionnels cubains actuellement en Haïti et payer les dettes ci-dessus mentionnées.

De même, il n’a pas été possible de justifier de façon rationnelle les avances dites de fonds de roulement de l’ordre de deux cent mille (200,000) gourdes qui alimentaient les petites caisses, car aucune gestion transparente n’était exigée de la part des responsables financiers aux gestionnaires de ces fonds.

Signalons les dettes sur les avances à justifier faites par les Agences de coopération des Nations Unies : l’OPS/OMS, l’UNICEF. Des démarches auprès de ces Agences ont abouti à l’annulation pour l’OPS/OMS. Pour l’UNICEF le paiement reste obligatoire pour la relance de la coopération directe avec le Ministère, soit plus de cinq millions de gourdes (5,000,000.00) à rembourser à l’Agence.

L’audit sollicité de la Cour supérieure des comptes à notre arrivée, n’a pas été réalisé en raison de la non disponibilité des informations requises. (Réf. lettre de la Cour supérieurs des comptes au Ministre de la santé exprimant les difficultés rencontrées pour la conduite des opérations).


Conclusion

Voilà en quelques lignes un résumé succinct de l’état de la situation administrative et financière du Ministère de la Santé Publique et de la Population en mars 2004 au moment de l’investiture du Gouvernement de transition. Ces données viennent en complément à la publication sur les dégâts matériels dus à la crise sociopolitique.

samedi 20 décembre 2008

Ma vie spirituelle

Ma grande dévotion à la Vierge

Catholique de naissance et pratiquant de cette religion, je croyais en Dieu, je croyais que la Vierge est mère de Dieu. Cependant je n’avais aucune dévotion au chapelet. C’est au cours de ma mission aux Cayes, qu’un soir, j’ai vu en songe, qu’on m’a offert un chapelet, le lendemain comme par hasard je suis allée à l’hôpital des Cayes pour une visite de travail, j’ai rencontré sœur Anite Phanor en train de faire son chapelet, immédiatement le songe m’est venu à la mémoire et j’ai dit à sœur Anite : « cette nuit j’ai vu en songe qu’on m’a donné un chapelet ». Elle s’est déplacée vers sa communauté et m’a ramené un chapelet. Ce fut mon premier chapelet depuis l’âge adulte. Ce chapelet je l’ai toujours conservé précieusement dans mon sac à main. Mais je ne récitais pas vraiment le chapelet. Je me questionnais sur l’utilité de la répétition d’une même prière à la Vierge comme plusieurs chrétiens catholique d’ailleurs.

Une deuxième occasion, j’étais malade et toujours sœur Anite de me dire : « je prie pour toi » et elle m’a remis un scapulaire vert de l’Immaculée qu’elle m’a conseillé de porter sur moi. Là encore je l’ai pris mais je ne l’ai pas porté. Je le répète : « je croyais en Dieu, je priais Dieu, je priais la Vierge, d’ailleurs ma paroisse était dédiée à Notre Dame de l’Assomption. Mais je n’avais pas une réelle dévotion à la Vierge ».

A six ans, mon fils venait de rentrer chez les frères, il était au deuxième mois de l’année scolaire, quand un soir assis sur mes genoux, il m’a dit : « manman, je vois que tu as deux têtes ». Ma sœur qui était à côté de moi lui dit : « combien de tête que j’ai? » il a répondu : « deux » je lui ai montré mes mains il m’a dit qu’il voit dix doigts dans chaque main. Alors j’ai pensé tout de suite à un problème à la rétine. C’était l’époque où le Docteur Jean Claude Cadet et sœur Evelyne tremblay avaient commencé à lancer l’Institut Brenda Strafford aux Cayes. Le lendemain c’était un jour de clinique, j’ai amené mon fils en consultation. De fait les deux médecins présents Dr Jean Claude Cadet et Clausel Midy ont pensé à une rétinite à toxoplasmose. Il faut confirmer le diagnostic. Le lendemain, je rentre à Port au Prince et le diagnostic a été confirmé par la section laboratoire de Radiolab.

L’enfant fut mis sous traitement le même jour. C’est à ce moment la que je me suis rendue compte qu’il avait perdu la vue à l’œil… et qu’il ne voyait que d’un œil. De là va commencer ma dévotion à la Vierge. J’ai mis sur mon fils le scapulaire que sœur Anite m’avait offert et je lui ai enseigné la prière qui y est inscrite « Cœur Immaculée de Marie priez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort amen ». Je lui ai expliqué que c’est la maman de Jésus qu’il ne faut pas jouer avec, ni la montrer aux autres enfants. Et qu’il devait réciter dans son cœur cette prière chaque fois qu’on a fini de prier dans la classe. Et moi de mon côté je priais beaucoup la Vierge sans pour cela réciter des rosaires. J’utilisais mes propres propos.

Chaque samedi c’était une grande épreuve, il était sous cortisone et il fallait lui faire un test pour contrôler ses plaquettes et être sur qu’on pouvait poursuivre sans danger le traitement. Plusieurs amis me conseillaient de voyager avec lui. Pour voyager il faut de l’argent. À l’époque un professionnel de santé publique gagnait peu et disposait du strict essentiel pour vivre. De plus je construisais ma maison aux Cayes qui bouffait toutes mes faibles économies. Le traitement devait durer six semaines, et il recevait quatre médicaments dont deux étaient de fabrication locale du laboratoire 4C. Tout s’est bien passé, bonne tolérance du traitement. De son côté le malade accusait un comportement d’adulte en surveillant les recommandations du médecin. À moi, un jour, il m’a dit : « il faut demander au Dr jean Pierre mon médecin, si je peux boire beaucoup de lait, parce qu’il avait dit du liquide, car, toi tu n’es pas médecin pour enfant ».

Le 8 décembre fête de l’Immaculée c’était le dernier jour du traitement et on avait rendez vous chez le médecin. Le matin nous avons été à la messe et j’ai fait cette demande à la Vierge : « Immaculée aujourd’hui c’est ta fête me voici devant toi avec mon fils qui est ton fils je te demande une chose, je vais chez le médecin c’est le dernier jour du traitement fait que j’obtienne un résultat qui puisse me réjouir ». Après la classe comme chaque mercredi nous allons à la clinique pour le contrôle. Arrivé chez le médecin mon fils lui dit : « fais moi lire d’abord ». La vision était à 20 / 50 dans l’œil malade. Et après le contrôle du fond d’œil, le médecin me dit que la lésion est guérie, il ne reste qu’une cicatrice. C’était l’exeat comme souhaité. À la sortie de la clinique, mon fils m’a dit : « le docteur pense que c’est lui qui m’a guéri, c’est Immaculée qui m’a guéri pas vrai » je lui ai répondu oui. Notre dévotion à la Vierge ne fait que grandir.

Deux mois après exeat on a été pour le contrôle, la vision est passée à 20/25 sans traitement. La guérison était confirmée. Chaque six mois, je devais contrôler pour prévenir une rechute. Plus tard les deux médecins traitant ont clairement dit que ce cas aurait du être publié dans la littérature médicale pour l’un et la littérature biblique pour l’autre car une telle lésion si proche de la macula, il aurait fallu d’une poussée d’une semaine, pour que la macula soit atteinte; toute atteinte de la macula est la perte définitive de la vision. C’est un cas qui étonne tout médecin qui examine cet oeil. Au fil des années les visites de contrôle n’ont fait que confirmer la guérison.

Nous avions laissé les Cayes après le cours primaire. Mon fils devait continuer ses études chez les frères de l’Instruction Chrétienne à Port au Prince. Après six années, aux examens de l’école pour l’admission en Philo, il n’a pas réalisé la moyenne exigée par les frères. Il était contraint de changer d’établissement pour la classe de Philo. Ce fut pour moi un choc, car c’était son premier échec scolaire. Une amie professeur à Saint Louis de Gonzague et au Collège Bird, a pris l’initiative de l’inscrire pour moi au Collège Bird, une école protestante pour la Philo. En apprenant la nouvelle, une autre amie m’a dit : « tu envoies ton fils dans une école protestante s’il devient protestant ». Moi très affligée et très fâchée contre les frères pour la façon qu’ils ont agit. Ils m’ont même refusé un certificat que mon fils a passé les douze années d’études chez eux sans reprise, j’ai répondu à mon amie : « depuis l’âge de deux ans j’ai eu le soin de le mettre dans une école catholique si en une année il arrive à perdre les quinze années d’enseignement catholique, alors moi je saurai que je ne suis pas sur la bonne route je le suivrai.

Pendant l’année mon fils fréquenta l’église catholique de sa paroisse comme à l’ordinaire. Arrive le temps de la graduation, au collège Bird, on a organisé une cérémonie religieuse, mais la Vierge n’avait pas la place qu’elle méritait après de si grands bienfaits, comme il aurait été à Saint Louis de Gonzague. Compte tenu de notre dévotion à la Vierge, après la graduation, j’ai été voir mon curé pour lui expliquer toute l’histoire et lui recommander une messe d’action de grâce à l’intention de la Vierge Immaculée. Mon fils a passé les treize années scolaires sans rechute de sa rétinite, sans reprise scolaire, c’était extraordinaire je l’ai déjà dit. La messe devrait être célébrée le 16 juillet, deux dimanches avant, le prêtre en chair a annoncé une réunion du comité des mamans pour vendredi tout en précisant qu’il y a d’autres mamans qui allaient venir. J’ai entendu une voix qui me dit : c’est à toi que le prêtre s’adresse.

Le jour de la réunion je me suis présentée et j’ai été très bien accueillie. Pour moi c’était mon deuxième appel à la conversion. Cette fois c’est pour de bon. De là va débuter mon cheminement spirituel avec une soif ardente de la parole de Dieu, un engouement, pour le service de l’Église. Puisque jusqu’ici j’étais surtout au service de mes prochains à travers mes activités professionnelles et sur le plan matériel. Je n’oublierai jamais ce 16 juillet, quand pour la première fois, je vais prendre la parole à l’Église pour commenter la messe. Depuis lors j’ai mis tout moi-même au service de Dieu et dans l’approfondissement de mes connaissances spirituelles et bibliques.

Je peux dire que pour celui qui croit en Dieu tout est grâce. Dieu a utilisé la maladie et l’échec scolaire de mon fils pour me rapprocher de lui. De même cet évènement m’a permis de mieux comprendre le rôle de la Vierge Marie dans l’Église qui est de ramener les âmes à son fils Jésus. Mon groupe le comité des mamans va adopter pour patronne la Vierge Marie la Mère par excellence. Ainsi a commencé pour moi la grande dévotion à la Vierge incluant la pratique du rosaire.

Ma Mission dans la Sud de 1978 à 1988

Dix années de Défis, d'Angoisse, de Sacrifices, de Succès et de Déception

Ma promotion dans le Sud que je considère comme un satisfecit à ma mission à Jacmel, constituait un nouveau défi pour ma vie professionnelle. Il est vrai qu’il existait un plan national de santé et des manuels de planification des activités des différentes catégories d’institutions, mais l’organisation des bureaux de région et de district restait encore floue. En partant pour les Cayes à l’occasion d’une rencontre avec le responsable de la régionalisation, je lui ai demandé ce que le bureau central attendait de moi, il m’a répondu : nous comptons sur votre compétence et vos expériences pour la mise en place de la région. Signalons que la région Nord était lancée depuis déjà deux années, et tout le monde en parlait. Le premier défi consistait à inverser la situation, mettre le Sud à l’avant-garde du progrès.

À l’époque l’OPS/OMS assistait les bureaux régionaux avec deux consultants à temps plein un médecin et une infirmière spécialistes en santé publique avec expérience en régionalisation. Mais disons que moi j’avais obtenu ma maîtrise dans un pays où le secteur santé était régionalisé.

Jusqu’ici, je rêvais de poursuivre mes études en épidémiologie avancée pour devenir épidémiologue et professeur d’épidémiologie. À partir de ce nouveau poste administratif, je me suis fixée définitivement dans l’administration et par des sessions de courte durée je vais de préférence approfondir mes connaissances en gestion financière, technique de supervision, gestion de programme spécifiques de santé publique et technique de planification budgétaire et gestion de désastres. Durant dix longues années j’ai œuvrée pour le bien être de la population des deux départements.

Quelques mois après mon arrivée aux Cayes, à l’occasion de mon anniversaire, le personnel fit célébrer une messe d’action de grâce à la chapelle de l’hôpital dédiée à l’Immaculée Conception, au moment de la consécration je me suis sentie transportée et j’ai ressentie l’invitation à recevoir le corps du Christ. Rien ne pouvait me retenir ce jour là. Je me suis présentée à la sainte table et j’ai renoué avec mon Sauveur l’alliance rompue depuis plusieurs années. Ce fut la fin de mes souffrances sur le plan spirituel, un nouveau pas a été franchi dans mes relations avec Dieu. Pendant les dix années passées aux Cayes j’ai développé de grandes amitiés avec plusieurs prêtres surtout les oblats qui étaient très actifs dans le développement et la santé. L’un de mes amis prêtres va devenir par la suite, mon conseiller spirituel.

Je poursuis ma route avec la même foi, le même engagement à l’endroit des pauvres et des plus faibles. Les jours n’étaient pas toujours roses, contrairement aux années antérieures. Il m’arrivait des fois à manquer l’essentiel. Mais rien ne pouvait atténuer chez moi l’esprit d’intégrité et d’honnêteté ainsi que mon niveau d’engagement envers la population. Entre temps, quatre années se sont écoulées, mon fils a eu six ans et rentra à la grande école chez les frères de l’Instruction Chrétienne aux Cayes. Frappé d’une rétinite à toxoplasmose sa maladie va renforcer mes liens avec Dieu, puisque à l’occasion je vais le consacrer à la Vierge.

Dans le Sud il n’y avait que le district des Cayes a disposé d’une certaine organisation qui méritait d’être renforcée. Le district de Jérémie se confondait avec l’hôpital et celui de Miragoâne n’existait que sur du papier. Je me suis mise au travail afin de réaliser le diagnostic de situation et élaborer un plan d’action incluant un système d’organisation pour le bureau régional, les bureaux de district et l’hôpital régional. Compte tenu des difficultés d’accès et du manque de ressources financières et matériel roulant un seul véhicule, mille cinq cent gourdes de petite caisse pour le fonctionnement du bureau régional, nous avons mis six mois pour réaliser cette première action qui devrait nous permettre de rationaliser notre travail.

La couverture sanitaire très faible au moment du diagnostic va être portée à un niveau acceptable par la construction et la mise en fonctionnement d’un réseau de dix neuf dispensaires, sept centres de santé avec lits, sept centres de santé sans lit, deux hôpitaux, la réhabilitation de deux dispensaires, de quatre centres de santé avec lits, deux centres sans lit, deux hôpitaux , la formation et le déploiement de cent soixante agents de santé communautaires répartis dans les sections communales reculées et inaccessibles. Chaque agent avait la responsabilité directe de mille cinq cent à deux milles habitants, chaque dispensaire desservait quatre à cinq mille habitants et supervisait trois à quatre agents de santé. Chaque centre de santé desservait entre six et dix mille habitants suivant l’importance de l’agglomération et supervisait entre quatre et six agents de santé suivant le nombre de sections et le degré d’enclavement des localités.

Les hôpitaux disposaient des agents communautaires qui travaillaient dans les villes, dans le cadre du programme de santé materno infantile et de planification familiale. Les nouvelles institutions ajoutées aux anciennes formaient un ensemble de quatre vingt cinq établissements de santé complètement fonctionnels.

Je dois dire qu’aux Cayes il n’y avait pas un niveau de corruption aussi élevé qu’à Jacmel. À part quelques rares exceptions, les médecins établissaient pour la plupart une nette distinction entre leur pratique privée et le travail de l’hôpital. De plus à la tête de chacun des hôpitaux, il y avait un directeur très dévoué, qui assumait la responsabilité de maintenir l’ordre, la discipline et le respect des malades. Puisqu’ils étaient tous trois obstétriciens, bien encadrés du point de vue santé publique par le bureau régional, les bureaux de district et la direction d’hygiène familiale, leur action avait permis de réduire la mortalité maternelle et infantile. En une année à l’hôpital des Cayes la mortalité en pédiatrie est passée de trente à onze pour cent, grâce à l’introduction du sérum oral, l’éducation des parents et l’affectation d’un pédiatre.

Nous avions tous dirigeants et dirigés un seul leitmotiv : atteindre l’objectif santé pour tous en l’an 2000. Aussi aucun sacrifice n’était trop grand pour l’ensemble du personnel. Nous étions en l’année 1982 quand après le vote du budget, les directeurs de région et de district sont convoqués à Port au Prince, par le directeur général. À la réunion, le Ministre nous informe d’une coupure de quarante pour cent de notre budget. De retour aux Cayes j’ai réuni le personnel et ensemble nous avions pris la décision de maintenir le même niveau d’allocation pour le sanatorium des Cayes, l’école des infirmières, l’hôpital régional et les hôpitaux de district, pour le reste des institutions, seul le carburant et le matériel d’entretien leur seront donné. Notons que les activités des programmes prioritaires étaient financées en grande partie par l’aide externe. Ont été supprimé les frais de supervision et toutes les dépenses jugées non essentielles. Malgré ces contraintes financières nous avons maintenu pour l’année la même performance. On peut se demander s’il existe aujourd’hui un tel esprit de sacrifice et une si grande détermination de servir le pays chez les professionnels de la santé.

Dans les premiers temps, j’ai visité personnellement toutes les institutions sanitaires en vue de constater les faiblesses et relever leur niveau de fonctionnement. Dans ce domaine je dois rendre un hommage à mon infirmière régionale Madame Adrienne Salomon, pour son courage et son engagement dans l’amélioration de la qualité des soins. Nous avons procédé à la mise en place des bureaux de district de Jérémie et de Miragoâne avec pour directeur respectivement les docteurs Ulrick Montas et Yves Alexandre. Deux grands travailleurs qui ont vraiment lutter pour faire avancer les actions de santé dans leur district. J’ai encore à la mémoire l’esprit d’entente et de convivialité qui existait entre nous et qui facilitait le travail malgré le manque de ressources financières. On s’arrangeait pour se supporter mutuellement. On vivait vraiment dans l’amour fraternel.

Dès la première année, nous avons sorti la première publication pour le district des Cayes et l’année suivante pour l’ensemble de la Région. Cette action était coordonnée par le Dr Gérald Lerebours le premier épidémiologiste de la région. Malheureusement il n’est pas resté longtemps dans la Région, mais grâce au dynamisme des statisticiens secondé par les directeurs de district cette action s’est poursuivie jusqu’au démantèlement des structures de gestion du Ministère en 1991. Dire qu’à l’époque on n’avait pas les facilités de l’informatique.

D’une façon générale, nous avons mis plus d’ordre dans la gestion des trois districts, du Bureau et de l’hôpital régional, en faisant respecter les normes et les règlements. La supervision était devenue la routine. Pour le district des Cayes dont j’étais également le directeur, une équipe coordonner par le Dr Elie Nicolas encore un autre grand travailleur visitait toutes les institutions une fois le mois. De mon côté en plus des visites sélectives, quand il y avait une urgence, je supervisais chaque trois mois toutes les institutions du district des Cayes et je passais chaque deux ou trois mois une semaine à Jérémie et une autre à Miragoâne suivant l’évolution positive ou négative de la situation.

Toutes les institutions privées et publiques étaient tenues d’envoyer leur rapport mensuel d’activités accompagné du rapport financier pour les publiques et de la feuille de présence des employés. Ce furent autant d’outils utilisés dans l’évaluation de la régularité et de la performance du personnel. De la sorte la couverture sanitaire a été portée dès la troisième année à plus de 80% en comptant les agents de santé. La couverture vaccinale grâce à la stratégie avancée, atteignit un niveau qui a permis l’éradication de la polio et de la rougeole, les cas de diphtérie et de coqueluche étaient rares, seul le tétanos néonatal constituait encore un problème. Avec le sérum oral, l’éducation sanitaire et les activités d’assainissement et d’eau potable, la mortalité infantile avait chutée. La réduction de la mortalité maternelle utilisée comme porte d’entrée du système avait connue beaucoup de succès. Tandis que la planification familiale accusait encore certaines faiblesses.

Mes dernières années aux Cayes

Le départ des Duvalier n’a pas été sans conséquence pour le secteur de la santé si fort dans la région Sud. Le mot d’ordre des hommes politique de l’époque était qu’il fallait tout détruire de ce qui rappelait la dictature et qu’ils allaient reconstruire un système disent-il démocratique. Le 31 janvier 1986 à l’occasion du faux départ du président de la République, toutes les institutions de santé qui avaient le programme de distribution alimentaire étaient systématiquement pillées. Certains équipements médicaux ont été volés par des fonctionnaires malhonnêtes.

Ma maison a failli être déchouquée n’était ce l’intervention divine. J’étais en réunion à Port au Prince, quand le matin du 31 janvier vers les onze heures, l’un de mes frères qui était dans la maison m’appelle pour me dire : « Zette, les gens disent qu’ils vont venir maintenant chez toi, après avoir pillé et brûlé plusieurs maisons de hauts fonctionnaires dans la ville des Cayes ». Moi, j’habitais gelé plage à quelques six kilomètres de la ville, pour ceux qui ne connaissent pas très bien les Cayes. Je lui ai répondu : « sors de la maison, laisses les faire, ne te fais pas frapper. Peu importe, si le Bon Dieu leur laisse toucher à ma maison, il me donnera une autre plus grande et plus belle, car cette maison je l’ai construite à la sueur de mon front ». En entendant ces mots mon frère me dit qu’il a ressenti une force, il s’est jeté dans la foule en leur disant : « mesye, nou pa ka di, nou pral krase kay Bijou, mwen la a avèk nou, kay Bijou se kay mwen, se kay sè m’ » l’un d’entre répondit : « non mesye, nou pa kab kraze kay nèg la, li la a avèk nou » un autre de dire : « yo di nou se pou nou kraze tout bèl kay » il y eut des discussions entre les chefs et ils ont conclu qu’on ne peut pas toucher à cette maison. Je dois dire que cinq années après, le Bon Dieu m’a donné une deuxième maison plus grande dans un quartier très convoité de la capitale. Ma foi a été doublement récompensée.

Entre 1986 et 1988, nous avions connu des moments très difficiles, marqués par des grèves, des manifestations, des déchoucages, et des contestations. Tout ceci n’était pas au dessus de mes capacités de poursuivre ma mission. Appuyée par une équipe de techniciens compétents et dynamiques, ma détermination de servir les plus pauvres ne faisait que grandir de jour en jour. Signalons qu’au cours de cette période, à la demande du Ministre de la Santé le Dr Michel Lominy, les directeurs centraux m’avaient désignée à l’unanimité pour être le directeur général du Ministère de la Santé. Honneur que J’ai refusé. Les raisons étaient les suivantes : je ne me sentais pas assez mature pour remplacer le directeur sortant, ensuite je voulais continuer et achever mes expériences dans le Sud, car nous aussi nous avions souhaité l’instauration d’un système politique démocratique pour mieux développer notre technique, en troisième lieu, sur le plan économique, je n’étais pas prête à briser ma carrière technique, avec les risques de devoir par la suite quitter mon pays pour d’autre terres économiquement plus attrayantes; ceci malgré mes convictions professionnelles.

Durant les deux années de la transition, nous avions connu trois Ministres et trois directeurs généraux. En dépit de tout, nous avions lutté pour maintenir la même performance au niveau des institutions. Les professionnels de la santé s’occupaient de la mise en œuvre de la politique sanitaire et non de la politique de partis. Le 11 septembre 1988 nous avions réalisé la première journée de la campagne nationale de vaccination à la satisfaction de tous,


La fin de ma mission dans le Sud

Le 24 septembre nous étions à l’évaluation de cette journée quand deux ou trois policiers accompagnés de quatre bandits, se sont présentés à ma résidence pour procéder à mon arrestation et j’ai été conduite avec mon fils de douze ans à la prison des Cayes, après quelques heures j’ai été relâchée. C’était lors le mouvement des petits soldats du Général Avril, suite au coup d’état contre le Général Namphy. C’est dans ce tableau bien triste et mal toléré par mes parents, une partie du personnel de santé et la grande majorité de la population cayenne, que j’ai mis fin à ma mission dans le Sud, après dix années de service, jour pour jour. Plusieurs médecins ont été déchouqués de leur poste a la meme periode. Ce fut le début du démantèlement du système de santé. L’objectif pour les soldats et ceux qui les supportaient était de renvoyer les responsables honnêtes de tous les secteurs y compris les militaires en vue de s’accaparer des biens de l’État, car selon leur logique, avoir le contrôle de l’administration publique était le moyen le plus sur de s’enrichir sans grand effort.

vendredi 19 décembre 2008

Mon entrée en fonction comme Ministre de la Santé

Mon entrée en fonction

Après la cérémonie d’investiture au Palais National, vint l’installation des différents Ministres. Le lendemain matin ce fut pour moi le commencement d’une nouvelle vie. Je me lève et voici qu’après douze années je vais changer d’itinéraire. Au lieu de l'OPS je dois me rendre au MSPP. La cérémonie d’installation ce jeudi 18 mars fut présidée par le Ministre de la Justice Maitre Bernard Gousse. Ce fut une grande première dans l'histoire du Ministère de la Santé Publique. avec la présence de deux prêtres les pères Bernard Némorin et Emile Joseph et un pasteur le Dr Hubert Morquette et des amies laïques engagées, ce fut sous couvert de l’Évangile que le prêtre présidant la cérémonie implora le secours du Très Haut et me donna la bénédiction qui symbolise pour moi mon envoi officiel en mission.

Déjà dans mon discours d’investiture j’ai exprimé clairement ma volonté de privilégier le dialogue et la tolérance sans laisser aucune place à l’impunité, de ne faire aucune chasse aux sorcières mais de mettre la bonne personne à la bonne place, comme dans toute administration sérieuse. Pour cela l’amour et la concorde seront ma seule boussole, ma devise : « non à l’exclusion, non à la médiocrité non à la corruption »

La cérémonie une fois terminée vient le moment pour le personnel, les amis et les compagnons de travail de me saluer et me souhaiter du succès dans cette mission qui s’avérait très difficile. Le jour même, j’ai eu une séance de travail avec le directeur du cabinet du Ministre sortant puisque ce dernier n’était pas disponible. Puis j’ai aménagé une rencontre avec mon futur directeur de cabinet et les responsables de la direction administrative du Ministère.

Le vendredi 19 mars j’ai constitué mon cabinet particulier de quatre membre dont deux experts comptable et deux médecins tous spécialistes en santé publique à ce groupe vont se joindre plus tard trois autres membres dont une infirmière pour les questions de soins infirmiers, un ingénieur pour les affaires de génie civile et d’infrastructure et un conseiller juridique qui va me servir également de conseiller politique. Tous étaient des anciens cadres du Ministère de la santé. Mon conseiller juridique lui un ancien Ministre de la Santé. Le jour même j’ai eu une séance de travail à l’HUEH le matin et le soir j’ai visité la Maternité Isaïe Jeanty à Chancerelles, cette dernière était fermée depuis quatre mois pour en raison de l’insécurité dans l’aire de Cité Soleil.. suivant les conseils de l'un de mes conseillers administratifs, j'ai désigné un cadre du Ministère de la Santé pour assurer l'intérimat à la Direction Générale, vacante depuis quatre mois.

Ce vendredi, mes deux conseillers administratfs ont débuté l’évaluation administrative et financière du bureau central. J’ai demandé à la Représentation de l’OPS de poursuivre les travaux de la cellule d’urgence mise en place depuis le début de la crise, et pour signifier officiellement mon adhésion j’ai participé en personne à la première réunion tenue sous mon Ministère et j’ai désigné un point focal.

Notons que dix (10) jours après mon installation je vais faire célébrer une messe au Ministère en vue de consacrer la mission qui m’a été confiée.

LA VIE AU FOYER ET LA POLITIQUE

Ma vie au foyer, ma vie spirituelle et ma fonction de Ministre

Déjà la vie s’annonçait plus difficile pour mes proches. Le samedi soir comme à l’accoutumée, le père Bernard mon conseiller spirituel, vient passer la soirée avec nous. Après une semaine de veille, les choses se sont plus ou moins tassées. Je me sens plus calme. Très tôt je me mets au lit. Ordinairement avant de me coucher, je dois apporter au père Bernard son verre d’eau et mon fils lui, me demande souvent « manman » tu veux me préparer un sandwich s’il te plait? Ce soir là, il était dix heures, alors que mon fils était en train de préparer lui-même son petit sandwich, père Bernard arrive à la cuisine, pour prendre son verre d’eau. Mon fils de lui dire tu es venu prendre toi-même ton eau et lui de répondre et toi tu prépares ton sandwich, enfin on ne peut plus demander tout cela au chef on la voit tellement fatiguée s’exclament les deux. Ils m’ont raconté tout cela le lendemain.

Le dimanche jour de la Résurrection après un bon sommeil du samedi je me suis réveillée dans de meilleure condition. Après la messe il n’y avait que les visites des parents et amis qui étaient à la fois réconfortantes et fatigantes. Quelques soit les circonstances dans le bonheur comme dans le malheur l’homme a besoin de ne pas se sentir seul.

Durant les premiers mois c’était difficile de concilier la vie familiale et le travail de bureau, car il me fallait consacrer beaucoup de temps pour le bureau afin de pouvoir renverser la situation dans laquelle se trouvait le Ministère, puisque cela faisait bien treize années depuis que le Ministère sur le plan structurel et organisationnel suit une courbe descendante. Il faut se pencher sur tous les aspects administratif, technique et politique. De la sorte il ne me restait plus de temps pour ma maison et ma famille. L’autre expérience douloureuse c’était pour la première fois que je vais accepter de monter dans une voiture avec des armes, que des personnes armées rentrent librement sous mon toit. Autant de choses qui ne riment pas avec ma philosophie de la vie. Je me suis consolée à l’idée qu’il s’agissait de simples formalités et que je n’avais aucune foi dans les armes pour ma sécurité.

Dans la pratique, j’avais tout l’appui des membres de ma famille et de quelques amis. Ma jeune sœur Peggy, elle était à la fois ma secrétaire et l’intendante de ma maison. Mon frère Victor ne rate jamais une semaine pour me visiter, il se considérait mon conseiller politique, il osait même vouloir me conseiller dans les prises de décisions administratives. Mes sœurs Andrée et Ginette qui vivent à l’étranger se font le devoir de m’appeler le plus souvent possible. Moi toujours soucieuse du défi à relever j’avais très peu de temps pour moi-même et ma famille. Je me rappelle à l’occasion de la semaine sainte, ma belle sœur Yolaine, elle prend toujours le soin de m’acheter mon poisson en me disant : zette je sais que tu n’as pas le temps pour cela. Dire que ce n’était pas seulement le temps qui me manquait mais aussi la liberté de m’arrêter n’importe où dans les rues ou d’aller au marché pour des raisons de sécurité disent mes agents de sécurité rapprochée. À ce point même certaines amies m’achetaient des choses sachant que je ne pouvais plus le faire moi même. Tous mes frères étaient à mon service en vue de m’apporter le soutien nécessaire. Je ne cesserai jamais de les remercier.

Sur le plan spirituel, dans ma paroisse, j’étais Ministre Eucharistique et aussi responsable des commentaires à la messe de neuf heures du deuxième dimanche de chaque mois. Les premiers jours, j’ai essayé de maintenir normalement mes activités à l’église. C’est ainsi que j’ai assisté le Nonce apostolique à la messe solennelle du dimanche de Pâques 2004. Par la suite, mes multiples déplacements tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger m’ont obligé à solliciter de ma paroisse une dispense. De plus dans ces fonctions politiques qui assez souvent sont souillées de bavures, il est bon de prendre un recul et laisser le temps à la communauté d’apprécier votre agir, car il est essentiel que le chrétien témoigne la présence du Christ partout et en tout. De même à la Fondation Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’ai sollicité un temps sabbatique et j’ai confié ma fonction de secrétaire général à un autre membre pour éviter tout équivoque entre les activités de la Fondation et la politique.

Il m’arrive au cours de mes voyages à l’étranger de ne pas pouvoir assister à la messe dominicale. Dans cette situation vous comprenez avec moi la nécessité pour que mon temps de travail comme disait Saint Paul soit des temps de prières par la qualité de mes relations avec les autres qui sont pour moi des sœurs et des frères. Il doit être un travail fait avec amour et dans un total désintéressement personnel et un oubli de soi. C’était là un défi que je ne pouvais relever qu’avec la grâce du Saint Esprit. Aussi je renouvelle mes remerciements à toutes personnes qui m’ont soutenue dans leurs prières, d’une façon spéciale mon père spirituel le révérend père Émile Joseph, mon accompagnateur spirituel père Bernard Némorin, mon Curé père Jean Claude Edmond, les membres de la Fondation Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, la famille Hubert Morquette, tous les prêtres et les religieuses amis (es).

MA PREMIERE VISITE A CITE SOLEIL

Cité Soleil la plus grande bidonville du pays Bastion des lavalassiens

Alors que huit jours avant des déclarations faites à la presse laissaient croire, que les lavalassiens de Cité Soleil allaient assassiner quiconque aurait accepté un poste de Ministre dans le Gouvernement qui succéderait au Président Aristide.

Il était Samedi matin 19 mars, deux jours après mon investiture j’ai décidé de me rendre à Cité Soleil. Cette visite a été préparée par un grand ami le Dr Gérard Joseph qui m’a fait le plaisir de m’accompagner ainsi que sa femme et un ami commun le Dr Bernard. Ce fut l’occasion pour moi de rencontrer les religieuses qui travaillent dans la Cité, le feu père Volel pour finir ma tournée par une réunion communautaire après avoir visité tour à tour le centre hospitalier Sainte Catherine Labouré « CHOSCAL » et le centre de santé Rosalie Rendu tous deux fermés depuis plusieurs mois en raison de la crise politique.

Les participants à la réunion communautaire furent unanimes à reconnaître mon esprit d’ouverture mêlé de courage, car je n’avais aucun agent de sécurité avec moi. Alors ils m’ont dit : « Minis, se premye fwa nou wè yon Minis vinn chita pale avèk nou san zam san sekirite, Minis dèpi jodi a, se nou ki sekirite w ». De là s’est développé ce sentiment de confiance manifesté envers ma personne. Pour tous ceux qui ont l’habitude de questionner l’attitude des habitants de Cité Soleil vis-à-vis de moi y compris la presse; je dis qu’il s’agit de relation de confiance mutuelle. Ils voyaient en moi quelqu’un qui veut se rendre disponible pour les comprendre, les aider à sortir de leur situation d’exclusion plutôt que de les condamner. Ils m’appellent pour la plupart « manman » nous savons tous, que ce mot « manman » évoque l’idée de compréhension, d’affection, de tendresse, et d’amour.

De mon côté, je commençais à comprendre la situation dans laquelle patauge une bonne partie de notre société et combien ils aimeraient en sortir. c'est inimaginable. Je suis devenue dès lors plus sensible à la cause de cette couche marginalisée. C’est pour cela que je dis toujours je n’ai pas perdu mon temps au Ministère. Cette nouvelle expérience m’a fait grandir humainement, spirituellement et politiquement.

mercredi 3 décembre 2008

Les déterminants de la santé

La santé vue sous l'angle de la promotion de la santé

La définition la plus connue de la santé, est celle de l’Organisation Mondiale de la Santé OMS : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

Dans cette définition, nous voyons que le concept ambigu de santé est remplacé par une notion également ambiguë de bien-être ; ce qui fait de la santé un idéal qui peut être approché sans jamais être atteint. D’ailleurs un complet bien-être est vraiment difficile à mesurer. De plus cette définition évoque davantage la dimension individuelle de la santé.

Vue sous l’angle de la santé publique, la santé est perçue comme : « une façon de vivre » qui permet à l’homme malgré ses imperfections d’atteindre une qualité de vie et une existence pas trop douloureuse tandis qu’il vit dans un monde imparfait.

On attribue également la santé à : « une expérience de bien-être, résultant d’une équilibre dynamique qui implique les aspects physiques et psychologiques de l’organisme ainsi que son interaction avec son environnement naturel et social ». D’oú la dimension collective de la santé.

Cette interaction entre l’homme et son environnement nous amène à parler des déterminants de la santé qui sont les différents facteurs pouvant influencer positivement ou négativement sur l’état de santé de l’individu et/ou de la collectivité. Ils sont d’ordre : physique, politique, économique, culturel et social.

On peut les énumérer ainsi : la paix, un écosystème stable, un logement décent, l’éducation, la sécurité sociale, les relations sociales, l’alimentation, un revenu, la justice sociale, le respect des droits de l’homme, une utilisation rationnelle des ressources, la responsabilisation des femmes et l’équité.

Plus récemment il est prouvé que les tendances démographiques telles que l’urbanisation anarchique, l’augmentation du nombre des personnes âgées, la sédentarité, la résistance aux antibiotiques, la toxicomanie, la violence domestique, les troubles civils et la pauvreté, constituent des menaces graves pour la santé individuelle et collective.

D’autres facteurs peuvent être considérés c’est le cas de la mondialisation de l’économie, des marchés financiers et du commerce, l’accès généralisé aux média et aux techniques de communication moderne, la dégradation de l’environnement par l’utilisation abusive des ressources naturelles.

En réalité, vue sous l’angle de la santé publique, la santé n’est pas un simple besoin à satisfaire, mais un droit à respecter, à protéger et à défendre. De même, nous pouvons dire : qu’elle n’est pas l’affaire du simple personnel de santé médecins, infirmières, auxiliaires etc. Ces professionnels, bien souvent ne font que soigner des malades. La santé est bien plus complexe. Elle est aussi l’affaire de l’agronome qui travaille pour garantir la disponibilité et la sécurité alimentaire, nécessaire à la protection et au contrôle de l’état nutritionnel de la population ; de l’ingénieur qui construit l’habitat suivant les normes d’hygiène, qui œuvre dans la fourniture de l’eau potable à la population, pour éviter certaines maladies liées à l’environnement ; du juge qui rend la justice avec équité ; de l’homme politique qui respecte les droits des minorités comme des majorités dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques ; de l’homme d’affaire ou de l’employeur qui traite avec justice et équité ses employés ou ses partenaires, de l’éducateur qui enseigne et qui éduque, en vue d’augmenter les opportunités ; du prêtre et du pasteur qui prêche la justice sociale, l’amour et le pardon en vue d’œuvrer à la construction d’une paix durable.

D’ailleurs, le pape Pie XII n’a t-il pas dit: « la santé n’est pas un objet d’ordre purement biologique, pour la maintenir il faut tenir compte des forces religieuses et morales. Trop étroite serait une notion de santé entendue uniquement à la capacité ou à l’incapacité de travailler. Trop étroite aussi et dangereuse une notion purement vitaliste et biologique. Donc la santé ne peut être exprimée en fonction du corps seulement mais en fonction de tout l’homme. » Pour le pape Pie XII, la santé résulte de l’harmonie la plus parfaite possible entre les forces de l’homme, c’est la spiritualisation la plus haute du charnel, et l’incarnation la plus profonde du spirituel.

N’avons-nous pas dit : une âme sainte dans un corps sain. La vie est un don de Dieu.

Discours prononcé à l'investiture de mon successeur

Discours du Ministre sortant le Dr Josette Bijou
à l'investiture du nouveau Ministre le 9 juin 2006

Monsieur le Ministre
Monsieur le directeur Général
Mesdames, Messieurs les Représentants des Agences de coopération
Mesdames, Messieurs les directeurs centraux et départementaux
Chers collaborateurs, chers amis de la presse
Chers invités

Mesdames Messieurs,

Plus de deux années se sont écoulées depuis que j’avais accepté délibérément et en dépit des menaces sur ma personne et mes biens de me mettre au service de mon pays. Deux années de lutte contre les grands fléaux qui rongent notre société : l’exclusion, la corruption et la médiocrité.

En un si court laps de temps, j’estime avoir fait l’essentiel pour tirer le Ministère de la Santé Publique et de la Population du bourbier où il se trouvait. Chers collaborateurs, chers partenaires nationaux et internationaux grâce aux efforts de vous tous et à votre ténacité le Ministère a été remis sur les rails.

La nation haïtienne et tous mes collaborateurs se souviendront longtemps encore de mon courage et de ma détermination à aider, servir, enseigner, animer, modifier et corriger dans l’unique but de relever le secteur de la santé à un niveau digne d’une Nation bicentenaire.

Aujourd’hui c’est avec un réel plaisir que j’ai l’honneur de passer les rênes du Ministère de la Santé à mon successeur le Dr Robert Auguste.

J’ai connu le Docteur Auguste de nom par sa sœur, une grande amie ; il y a à peine quelques mois que nous nous sommes rencontrés. Dès notre premier échange, il m’a laissé l’impression d’un professionnel discipliné au point que je n’avais nullement hésité à lui confier un poste de responsabilité. De là nous sommes devenus bien vite amis. Docteur Auguste malgré cette assurance je crois opportun de vous faire certaines recommandations :

Le pays a souscrit à des engagements qui se résument de façon concrète dans les objectifs de développement du millénaire. Ayez toujours ces objectifs pour boussole.

Le secteur santé en dépit des efforts déployés au cours de la transition reste encore faible. Le renforcement institutionnel, l’extension de la couverture sanitaire doivent continuer à bénéficier d’une attention soutenue.

Les ressources sont tout à fait inadéquates face aux défis à relever. Pour cela, vous devez faire montre de beaucoup d’imagination en adoptant des stratégies innovatrices dont certaines sont déjà en cours : je veux parler de la stratégie avancée pour la vaccination et la stratégie des zones ciblées pour augmenter la couverture sanitaire.

Je n’ai aucun doute sur votre compétence et celle de vos futurs collaborateurs. Cependant en ma qualité d’aîné de la grande famille médicale, je me permets de vous dire : montrez vous toujours ouvert au dialogue. Recherchez aussi souvent qu’il est nécessaire les compromis et éviter toutes compromissions. La lutte n’est pas facile, mais dites vous bien que vous devez réussir, car un échec est tout simplement impensable.

Mesdames Messieurs,

Je veux profiter de cette opportunité pour adresser des mots de remerciements à tous ceux qui m’ont soutenue d’une manière ou d’une autre durant cette dure période de ma vie professionnelle. Je veux citer : mon Directeur général, les membres de mon cabinet particulier, mes agents de sécurité rapprochée, mes secrétaires, mon chauffeur, messager et ménagère, les directeurs centraux et départementaux, le personnel médical, paramédical, personnel administratif et de soutien, les membres de ma famille et mes amis. Que dois je dire des Agences et partenaires nationaux et internationaux sans votre contribution technique et financière le pari n’aurait pas été gagné.

Pour conclure, mon cher Bob, il ne me reste qu’à formuler à votre endroit des vœux de succès dans cette nouvelle tâche difficile mais d’une grande noblesse. N’oubliez pas que je serai toujours disponible pour des conseils, des renseignements et j’en passe. N’hésitez pas, vous ne me dérangerez jamais.

Vous tous qui avez répondu à l’invitation je vous remercie.

mardi 2 décembre 2008

Discours prononcé à l'assemblée des Nations Unies sur le SIDA

Discours prononcé par le Ministre de la Publique et de la Population
le Dr Josette BIJOU
A l'occasion de la 26ème assemblée des Nations Unies sur le VIH/SIDA UNGASS
New York du 31 mai au 2 juin 2006

Madame la présidente,

Mesdames, Messieurs les membres des différentes délégations

La délégation haïtienne se réjouit de sa participation à cette réunion de haut niveau sur le SIDA.

En juin 2001, lors de la session extraordinaire des Nations Unies consacrée au VIH/SIDA (UNGASS), le gouvernement de la République d’Haïti s’était engagé au côté des autres états membres à faire avancer la lutte contre le VIH/SIDA.

La Déclaration d’engagement de 2001 englobait onze domaines.

Cinq ans plus tard, nous pouvons dire qu’en dépit des multiples contraintes d’ordre socio politique et économique, Haïti a implémenté avec succès les diverses interventions retenues. En témoigne l’évolution de certains indicateurs.

Dans le domaine de la multisectorialité de sensibles progrès sont réalisés par l’implication des secteurs de l’éducation, de la justice, de la condition féminine, des affaires sociales, de la planification et des finances.

Dans le domaine de la prévention, les acquis sont palpables, le taux de séroprévalence du VIH/SIDA chez les femmes enceintes régulièrement contrôlé est passé de 5,96% en 1996 à 3,1% en 2004.

Une enquête conduite en 2005, a montré que 95% de la population haïtienne est informé sur les questions de SIDA grâce à une importante campagne de sensibilisation.

Pour ce qui concerne la prévention de la transmission mère enfant, la couverture quoique faible 19% représente un progrès par rapport aux années antérieures.

Dans le domaine des soins, appui et traitement pour les personnes infectées et affectées, : Deux (2) Manuels de Normes ont été élaborés et disséminés, l’un sur la Prise en charge Clinique et Thérapeutique et l’autre sur la Prise en Charge Communautaire.

Actuellement 88 sites offrent les services de CDV, 77 les services de PTME et 25 sites fournissent gratuitement des ARVs à 6007 patients.

Le VIH/SIDA et Droits de l’Homme : deux décrets sont adoptés l’un traite de la protection des femmes violentées et l’autre de la protection en milieu du travail des personnes vivant avec le virus du SIDA.

Dans le cadre de la protection des personnes vulnérables les progrès sont insignifiants :

Le MSPP a toutefois mis en place depuis une année une Mutuelle de solidarité afin de faciliter l’insertion socio-économique des PVVIH. Il est trop tôt pour en faire l’évaluation, de plus les ressources disponibles dans ce domaine sont trop faibles, deux millions de gourdes pour l’exercice 2005 – 2006.

Promouvoir la recherche et le développement : dans ce domaine des réalisations significatives sont à mentionner la plus importante :

Les essais vaccinaux anti VIH conduit par les centres Geskhio.

Dans les régions touchées par les conflits et les catastrophes naturelles, des cadres ont reçu une formation appropriée pour fournir une réponse adéquate en pareille situation.

Quant au « Suivi/Evaluation » : Un cadre national d’évaluation est en cours d’élaboration. Il convient également de signaler qu’un nouveau Plan Stratégique National 2006-2011 est en préparation.

Comme on le voit, il reste du chemin à parcourir. Il s’agira pour Haïti dans les années à venir :

De garantir l’accès universel aux techniques de prévention, et de prise en charge dans un souci d’équité et de justice sociale.

De renforcer l’approche multisectorielle pour une optimisation des ressources.

Ma délégation profite de cette assise pour remercier les partenaires d’Haiti qui n’ont ménagé aucun effort pour faire de la lutte contre le SIDA ce modèle de partenariat et d’engagement pour l’action. C’est aussi l’occasion pour moi de demander aux pays amis de continuer à nous aider dans la poursuite de cette noble cause


Madame la Présidente,

En ma qualité de Ministre du Gouvernement sortant, j’ai été désignée et accréditée par le Président de la République son Excellence M. René Garcia Préval pour représenter mon pays à cette assise, ce geste traduit la volonté du Gouvernement d’ Haïti de garantir la continuité dans les actions. Aussi c’est au nom du Président de la République et de son prochain gouvernement que je réitère les engagements pris par la République d’Haïti, de lutter aux cotés de ses partenaires nationaux et internationaux dans la construction d’une Haïti libre de nouvelles personnes infectés au virus du SIDA d’ici 2010.

Je vous remercie.

Discours prononcé à l'assemblée mondiale de la santé mai 2005

Intervention du Ministre de la Santé à la 58ème assemblée mondiale de la santé
Genève, du 16 au 25 mai 2005

Madame la Présidente de l’Assemblée,

La délégation haïtienne a l’honneur de vous présenter ses chaleureuses félicitations pour avoir accédé à cette position qui vous confère la lourde responsabilité de diriger la 58ème assemblée mondiale de la santé.

Monsieur le Directeur général de L’Organisation Mondiale de la Santé,

Au nom du Gouvernement d’Haïti, je vous adresse les plus vifs compliments pour la maîtrise avec laquelle vous conduisez les destinées de cette prestigieuse Organisation.

Mesdames, Messieurs les Ministres,
Distingués membres des différentes délégations,


A la 57ème assemblée, c’est avec la désolation dans l’âme que j’avais brossé la situation alarmante de mon pays après quinze (15) ans de commotions sociopolitiques qui avaient culminé au démantèlement du système de santé. Des actions positives, le texte n’en contenait pas, sinon que des engagements qui avaient été pris dans un contexte encore chargé d’incertitudes.

Un an après, dans les mêmes circonstances, c’est avec le plus grand plaisir que je prends la parole, pour exprimer la fierté de la délégation haïtienne, et faire le point sur quelques actions entreprises par le Gouvernement de transition en faveur des mères et des enfants haïtiens, en accord aux objectifs de développement du millénaire.

La République d’Haïti accuse le plus haut ratio de mortalité maternelle et infantile dans la région des Amériques et des Caraïbes, soit respectivement 523/100000 N.V. et 80.3/1000 N.V.

Alarmé par ces statistiques et stimulé par le souci de respecter les engagements pris à Caire, à Beijing et à l’Assemblée générale des Nations Unies, le Gouvernement intérimaire, sans se laisser effrayer par le poids du défi à relever, s’est décidé fermement à diligenter toutes interventions visant à rabattre les indicateurs de 10% annuellement, en vue de les ramener au tiers d’ici 2015.

Pour atteindre cet objectif, les actions se circonscrivent autour de deux grands axes stratégiques :

Le renforcement institutionnel, et·
L’extension de la couverture sanitaire.

Dispositions qui commence à se concrétiser par la réhabilitation des maternités et des pédiatries des principaux hôpitaux du pays, incluant leur équipement et l’affectation d’un personnel apte à satisfaire leurs besoins au double point de vue quantitatif et qualitatif.

Environ cinq cent (500) techniciens de toutes catégories ont été recrutés et mis en service à travers les différentes institutions du pays. Il convient de signaler ici que toutes les maternités disposent maintenant d’une équipe d’infirmières sage femmes.

Sur le plan de la formation quarante sept (47) bourses d’études ont été octroyées en vue d’améliorer le niveau de gestion et de prestation des soins.

De plus, pour compenser la dévaluation de la monnaie nationale, et stimuler le personnel de santé, ce dernier a bénéficié au cours de la période d’une indexation de salaire de 45%.

Mesdames, Messieurs,

La satisfaction dont nous ont comblé ces accomplissements s’était malheureusement effritée par les conséquences effroyables de deux grandes catastrophes : plus de quatre mille morts, des dizaines de milliers de familles sans abris. Un lourd tribut pour le Gouvernement qui luttait déjà contre le marasme économique que lui ont légué les autorités précédentes.

A ce compte, n’est ce pas l’occasion de faire remarquer que si de façon ponctuelle certaines valeurs ont été attribuées au secteur santé par la communauté internationale, l’aide au développement promise tarde encore à venir. La population s’impatiente, d’où une montée de la violence avec toutes les conséquences négatives sur la santé des groupes les plus fragiles, en particulier les femmes et les enfants. Nous renouvelons notre appel à tous les amis du peuple haïtien et nous comptons sur l’appui de l’Organisation Mondiale de la Santé pour un plaidoyer en ce sens.

Aussi, le Gouvernement de transition peut s’enorgueillir d’avoir à son actif l’augmentation de ses réserves grâce à un plan de restriction des dépenses publiques professionnellement appliqué. Ce qui a permis le démarrage de certains travaux d’infrastructures

Mesdames, Messieurs,

La situation tout a fait imprévisible que je viens de vous décrire brièvement n’avait pas brisé ni même atténué la volonté de résoudre la problématique de la santé maternelle et de la santé des enfants.

Tous les efforts déjà tentés nous ont au contraire encouragé dans cette direction et nous étions mêmes conscients de leur insuffisance pour garantir l’équité en santé si chère au Gouvernement. C’est ce qui justifie d’ailleurs la mise en œuvre de plusieurs actions à caractère communautaire. En collaboration avec nos partenaires, nous avons décrété deux semaines de santé des enfants en novembre et en juin.

Au cours de ces deux semaines, les enfants sont vaccinés, ils reçoivent de la vitamine A et un traitement contre les parasites intestinaux. Les enfants des rues bénéficient aussi de ces mêmes attentions.

Cette année, la célébration de la journée mondiale de la santé a honoré la femme dans le cadre du thème choisi. Le Ministère de la Santé a profité pour annoncer la gratuité des soins prénatals comprenant : la consultation prénatale, la vaccination et les examens de laboratoire. De même, le projet de création d’un centre d’excellence pour les femmes est devenu une réalité. Il constitue le point de départ du réseau de maternité sans risque.

Mesdames, Messieurs,

Poursuivre notre objectif dans un cadre d’actions éparses, d’activités ponctuelles nous aurait imprégné d’un sentiment d’insatisfaction profonde. Nous avions ainsi estimé qu’une orientation vers la réforme du secteur santé est indispensable. Dans cette optique, la structure du Ministère de la Santé Publique et de la Population a été reconsidérée dans un cadre légal appuyé par un projet de loi organique élaboré avec l’appui technique de la Représentation de l'Organisation Panaméricaine de la Santé / Orgaisation Mondiale de la Santé

dans cette action, on y relève la volonté de moderniser ce Ministère avec la création, entre autre de trois (3) nouvelles directions :

· La direction d’Épidémiologie et de la Recherche
· La direction de Promotion de la Santé et de protection de l’environnement
· La direction des soins infirmiers.

Action qui se trouve renforcée par la finalisation du plan stratégique 2005 – 2010. Voilà en quelques mots le tableau de la situation actuelle de la santé des mères et des enfants.

Pour finir, je profite de cette tribune pour exprimer la gratitude du peuple haïtien envers tous les pays amis qui lui ont témoigné leur sympathie au cours de l’année 2004, à l’occasion des différentes catastrophes naturelles.

Je vous remercie.

Discours d'investiture au poste de Ministre de la Santé Publique le 18 mars 2004

Mesdames Messieurs,

Permettez que j’initie mes propos de circonstance en formulant mes remerciements à l’endroit de leurs excellences, le Président provisoire de la République, Maître Boniface Alexandre et le Premier Ministre Monsieur Gérard Latortue pour la confiance qu’ils ont placée en moi.

Quand aux membres du conseil des sages, comment ne pas leur rendre publiquement l’hommage mérité pour ce sacrifice consenti, car depuis environ deux semaines ils se sont attelés au travail avec un dévouement exemplaire et un désintéressement sans pareil dans l’unique but de doter la nation d’un Gouvernement capable de conduire à bon port ce navire aujourd’hui en dérive. Soyez en félicité, le pays tout entier vous rendra le tribut.

Femme de terrain mon premier poste administratif a été celui de coordonnateur d’un projet de développement et de santé intégré dans le Nord Ouest (Jean Rabel, Bombardopolis, Baie de Henne, Mole Saint Nicolas). Poste qui a culminé avec celui de directeur de district de Jacmel et directeur de la Région sanitaire du Sud. D’autres fonctions m’ont été également profitable avec des postes de consultant occupés tant à la Banque Mondiale qu’à l’OPS/OMS, l’ensemble de ces expériences ont valu peut être mon choix au poste de Ministre de la Santé Publique et de la Population.

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans ma carrière professionnelle. Cet évènement qui me comble d’émotions, je le dois aux sacrifices de tous ceux qui m’ont offert leur collaboration durant mes trente six années de vie professionnelle et à la communauté haïtienne qui m’a offert un large champs d’expérience.

Ce sentiment de gratitude je veux l’étendre sur mon cher pays qui m’a tout donné et pour lequel aucun sacrifice n’est trop grand. Je veux rappeler à l’intention de tous, que je fais partie d’un Gouvernement de transition qui est en charge pour un temps déterminé. Donc le temps presse et il est à l’action.

Mesdames messieurs,

Le pays est en lambeau. Le tissu social déchiré est à recoudre. Rien que dans le secteur santé les indicateurs suivants parlent d’eux-mêmes :

La mortalité maternelle est passée de 457 à 523 pour 100,000 NV de 1995 à 2000
La mortalité infantile de 74 à 80 pour 1000 NV au cours de la même période
La prévalence du SIDA est de 4,6%

Soit les indicateurs les plus élevés des Caraïbes et de la Région de l’Amérique.

Une couverture en eau potable de moins de 50%
Une couverture en collecte et disposition des déchets solides de moins de 23%

Ces quelques indicateurs sont édifiants et nous tracent déjà le chemin à prendre, celui du redressement de notre système à tous les niveaux central, départemental, communal et local.

Mesdames messieurs les cadres et fonctionnaires du Ministère,

Je compte sur vous pour redynamiser ce Ministère. Beaucoup de compétences s’y trouvent et nous avons la certitude que vous ne marchanderez pas votre collaboration pour la pleine réussite de cette mission.

Déjà nous sommes en mesure d’annoncer quelques actions urgentes qui seront prises par le Ministère.

Le renforcement des centres hospitaliers et la réouverture des hôpitaux fermés afin de soulager la souffrance de la population
La poursuite et le renforcement du programme de vaccination pour couvrir rapidement les zones les plus frappées par la crise telles que Gonaïves et ses environs où la vaccination avait été interrompue pour des raisons de sécurité.
La sécurité du personnel et des malades dans les centres hospitaliers bénéficiera d’une grande attention en concertation avec d’autres Ministères.
De même le Ministère de la Santé s’efforcera de proposer une réponse appropriée aux problèmes des ordures entassées dans les différentes artères de la capitale et qui représentent une menace pour la santé de la population.

Mesdames Messieurs,

En cet instant décisif de notre vie de peuple, je lance un appel pressant à toutes les associations du secteur santé et à la société civile en général pour leur signifier que le Ministère est ouvert à toutes suggestions en vue d’atteindre notre objectif commun qui est de relever le niveau de notre système sanitaire dont aujourd’hui nous sommes loin d’être fiers. Mon Ministère privilégiera notamment les actions de terrain, car nos sœurs et frères ont besoin pour bien vivre d’un environnement sain.

Appelé donc à protéger la vie, le Ministère de la Santé que je dirige aura pour boussole l’amour et la concorde. N’est ce pas Mesdames Messieurs, dans l’amour que la vie est conçue. C’est donc avec et par amour qu’on pourra la protéger et la préserver. Entre les filles et fils d’une même Nation, je prône l’esprit de tolérance sans pour cela sombrer dans l’impunité. D’ailleurs un chef responsable doit exiger de son personnel la compétence et la discipline. Je veux d’ors et déjà rassurer tout un chacun qu’il n’y aura aucune chasse aux sorcières, par contre mon administration aura pour souci de mettre la bonne personne à la bonne place.

Aux amis et partenaires internationaux oeuvrant dans le secteur santé je tiens à les remercier pour leur appui constant surtout pendant cette période difficile que vit mon pays. Je veux continuer à compter sur leur soutien. Un remerciement spécial va à l’Organisation Panaméricaine de la Santé/Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS) qui m’a accueillie pendant ces douze dernières années et m’a permis d’acquérir une expérience supplémentaire que j’estime utile pour exercer cette nouvelle tâche.

Je ne saurais rester indifférente aux multiples actions humanitaires de la Croix Rouge Haïtienne, qui a su faire montre d’un haut niveau de professionnalisme et de neutralité à l’occasion de la crise. J’ai été personnellement touchée par l’initiative de quelques médecins, infirmières et personnel administratif de faire fonctionner quelques services de l’hôpital de l’université d’état d’Haïti afin d’accueillir les urgences de jour.

En acceptant ce poste de Ministre de la Santé dans une conjoncture si particulière, je ne minimise pas les risques, mais vivre c’est prendre des risques, et comment peut on avoir peur quand on a tous les atouts que je viens de citer et qu’on est sûr de pouvoir compter sur l’appui du Très Haut. Ainsi Mesdames Messieurs pour débuter ma mission, comme les chevaliers d’autre fois au départ d’une sainte croisade, je dis à mon équipe : en avant que Dieu nous soit en aide.

Pour finir, je remercie très sincèrement les parents et amis qui sont venus m’entourer de leur affection, je leur dis que je compte beaucoup sur leurs prières et leur soutien moral. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas les décevoir.

Je vous remercie.

lundi 24 novembre 2008

POPULATION ET ACCES AUX SERVICES DE SANTE

Conférence prononcée à l’occasion de la commémoration
du 28ème anniversaire de l’association de santé publique d’Haïti
ASPHA


Chez nous en Haïti, nous parlons souvent de surpopulation, d’explosion démographique autant de termes les uns plus alarmants que les autres. Cependant nous ne prenons pas le temps d’analyser le phénomène, d’identifier les causes et d’essayer de trouver des solutions.

Nous disons souvent avec 8 millions d’habitants pour 27 milles kilomètres carrés, Haïti ne peut prendre la route du progrès. C’est la bidonvilisation, la promiscuité, la misère et ses corollaires.

A toutes ces personnes nous répétons ce que nous disons chaque jour : le Taïwan, un pays économiquement fort a une population de 23 millions d’habitants pour 36 milles kilomètres carrés.

Le Canada, un pays peu peuplé est obligé d’importer des ressortissants d’autres pays.

Dans le concept moderne de développement, on parle de développement humain, pour signifier que l’homme doit être au centre de tout programme, projet ou politique de développement. L’homme est à la fois ressources et charges pour un État.

En Haïti, c’est une réalité, il n’y a pas une politique de population axée sur le développement. Dans le cadre d’une bonne politique de population le problème doit être vu sous une triple dimension : Spatiale, numérique et ressource humaine, qui implique la notion de qualité.

Depuis quelques années nous assistons à un exode rural vers les grandes villes et la capitale, créant ainsi une surpopulation urbaine, avec des bidonvilles un peu partout. Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs :

1. L’absence d’une politique de prise en charge par l’État de la population vivant en milieu rural, entraînant ainsi la non satisfaction des besoins même primaires de cette couche de population ( la santé, l’éducation, un travail, la nourriture, un logement décent)

2. L’absence des infrastructures en milieu rural (routes, électricité, terres cultivables, eau potable etc), ce phénomène porte les habitants au découragement. Aussi, ils vont ça et là à la recherche d’un certain bien être, qui est un phénomène naturel chez l’homme

Puisqu’il nous est demandé de parler de la population et l’accès aux services de santé, en plus de l’exode rural, nous ne pouvons passer sous silence la dispersion du reste de la population rurale qui constitue un obstacle à l’accès aux services de base plus particulièrement la santé et l’éducation ). Le nombre d’habitants n’est pas le plus important, nous avions déjà cité le cas de la République de Taïwan. Cependant, Il convient de mettre l’accent sur la taille de la famille. Les familles trop nombreuses au minimum 4 à 5 enfants constituent souvent un obstacle à l’épanouissement de leurs membres

Considéré sous l’angle du développement, l’homme ou la femme est une ressource à la condition qu’il ou elle soit bien formé. Aujourd’hui, faire face à la mondialisation exige une formation de qualité. En Haïti la qualité de l’enseignement, ajouté au taux élevé d’analphabétisme, constitue un obstacle à la création des opportunités.

En résumé le phénomène de population doit être considéré dans une approche multisectorielle, intéressant l’aménagement du territoire national, la planification de la taille de la famille et une formation de qualité. Autrement la population devient une charge pour l’État et non une ressource. Elle constitue un obstacle au développement du pays.

Le souci de l’accès universel aux services de santé remonte à Alma Ata en 1978, quand, tous les pays membres de l’OMS ont pris l’engagement sans précédent de faire accéder les peuples du monde entier aux soins de santé d’où le fameux objectif
« Santé pour tous en l’an 2000 ».

En référence à la carte de pauvreté d’Haïti, édition 2004 publiée en 2006, l’accès aux services de santé est l’un des indicateurs utilisés pour mesurer le niveau de pauvreté des populations des différentes communes.

À partir de Alma Ata la stratégie des Soins de Santé Primaires SSP fut adoptée par tous les pays membres de l’OMS

Nous rappelons pour nos lecteurs les 8 éléments des soins de santé primaire SSP

Une éducation sanitaire sur les problèmes de santé
La promotion d’une bonne nutrition
L’approvisionnement en eau potable et l’assainissement de base
La protection de la mère et de l’enfant y compris la planification familiale
La vaccination
La lutte contre les endémies
Le traitement des maladies et des traumatismes courants
La mise à la disposition de la population des médicaments essentiels


La structure de santé
En Haïti, également les autorités avaient opté pour la stratégie des Soins de Santé Primaires. De là avait vu le jour la régionalisation avec sa structure pyramidale ayant des agents de santé communautaires à la base et l’hôpital de l’université d’état au sommet, avec trois niveaux intermédiaires: les dispensaires et les centres de santé, les hôpitaux de district, les hôpitaux de régions.

Dans la mesure où nous définissons l’accès aux services de santé comme étant la disponibilité des dits services à moins d’une heure de marche, les agents de santé permettaient de desservir les populations dispersées. Avec 1,500 à 2,000 habitants recensés par agents de santé, la couverture oscillait entre 80 et 90%. Après quelques années, les résultats suivants étaient obtenus

• Réduction du taux de mortalité maternelle
• Réduction du taux de mortalité infantile
• Réduction de la mortalité infanto juvénile
• Augmentation de la couverture vaccinale entre 80 à 85% de la population des moins de cinq ans
• Éradication de la polio


Le Comportement de la mortalité infantile

Années Taux pour 1000 N.V.
1960 221
1975 208
1985 156
1990 110
1995 74
2000 80.3


Parlant d’accès aux services il est important de dire un mot des facteurs qui influencent l’accès aux services de santé

Le facteur géographique
Le facteur démographique
Le facteur économique
Le facteur culturel
Le facteur fonctionnel


Facteur géographique

L’éloignement des ménages par rapport à leurs institutions de santé de référence. Ce phénomène est plus important en zone rurale où nous constatons une population très dispersée, que seules des stratégies agressives et innovatrices peuvent atteindre.



Facteur démographique

La concentration de la population autour des grandes villes et de la capitale créée par l’exode rural incontrôlé, est un obstacle à la dispensation des soins de qualité. De même elle rend difficile toute planification rationnelle des besoins en services de santé de cette population, qui dans ces cas vont recourir aux charlatans et à l’automédication

Les facteur économique

Les soins de santé en Haïti sont financés à plus de 40% par les familles. L’enquête EMMUS IV en 2005 a montré que à 85 % les femmes enceintes ne bénéficiaient pas des soins de santé pour des raisons d’ordre économique

Les facteurs culturels sont surtout d’ordre religieux

L’influence du vodou qui attribue la maladie à un mauvais sort ou un péché
L’utilisation des services de planification familiale était découragée par l’Église catholique
D’une façon générale, les soins préventifs ne sont pas appréciés à leur juste valeur, malgré leur gratuité.

Facteur fonctionnel

Par facteur fonctionnel, nous voulons parler du degré de dysfonctionnement des institutions sanitaires publiques. Quand elles existent, il y a souvent manque de personnel, ou manque de personnel qualifié, manque d’équipement, de matériels ou de médicaments, parfois un personnel absentéisme, les grèves etc.


Modifications dans l’organisation du système de santé

A travers le temps, on a abandonné le des régions au profit des départements sanitaires, des huit éléments des SSP on est passé au paquet minimum de services PMS, de la pyramide sanitaire à 4 niveaux à une pyramide à 3 niveaux avec la mise en place des Unités Communales de Santé UCS, on a assisté à la disparition des agents de santé, pour parler de comités locaux formés de volontaires. Ceci parait un peu utopique, quand on pense que les besoins primaires de la population ne sont pas satisfaits, quel volontariat peut on attendre d’une population insatisfaite et sans recours comme celle d’Haïti..

De même la mise en place des 58 UCS avec un Hôpital Communautaire de Référence HCR par UCS comme institutions de référence, nous pouvons dire que le MSPP n’a pas les moyens de cette politique, quand on tient compte de l’état de dysfonctionnement de l’ensemble des institutions sanitaires publiques du pays.

La stratégie des UCS remonte aux années 94, quatorze années après, combien d’UCS sont aujourd’hui fonctionnelles?
Si vous me prouvez que 14 le sont, je vais conclure qu’il nous faudra des décennies pour compléter la stratégie. Pour être sérieux, il faut que l’on cesse de rêver pour approfondir la réflexion autour des UCS.

Pour finir nous prenons plaisir à formuler ces quelques recommandations aux décideurs et à tous ceux qui ont une responsabilité quelconque de faciliter l’accès de la population aux services de santé. Il faut :

Définir une vraie politique de population axée sur les 3 dimensions
Pour la dimension spatiale : envisager la relocalisation de la population, son regroupement. Il faut créer des attractions pour faire retourner la population dans les sections et dans les villes secondaires. Créer si possible des villages promoteurs du développement où les services de base sont disponibles (santé, éducation, travail).

Dimension numérique

Il faut éduquer les jeunes et les couples à planifier la taille de leur famille. Ceci demande la collaboration de plusieurs secteurs en particulier le secteur religieux. De plus rendre disponible en tout temps et en tout lieu les méthodes de Planification Familiale "PF" pour aider les jeunes couples à réduire la taille de leur famille.

Dimension ressource humaine

Il faut une réforme du secteur éducatif qui permettra de dispenser à la population une formation de qualité. Aujourd’hui il n’y a pas de place pour la médiocrité. Il faut également une politique éducative pour faciliter l’accès à l’éducation au plus grand nombre d’habitants.

La santé étant le moteur du processus de développement, l’accès aux services de santé est un élément important dans la croissance économique. L’état haïtien doit tout faire pour vaincre les différentes barrières à l’accès aux susdits services, il doit réviser sa politique de santé ou bien se doter des moyens.

Il faut multiplier les stratégies et essayer des stratégies les unes plus innovatrices que les autres afin de contourner les difficultés. A l’avenir, il convient par une utilisation rationnelle, d’optimiser les faibles ressources disponibles. De la sorte, nos 8 millions d’habitants ne seront plus une charge mais ils deviendront ressources et contribuerons valablement à la croissance économique de notre pays

jeudi 6 novembre 2008

Gonaïviennes, Gonaïviens crient au secours

Lettre adressée à Madame Michelle D. PIERRE LOUIS
Premier Ministre du Gouvernement de la République


Excellence,

J’ai l’honneur de vous présenter mes compliments pour votre accession à la tête du Gouvernement de la République. Aussi je félicite votre courage à un moment si difficile de la vie nationale, ou même la nature ne nous est pas favorable.

Le but de ma correspondance est de vous exprimer ma grande préoccupation concernant la situation qui prévaut aux Gonaïves. Quelques deux mois après le passage des cyclones Hanna et Ique, les gonaïviens font face à de sérieux problèmes : manque de nourriture en raison de l’insuffisance de l’aide alimentaire, qui de plus est détournée, selon les déclarations faites à la presse par les dirigeants mêmes, une prise en charge sanitaire inadéquate et des mesures d’assainissement insuffisantes dues à la pénurie de ressources et la mise en place de stratégies peut être peu adaptées à la situation.

Tenant compte de toutes mes expériences de la gestion des intempéries, je pense, qu’il peut être utile de formuler à l’endroit du Gouvernement que vous dirigez, ces quelques recommandations. Soyez persuadée Madame qu’il s’agit simplement du cri d’une haïtienne fatiguée d’entendre trop de choses négatives de son pays, c’est le cri d’une professionnelle désireuse de partager ses expériences avec les autres, enfin, c’est le cri d’une chrétienne qui ne veut pas rester indifférente à la souffrance des autres.


Excellence,

Dans ces circonstances : une situation très complexe avec de multitude priorités et des ressources très limitées. Il faut toujours identifier la priorité des priorités, qui doit consister dans le cas qui nous intéresse, en la protection des groupes vulnérables, si on veut prévenir d’autre catastrophe humanitaire, ce qui n’a pas été fait selon les informations diffusées.

Qui sont ces groupes vulnérables ?

Les données rapportées des Gonaïves par la protection civile, parlent d’épidémie d’accouchements après les cyclones; dans ce cas, il doit y avoir : un nombre élevé de nourrissons et de mères allaitantes, à ce groupe il convient d’ajouter les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de la grossesse, les enfants en âge préscolaire, les vieillards et les handicapés physiques.

Comment les protéger ?

Dans la situation que vit actuellement Gonaïves, les responsables n’ont pas le choix, il faut déplacer ces groupes, non pas vers d’autres centres d’hébergement, mais plutôt en essayant de leur trouver dans les villages avoisinants, des familles d’accueil pour une durée de deux ou trois mois, le temps de rendre l’environnement plus adéquat aux Gonaïves. Moyennant l’État, à partir de toute l’aide qu’on annonce par la voix des ondes, donnerait à chaque famille relogée, une allocation de nourriture et une subvention financière. De la sorte ces personnes qui n’ont pas les moyens de se battre pour obtenir une ration alimentaire au moment des distributions régulières, seront servies.

Pour votre information, certaines familles avaient tenté de se déplacer vers Gros Morne; mais arrivées là bas, elles se sont retrouvées sans aide, elles ont du rembourser chemin, juste pour pouvoir bénéficier d’une ration alimentaire.

Parallèlement, le nettoyage des écoles devrait faire l’objet d’une attention spéciale. Au lieu de dire que seules les femmes sont reçues au moment des distributions de nourriture et qu’elles vont par la suite, se faire enlever de force cette ration par des hommes affamés, on pourrait faire travailler les hommes et les femmes en bonne condition physique dans le nettoyage des écoles et leur payer 50% en nourriture et 50% en espèce. Tout le monde serait servi. Il y aurait moins de mécontents, moins de personnes affamées et moins de risque de détournement de l’aide alimentaire.

Les écoles une fois nettoyées, les enfants devront retourner à l’école. Encore à partir de l’aide annoncée, l’État devrait fournir à ceux dont les parents ont tout perdu et ne peuvent sortir leur tête de l’eau, au moins deux uniformes, une paire de chaussures et le matériel scolaire. A l’école, les dispositions doivent être prises pour nourrir les élèves soit deux repas par jour. Les professeurs devront établir des programmes spéciaux qui dispensent les enfants mal logés, de devoir de maison ou autres travaux similaires. Il serait louable que des buanderies soient installées dans certaines écoles pour faciliter les élèves qui en ont besoin. Installés confortablement dans les salles de classe les élèves pourront recevoir l’appui psychologique. Il en est de même des personnes relogées.

Ensuite, envisager suivant un zonage pré établi, une assistance aux habitants qui le nécessitent, pour le nettoyage de leur résidence, en priorisant les femmes chef de famille. Progressivement, qu’on nettoie les maisons, les travaux publics et les autres compagnies engagées dans le nettoyage, se chargeront de débarrasser les rues de la boue. Les autorités auront le soin d’informer la population de la stratégie en vue de rétablir la confiance. Enfin viendront les grands travaux de curage, de drainage, de protection des mornes. Etc.

Cette approche rationnelle devrait permettre de contourner certaines difficultés telles que : les menaces d’épidémie de malnutrition et de toutes les pathologies liées à un environnement insalubre comme la diarrhée, la typhoïde, les infections respiratoires aigues, la sarcoptose, la malaria pour ne citer que celles là.


Voilà en peu de mots, quelques recommandations autour de la situation des Gonaïves après le passage des deux cyclones. C’est ma modeste contribution. Je souhaite qu’elle puisse servir à améliorer le sort de mes compatriotes Gonaïviens.

Veuillez agréer Excellence, les sentiments de ma très haute considération



Dr Josette BIJOU M.D

Prier avec Marie, Mère de Dieu et Mère des hommes

Prier avec Marie, Mère de Dieu, Mère des hommes.

Conférence prononcé par la Secrétaire générale de la Fondation Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus en mai 2007


Pourquoi avions nous choisi ce thème?

Deux raisons justifient ce choix :
La première nous sommes au mois de mai, pour les catholiques le mois de mai c’est l’un des mois dédié à la Vierge c’est une façon pour nous d’honorer notre tendre Mère, de manifester notre foi catholique.

La deuxième raison, Sainte Thérèse notre patronne avait une grande dévotion à la Vierge. Pour nous qui avions choisi de vivre la spiritualité thérésienne il est indispensable de bien comprendre la mission de la Vierge auprès de nous, comme auprès de tout chrétien

Marie Mère de Dieu / Mère des hommes.

Marie est celle qui a dit oui à la volonté du Père, elle est celle qui a porté dans son sein l’homme Dieu, celle qui a donné naissance à Notre Sauveur Jésus Christ. Elle est Mère de Dieu.

Marie est celle que Notre Sauveur nous a donnée pour Mère au pied de la Croix avant de mourir. Elle est la Mère des hommes, Mère de l’humanité


Quel est le rôle d’une mère auprès de son enfant?

Quand l’enfant est petit la mère le protège contre tout danger….
Quand l’enfant devient adolescent, la mère s’écarte un peu mais continue à guider l’enfant, à l’assister dans les moments difficiles.
Quand l’enfant devient adulte, il peut quitter la maison paternelle. La mère reste toujours disponible pour l’aider, le conseiller et l’accueillir quand les choses ne marchent pas.

Voyons le rôle que Marie a joué auprès de Jésus

A la naissance de Jésus nous lisons dans l’Évangile de Luc chapitre 2, 7: elle enfanta son fils premier né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche parce qu’il manquait de place dans la salle. Nous voyons combien la Vierge a eu le soin de protéger son enfant nouveau né. Plus loin la Vierge va présenter Jésus comme tout premier né de sexe masculin Luc 2, 22 -23. Enfin, nous voyons la Vierge et Saint Joseph en train de quitter l’Égypte pour fuir la menace d’Hérode qui voulait mettre à mort l’enfant Matthieu chapitre 2, 13-23, tout cela dans le but de protéger son enfant.

A douze ans que va-t-il se passer à l’occasion de leur voyage habituel à Jérusalem pour la fête de Pâques, c’est au retour après une journée de marche que les parents de Jésus vont se rendre compte que Jésus n’était pas avec eux. Déjà l’attitude de Marie nous montre une certaine autonomie chez Jésus. Avec la Vierge il n’y a pas de surprotection. Nous gardons notre personnalité: Évangile de Luc chapitre 2, 41-50. C’est ainsi que va débuter la période de prédication de Jésus. Tout se passe très bien. Tout de même au premier miracle de Jésus nous allons retrouver la Vierge qui va intercéder aux noces de Cana Évangile de Jean chapitre 2, 1-12.

Mais lors de la passion du Christ sa mère va se retrouver debout au pied de la croix pour accompagner son fils jusqu’à recevoir son corps inerte après sa mort Évangile de Jean chapitre 19, 25-27.


Rôles de Marie auprès des hommes

Pour présenter le sujet nous avons pris en exemple le développement d’un enfant de sa naissance à l’age adulte peut être vous allez dire, nous ne sommes plus des enfants. Pour bien comprendre lisons l’Évangile de Jean chapitre 3, 3-12 l’entretien de Jésus et de Nicodème quand Jésus a dit à Nicodème : il faut naître de nouveau pour rentrer dans le Royaume de Dieu, Jésus parlait de la naissance à la vie spirituelle. Au moment de débuter notre cheminement spirituel nous sommes aussi fragile qu’un enfant, on a besoin de support. La présence de la Vierge Marie notre mère dans notre vie a toute son importance, elle va nous protéger contre toutes les tentations.

Comment la Vierge peut agir dans notre vie?

Les écritures nous montre que la Vierge au noce de Cana a non seulement présenté le problème des mariés à son fils elle a aussi instruit l’assemblée : faites tout ce qu’il vous dira. La Vierge est une médiatrice elle va intercéder pour nous auprès de Jésus, elle est une éducatrice elle va nous enseigner ce que nous devons faire pour arriver à la vie bienheureuse. La Vierge sera toujours debout à nos côtés, chaque fois que les circonstances l’exigent comme elle l’a été au pied de la croix avec Jésus.
N’ayons pas peur.


La dévotion à la Vierge

La dévotion au saint est facultative on peut avoir une dévotion à tel ou tel saint ou ne pas en avoir. La dévotion à la Vierge est obligatoire. Car refuser de recevoir la Vierge chez soi, c’est un mépris fait à un cadeau de Dieu, c’est Jésus qui nous a donné la Vierge pour mère. Elle est la mère de tous les croyants.
Marie est celle qui peut nous éduquer à la manière de Jésus, elle peut nous aider à devenir Jésus. En d’autres termes elle a pour rôle de nous conduire à la perfection. Jésus lui-même nous l’a dit soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait. De plus s’adressant à Nicodème Jésus lui a dit il faut naître de nouveau pour rentrer dans le Royaume. Comme Jésus qui est rentré dans le sein de Marie sous l’action de l’Esprit Saint, en adoptant Marie pour Mère, en priant Dieu avec Marie en faisant confiance au pouvoir d’intercession de Marie, l’Esprit Saint va permettre à Marie de nous enfanter à cette nouvelle vie et nous faire devenir Jésus. Car Marie la protégée du péché, l’Immaculée Conception ne peut enfanter que des êtres parfaits. Le secret dans tout cela c’est qu’en prenant Marie chez nous, en nous laissant enfanter par Marie nous aurons sous les yeux un modèle de Mère que nous pourrons imiter jusqu’à atteindre la perfection

Comment manifester notre dévotion à la Vierge?

Il ne suffit pas de parcourir pèlerinage en pèlerinage, de pendre un chapelet à notre cou ou bien d’avoir à longueur de journée un chapelet en main ou aux doigts pour nous donner bonne conscience. L’église nous a enseigné plusieurs façons de manifester notre dévotion à la Vierge Marie. Ce sont : ce que nous appelons les temps consacrés pour vénérer la tendre Mère :

Le mois de mai. Mois dédié à la Vierge,
Le mois d’octobre c’est le mois du rosaire
Les différentes apparitions de la Vierge sont au tant de date et d’occasion pour honorer notre mère.
D’autres dates sont consacrées à la Vierge 1er janvier la maternité divine de Marie,
2 février, 15 août, 8 septembre, 8 décembre, 12 décembre, le 27 juin, le 16 juillet. La liste est longue il convient de prier la Vierge.
Les premiers samedis du mois

Comment prier la Vierge?

L’église a mis plusieurs exercices de piété à notre disposition. Nous avons :

L’angélus une prière toute simple que nous pouvons réciter le matin au réveil à midi au son de la cloche et le soir à l’heure des Vêpres. On le récite debout ou à genoux. À cette prière on attribue (dix années d’indulgence chaque fois qu’on le récite et une indulgence plénière une fois le mois). Disons que pendant le temps pascal l’angélus est remplacé par le Regina caelis
Le magnificat c’est une prière de la Vierge qui loue la grandeur, la Bonté et la miséricorde de Dieu.
Le chapelet médité ou le rosaire. Parlant du Rosaire, le Pape Léon XIII nous dit entre les diverses formules en usage pour honorer Marie il en est qu’il faut préférer, puisque nous savons qu’elles sont particulièrement puissantes et agréables à notre Mère; et c’est pourquoi nous nous plaisons à nommer et à recommander tout spécialement le rosaire. Cette formule de prière unit les grands mystères de Jésus et de Marie, leurs joies, leurs douleurs, leurs triomphes et avec les mystères lumineux on pourrait ajouter leurs actions. Le rosaire comprend quatre chapelets dont chaque dizaines est consacrée à honorer un mystère de la vie de Jésus et de Marie Dans le passé, le rosaire avait cent cinquante Ave Maria on méditait les trois groupes de mystères : Joyeux, douloureux, glorieux. Depuis le début du millénaire le Pape Jean Paul II a ajouté les mystères lumineux qui traitent de la vie publique de Jésus. Ce sont :
1. le baptême de Jésus,
2. le miracle de Cana,
3. la prédication de Jésus,
4. la transfiguration de Jésus,
5. l’Eucharistie

les premiers samedis du mois : nous voulons rappeler la grande promesse de la Vierge rapportée par l’une des voyantes de Fatima : « je promets d’aider à l’heure de la mort, avec les grâces nécessaires au salut, quiconque, le premier samedi de cinq mois consécutifs :
Se confessera et recevra la sainte communion,
Récitera cinq dizaines du rosaire,
Et me tiendra compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du rosaire, avec l’intention de me faire réparation ».

Ensuite citons pour mémoire les autres types de chapelet : le chapelet des sept douleurs, qui symbolise l’ensemble des épisodes douloureux de la vie de Jésus et de Marie. Ce chapelet se dit en récitant sept septaines composées d’un pater et sept Ave Maria et en méditant sept des principales douleurs de la Vierge. Dont
1. la prophétie de Siméon,
2. la fuite en Égypte,
3. la perte de l’Enfant Jésus,
4. la rencontre de Jésus
5. le crucifiement de Jésus,
6. la descente de croix,
7. la sépulture de Jésus.

Les douleurs de la Vierge Marie étaient bien plus nombreuses. Pourquoi a-t-on adopté le chiffre sept? Ce chiffre symbolise l’universalité, par conséquent il représente l’ensemble des douleurs de la Vierge Marie.

Plus récemment avec les dernières apparitions a vu le jour le chapelet medjugorien que l’on récite : en méditant sept fois un Pater, un ave Maria et un Credo.

Quels sont les fruits que nous obtenons en priant le rosaire ?

Les mystères joyeux : L’humilité, l’amour du prochain, le détachement des biens terrestres, l’obéissance, la recherche de Jésus
Les mystères douloureux : La contrition, la mortification des sens, la mortification de l’esprit et du cœur, la patience, l’amour de Dieu et des âmes
Les mystères glorieux : La foi, l’espérance et le désir du ciel, la charité et le zèle pour les âmes, la bonne mort et la dévotion à la Vierge, la persévérance finale et la dévotion à Marie


Les objections à la Dévotion mariale

Nos frères séparés particulièrement les protestants présentent plusieurs objections à la dévotion mariale. Selon eux :

Marie n’est pas la Mère de Dieu, elle est une femme comme les autres, d’ailleurs, elle a eu d’autres enfants selon eux. Pourtant Elizabeth l’a dit au moment de la visitation : « La Mère de mon Seigneur ». De plus le mot frère utilisé dans la Bible traduit aussi les cousins. On n’a jamais lu dans la bible le fils ou la fille de Marie Mère de Jésus.

On ne loue que Dieu, prier Marie c’est enlever du temps à Dieu, Dieu va être jaloux. C’est là une mentalité d’homme. Dans Dieu il n’y a pas de jalousie. Marie est l’expression de l’amour de Dieu, quand on l’aime Dieu est content. Marie n’a qu’un désir que nous fassions la volonté de Dieu comme elle. Dieu a été le premier à honorer Marie en la choisissant pour être la mère de son Fils.

Ces objections à la dévotion mariale loin de nous intimider doivent nous pousser à approfondir nos connaissances de Notre Mère.

Qui est Marie ?

Marie est Vierge, elle est Femme, elle est Mère. Ce sont ces trois qualificatifs que nous répétons dans le « Je vous salue »

Vierge, Marie est pleine de grâce, elle est la seule Vierge qui a su faire de Dieu son absolu. Marie dans notre vie nous rappelle la priorité que nous devons donner à Dieu, elle nous dit que nous devons être toujours à l’écoute du Père et nous montrer obéissant. Avec Marie dans nos vies c’est vivre l’amour absolu.

Marie Femme, dans notre vie comme au calvaire, elle sera debout à nos cotés dans toutes nos entreprises, elle va nous aider à surmonter les difficultés. Elle agira avec nous; elle ne fera pas à notre place, mais elle agira en synergie avec nous, comme aux noces de Cana « faites tous ce qu’il vous dira ».

Marie Mère, elle est là pour nous protéger, nous éduquer, nous guider, elle nous aide à grandir. Elle se sert de son autorité pour nous aider selon notre vocation. La vraie dévotion à Marie c’est de la choisir pour Mère et s’abandonner à elle pour nous aider à devenir Jésus. C’est de nous tourner vers elle dans nos difficultés; c’est la consulter toujours avant d’agir.


Comment elle agit?

Elle nous enfante à une nouvelle vie, elle nous transforme pour nous faire devenir Jésus, elle nous laisse dans notre liberté. Elle est une médiatrice, elle voit nos misères, elle présente nos problèmes à Jésus, elle est une éducatrice elle nous instruit, que nous devons faire la volonté de Dieu, afin de pouvoir bénéficier des grâces nécessaires, elle n’est pas une téléphoniste comme dit notre petite chanson. « telefòn nan sonnen »


Ce qu’elle ne peut pas faire.

Elle ne peut rien faire de mal, elle ne peut pas haïr, chez elle c’est l’amour à la perfection. Elle ne peut pas jalouser. Elle ne peut pas pécher.


Ce qu’elle peut faire.

Elle agit toujours avec humilité, elle est une femme de foi, une femme forte, courageuse, elle peut nous aider à vaincre notre peur, nos difficultés, notre orgueil tout ce qui peut tuer notre âme

Nous chrétiens catholique, nous devons être capable d’afficher notre amour pour Marie et dire haut et fort qu’elle est Notre Mère. Cette mère que Jésus notre Sauveur, nous a donné au pied de la croix.

Il faut prier le rosaire. Dans le rosaire Marie fait passer dans notre cœur en goutte à goutte tous les secrets de la vie de Jésus. Le rosaire est un élan d’amour. Chaque Ave Maria est une semence d’amour que l’on met en terre. Le rosaire autre fois était appelé la prière des pauvres et des analphabets. Marie la femme humble est contente de nous voir nous comporter en pauvres car Jésus l’a dit dans l’Évangile de Luc chapitre 6, 20 heureux les pauvres le Royaume des cieux est à eux.

Par notre dévotion à la Vierge nous allons pouvoir lutter contre plusieurs maux qui détruisent notre vie : l’orgueil, la jalousie, la peur, l’égoïsme, la haine, pour faire place à l’humilité, l’obéissance, la piété, la force, l’esprit de service, le pardon, en un mot l’amour de Dieu et l’amour des prochains,


Difficultés à la dévotion mariale

Vous pouvez me dire si je fais tout cela et que je vois que je n’arrive pas à développer une quelconque dévotion à la Vierge.

Là je vous dis : vous n’avez pas à vous tracasser, mais, il faut vous mettre à l’écoute, n’oubliez pas, au noces de Cana Marie avait donné les instructions « Faites tout ce qu’il vous dira » mais, il a fallu que les personnes remplissent les jarres pour que l’eau soit transformée en vin. Le rôle de Marie c’est de nous éduquer, en vue de conduire à Jésus. (Pensez à un témoignage de vie avec la Vierge, une histoire personnelle)

La Vierge peut agir en nous par des chemins tortueux, nous devons être attentifs. On peut ne pas pouvoir dès le début prier le rosaire chaque jour, mais réciter un je vous salue. C’est une action qui va nous rapprocher de notre Mère, cela fera beaucoup de plaisir à Dieu et à la Vierge Marie.

À présent, rentrons en nous-mêmes et prenons la décision de vivre en compagnie de notre tendre Mère et de nous laisser guider par elle. Elle peut nous transformer et nous faire devenir Jésus en laissant tout le malin qui nous habite : l’orgueil, l’égoïsme, la jalousie, la peur et la haine,

Merci