mercredi 24 décembre 2008

Etat des lieux du Ministère de la Santé Publique au lendemain du 29 février 2004

Mise au point sur la situation du Ministère de la Santé Publique en mars 2004

Pour tous ceux là qui semblent vouloir oublier la situation dans laquelle se trouvait le pays au lendemain du 29 février 2004, nous prenons plaisir à leur présenter cet état des lieux établi après l'investiture du Gouvernement de transition. En dépit de ce tableau si sombre je m'estime heureuse d'avoir trouvé un bureau central fonctionnel, une partie du personnel en place et un minimum de mobilier, contrairement à d'autres Ministères qui avaient été vandalisés.

Cet état des lieux doit permettre à tous ceux qui auront la chance ou qui prendront le temps de lire les réalisations des cent premiers jours, de saisir la portée des efforts consentis par l'équipe du Ministère qui vraiment voulait voir les choses changées et qui aujourd'hui sont bien déçus. D'ailleurs certains ont déjà laissé le pays.

Cadre général de la situation du secteur santé au lendemain du 29 février 2004

La crise sociopolitique qui a secoué le pays n’a pas été sans effet sur le secteur Santé. Les conséquences sont même désastreuses. Voilà un aperçu de la situation à l’arrivée du Gouvernement de transition au mois de mars 2004:

- Suite à la désertion du personnel médical et paramédical pour raison d’insécurité, on a constaté une réduction de l’offre de service allant jusqu’à la discontinuité du service d’urgence minimum dans certaines institutions; La démission ou le départ volontaire de plusieurs cadres du Ministère :

· Le directeur général a démissionné de son poste depuis plus de quatre mois,

· cinq directeurs centraux sur neuf étaient en instance de départ et sont partis quelques jours après (DPCE, DDRH, DOSS, DPDH, DSF),

· deux directions départementales sont sans directeurs (Artibonie, Nord Ouest)

· deux hôpitaux départementaux fonctionnent sans directeur médical (Sud et Nord Ouest),

· l’hôpital de l’université d’état d’Haïti (HUEH) le plus grand centre hospitalier du pays, sans directeur médical, privé d’électricité et d’eau ne reçoit que certaines urgences de jour ; ceci grâce à l’initiative de trois médecins de service et d’un groupe d’infirmières et d’auxiliaires,

· La maternité Isaïe Jeanty et CHOSCAL dans l’aire de Cité Soleil sont fermées depuis plusieurs mois,

· La plupart des HCR et hôpitaux secondaires sont dépourvus de directeur médical,

- L’arrêt dans certaines zones des programmes prioritaires particulièrement: la Vaccination avec tous les risques de réapparition de certaines maladies éradiquées ou en voie d’éradication (polio, rougeole, diphtérie)
- Les difficultés d’approvisionnement des institutions en médicaments et intrants ;
- La disparition d’une partie de la flotte des véhicules y compris des ambulances ; à titre d’exemple sur quatre véhicules portant la plaque d’immatriculation officielle seulement un en mauvais état est retrouvé, les trois autres ont disparu.

- Le retard de paiement de salaire 4 à 6 mois pour le personnel a gage ;

- Situation qui s’est greffée sur des problèmes antérieurs tels : l’état de délabrement des structures physiques logeant les institutions sanitaires, le manque de matériel et d’équipement, l’absence d’une allocation de fonctionnement sur l’ensemble des Départements Sanitaires (Octobre 2003 à date), le manque d’électricité même au bureau central, la démotivation du Personnel .


Évaluation du secteur

L’évaluation approfondie de la situation pour le secteur santé s’est réalisée en deux étapes et sur deux fronts :

o Le bilan des dégâts matériels causés par la crise politique
o Le bilan de la situation administrative et financière


1. bilan des dégâts matériels dus à la crise

Le premier réalisé en collaboration avec les différents partenaires a fait l’objet d’une publication officielle sous le titre « Évaluation rapide de l’impact de la crise sociopolitique sur le secteur santé en Haïti, décembre 2003- mars 2004 » il nous sert de cadre de référence pour l’élaboration du plan intérimaire de réhabilitation du secteur.

Cette évaluation serait incomplète si on n’évoque pas le désordre organisationnel qui a causé la désagrégation des systèmes avec ses conséquences. D’où l’importance du bilan administratif et financier qui nous a conduit aux résultats suivants


2. Bilan administratif et financier


2.1 Cadre Légal.-

Le MSPP fonctionne sous l’égide d’une loi organique qui date de 1983. D’autres furent élaborés, sans jamais être votés toutes les structures en place sont illégales.


2.2 Cadre institutionnel.-

Mises à part les causes diverses qui ont entravé la promulgation d’une nouvelle loi, les décideurs auraient pu mettre en place une structure reflétant les exigences d’une mission liée à une politique bien déterminée.

On a préféré diriger dans un cadre flou, comme nous le répétons souvent. Et la figure ébauchée après un diagnostic préliminaire de la situation organisationnelle de la Direction Administrative et Financière tend à faire croire que le choix était délibéré. En effet, les dirigeants d’alors ne pouvaient ignorer que la concentration du flux d’autorité au sommet stratégique et la prédominance des circuits informels créeraient inévitablement des situations confuses dans l’exercice des fonctions, et affaibliraient surtout le flux des décisions de contrôle.

A ce compte, la configuration réelle de la DAF diagnostiquée par les spécialistes de mon Cabinet Particulier est assez convaincante. Création de quatre (4) postes d’assistant DAF, dont les fonctions spécifiques qui leur étaient attribuées le plus souvent les élevaient plutôt au rang de Chargés de Mission au Bureau du Ministre.

Multiplication des sections (10), pour accorder des augmentations de salaires à certains supporters ou amis; ce bénéfice étant lié uniquement à l’attribution d’un titre fonctionnel, indépendamment de la répartition des responsabilités.


2.3 Cadre Opérationnel

Cette situation on le comprend bien, a eu un impact direct sur les centres opérationnels, donc sur la prestation des services. Quand l’environnement interne et/ou externe exerce de fortes pressions sur une institution jusqu’à annihiler les normes et les procédures, la gestion rationnelle s’efface progressivement pour faire place à la pagaille.


2.4 Conséquences/Constats

Ceci explique aussi l’embrouillage des démarches entreprises pour réaliser l’inventaire des ressources.


Matériel et Équipement.-

Matériel de transport.-

La mémoire et les notes personnelles de quelques cadres ont joué un rôle prépondérant dans la tentative de reconstituer le registre des biens.

Les problèmes les plus épineux concernent le matériel de transport. Véhicules disparus ou volés (26) ; véhicules encore au service d’anciens fonctionnaires du Ministère et d’un ex-parlementaire ; véhicules immobilisés depuis trois (3) à quatre (4) ans chez des employés, ou garés dans différentes annexes du Ministère, pour des problèmes mineurs ; véhicules cannibalisés ; tels sont les termes régulièrement utilisés pour introduire le prétendu parc de véhicules.

Et en guise de conclusion, on ajoute que presque tous les véhicules en circulation ne sont pas en règle du point de vue légal : assurances périmées ; interversion des plaques d’immatriculation.


Matériel de bureau et matériel informatique.-

L’évaluation des biens appartenant à ces deux catégories n’a pas agité autant de discussions, bien qu’on eût constaté que l’assistance pour bien conduire cette activité était défaillante à tous les niveaux. Il convient de signaler en particulier l’inexistence de registres manuels ou informatisés se rapportant à l’histoire administrative de chacun de ces matériels.


2. 5 Ressources Humaines.-

Les ressources humaines du MSPP se divisent en trois (3) catégories :

- Le personnel régulier composé d’agents qui émargent au budget de la République ;
- Le personnel contractuel regroupant ceux qui travaillent sur la base d’un accord signé avec le MSPP ;
- Le personnel à gage, qui ne dispose ni de lettre de nomination ni de contrat.

Les décideurs et les responsables des centres hospitaliers ne sont jamais parvenus à gérer cette catégorie de personnel qui, l’expérience l’a bien démontré, représentent une gangrène au double point de vue politique et financière.

Dans le cadre du dysfonctionnement des systèmes planifié par les anciens dirigeants, l’évolution en nombre des employés à gage a été exploitée pour en faire des groupes de pression. Actuellement, l’HUEH en compte 608.

Comment une institution hospitalière de cette importance peut-elle atteindre sa mission quand ses disponibilités financières doivent servir d’abord à la rémunération des personnels à gage, il s’agit ici de l’affectation mensuelle de quatre cent milles (400,000) gourdes provenant des recettes internes de l’hôpital au paiement du personnel à gage. Ce personnel est souvent utilisé selon les déclarations de certains cadres pour prévenir ou réprimer les agitations souvent télécommandées se traduisant par les grèves injustifiées ?


2.6 Ressources Financières.-

La gestion financière n’échappe pas à la systématisation de l’arbitraire relatée au début de ce rapport.

Ce chapitre est donc consacré à l’évaluation des dettes du Ministère, et un aperçu de l’utilisation du fonds de roulement qui, tous deux dégagent de sérieux arguments à l’appui de l’assertion ci-dessus.


TABLEAU RECAPITULATIF DES DETTES

Achat de médicaments/HUEH (1) Gdes. 9,501.369.00
Obligations Bureau Central

Loyer local SEP 1,142,400.00
Divers 1.106,874.60 2,249,274.60

Coopération Cubaine (2)

Intendance 1,656.146.00
Loyer 7,200,000.00
Divers 251,270.00 9.107.416.00

Arriérés de salaires et de bonis (personnel à gage) (3)

HUEH (fév-mai 04) 6,502,154.50
Sanatorium de Port-au-Prince
(nov. 03-mai 04, boni) 762,861.34
Hôpital Justinien
(fév.- mai 04 + boni 02-03) 504,110.20
Asile Communal
(oct. 03 – mai 04 + boni 02-03) 339,203.10
Choscal – Cité Soleil 662,091.40 7,946.483.29

TOTAL Gdes 28,804,190.89


Note 1.-

A partir du mois de mars 2004, quelques fournisseurs se sont empressés de présenter leurs bordereaux avec l’espoir de recouvrer leur dû.

Les agences de produits pharmaceutiques ont produit des réclamations totalisant Neuf Million Cinq Cent Un Mille Trois Cent Soixante Neuf et 00/00 Gourdes (Gdes.9,501,369.00).

Les failles relevées dans les transactions illustrent bien la désagrégation des systèmes. (Réf. Rapport de l’Administrateur de l’HUEH daté du 16 juin 2004).


Note 2.-

Dans le cadre de la coopération Cubaine, le Ministère de l’Economie et des Finances avait décaissé Dix Huit Millions de Gourdes (Gdes.18,000,000.00) au bénéfice du MSPP. Cependant, ce montant a été utilisé pour couvrir les dépenses d’un plan du gouvernement intitulé Plan Sectoriel. Concept adopté après les premiers cent jours du gouvernement déchu, pour financer des activités gouvernementales et couvrir certaines dépenses du bureau central :

- Aménagement orthopédie HUEH Gdes. 8,191,359.00
- Service des brûlés HUEH 1,546,526.25
- Maternité HUEH 7,300.00
- Pharmacie HUEH 1,400.00
- Hôpital de Petit-Goâve 688,694.50
- Réaménagement Hôpital Eliazar Germain 700,000.00
- Hôpital Delmas 33 862,412.87
- Clôture Delmas 33 1,661,150.00
- Publication avis Projet MSPP/BID 63,308.00
- Dépenses diverses du Bureau Central 1,345,019.00
- Paiements employés à gage/Direction Sanitaire Nord 168,106.00
- Paiement frais des Résidents 1,280,389.75

TOTAL Gdes. 16,515,666.67


Quelques remarques importantes

Cette désaffectation de 91.7% des fonds alloués à la coopération cubaine constitue une sérieuse contrainte pour prendre en charge les professionnels cubains actuellement en Haïti et payer les dettes ci-dessus mentionnées.

De même, il n’a pas été possible de justifier de façon rationnelle les avances dites de fonds de roulement de l’ordre de deux cent mille (200,000) gourdes qui alimentaient les petites caisses, car aucune gestion transparente n’était exigée de la part des responsables financiers aux gestionnaires de ces fonds.

Signalons les dettes sur les avances à justifier faites par les Agences de coopération des Nations Unies : l’OPS/OMS, l’UNICEF. Des démarches auprès de ces Agences ont abouti à l’annulation pour l’OPS/OMS. Pour l’UNICEF le paiement reste obligatoire pour la relance de la coopération directe avec le Ministère, soit plus de cinq millions de gourdes (5,000,000.00) à rembourser à l’Agence.

L’audit sollicité de la Cour supérieure des comptes à notre arrivée, n’a pas été réalisé en raison de la non disponibilité des informations requises. (Réf. lettre de la Cour supérieurs des comptes au Ministre de la santé exprimant les difficultés rencontrées pour la conduite des opérations).


Conclusion

Voilà en quelques lignes un résumé succinct de l’état de la situation administrative et financière du Ministère de la Santé Publique et de la Population en mars 2004 au moment de l’investiture du Gouvernement de transition. Ces données viennent en complément à la publication sur les dégâts matériels dus à la crise sociopolitique.

samedi 20 décembre 2008

Ma vie spirituelle

Ma grande dévotion à la Vierge

Catholique de naissance et pratiquant de cette religion, je croyais en Dieu, je croyais que la Vierge est mère de Dieu. Cependant je n’avais aucune dévotion au chapelet. C’est au cours de ma mission aux Cayes, qu’un soir, j’ai vu en songe, qu’on m’a offert un chapelet, le lendemain comme par hasard je suis allée à l’hôpital des Cayes pour une visite de travail, j’ai rencontré sœur Anite Phanor en train de faire son chapelet, immédiatement le songe m’est venu à la mémoire et j’ai dit à sœur Anite : « cette nuit j’ai vu en songe qu’on m’a donné un chapelet ». Elle s’est déplacée vers sa communauté et m’a ramené un chapelet. Ce fut mon premier chapelet depuis l’âge adulte. Ce chapelet je l’ai toujours conservé précieusement dans mon sac à main. Mais je ne récitais pas vraiment le chapelet. Je me questionnais sur l’utilité de la répétition d’une même prière à la Vierge comme plusieurs chrétiens catholique d’ailleurs.

Une deuxième occasion, j’étais malade et toujours sœur Anite de me dire : « je prie pour toi » et elle m’a remis un scapulaire vert de l’Immaculée qu’elle m’a conseillé de porter sur moi. Là encore je l’ai pris mais je ne l’ai pas porté. Je le répète : « je croyais en Dieu, je priais Dieu, je priais la Vierge, d’ailleurs ma paroisse était dédiée à Notre Dame de l’Assomption. Mais je n’avais pas une réelle dévotion à la Vierge ».

A six ans, mon fils venait de rentrer chez les frères, il était au deuxième mois de l’année scolaire, quand un soir assis sur mes genoux, il m’a dit : « manman, je vois que tu as deux têtes ». Ma sœur qui était à côté de moi lui dit : « combien de tête que j’ai? » il a répondu : « deux » je lui ai montré mes mains il m’a dit qu’il voit dix doigts dans chaque main. Alors j’ai pensé tout de suite à un problème à la rétine. C’était l’époque où le Docteur Jean Claude Cadet et sœur Evelyne tremblay avaient commencé à lancer l’Institut Brenda Strafford aux Cayes. Le lendemain c’était un jour de clinique, j’ai amené mon fils en consultation. De fait les deux médecins présents Dr Jean Claude Cadet et Clausel Midy ont pensé à une rétinite à toxoplasmose. Il faut confirmer le diagnostic. Le lendemain, je rentre à Port au Prince et le diagnostic a été confirmé par la section laboratoire de Radiolab.

L’enfant fut mis sous traitement le même jour. C’est à ce moment la que je me suis rendue compte qu’il avait perdu la vue à l’œil… et qu’il ne voyait que d’un œil. De là va commencer ma dévotion à la Vierge. J’ai mis sur mon fils le scapulaire que sœur Anite m’avait offert et je lui ai enseigné la prière qui y est inscrite « Cœur Immaculée de Marie priez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort amen ». Je lui ai expliqué que c’est la maman de Jésus qu’il ne faut pas jouer avec, ni la montrer aux autres enfants. Et qu’il devait réciter dans son cœur cette prière chaque fois qu’on a fini de prier dans la classe. Et moi de mon côté je priais beaucoup la Vierge sans pour cela réciter des rosaires. J’utilisais mes propres propos.

Chaque samedi c’était une grande épreuve, il était sous cortisone et il fallait lui faire un test pour contrôler ses plaquettes et être sur qu’on pouvait poursuivre sans danger le traitement. Plusieurs amis me conseillaient de voyager avec lui. Pour voyager il faut de l’argent. À l’époque un professionnel de santé publique gagnait peu et disposait du strict essentiel pour vivre. De plus je construisais ma maison aux Cayes qui bouffait toutes mes faibles économies. Le traitement devait durer six semaines, et il recevait quatre médicaments dont deux étaient de fabrication locale du laboratoire 4C. Tout s’est bien passé, bonne tolérance du traitement. De son côté le malade accusait un comportement d’adulte en surveillant les recommandations du médecin. À moi, un jour, il m’a dit : « il faut demander au Dr jean Pierre mon médecin, si je peux boire beaucoup de lait, parce qu’il avait dit du liquide, car, toi tu n’es pas médecin pour enfant ».

Le 8 décembre fête de l’Immaculée c’était le dernier jour du traitement et on avait rendez vous chez le médecin. Le matin nous avons été à la messe et j’ai fait cette demande à la Vierge : « Immaculée aujourd’hui c’est ta fête me voici devant toi avec mon fils qui est ton fils je te demande une chose, je vais chez le médecin c’est le dernier jour du traitement fait que j’obtienne un résultat qui puisse me réjouir ». Après la classe comme chaque mercredi nous allons à la clinique pour le contrôle. Arrivé chez le médecin mon fils lui dit : « fais moi lire d’abord ». La vision était à 20 / 50 dans l’œil malade. Et après le contrôle du fond d’œil, le médecin me dit que la lésion est guérie, il ne reste qu’une cicatrice. C’était l’exeat comme souhaité. À la sortie de la clinique, mon fils m’a dit : « le docteur pense que c’est lui qui m’a guéri, c’est Immaculée qui m’a guéri pas vrai » je lui ai répondu oui. Notre dévotion à la Vierge ne fait que grandir.

Deux mois après exeat on a été pour le contrôle, la vision est passée à 20/25 sans traitement. La guérison était confirmée. Chaque six mois, je devais contrôler pour prévenir une rechute. Plus tard les deux médecins traitant ont clairement dit que ce cas aurait du être publié dans la littérature médicale pour l’un et la littérature biblique pour l’autre car une telle lésion si proche de la macula, il aurait fallu d’une poussée d’une semaine, pour que la macula soit atteinte; toute atteinte de la macula est la perte définitive de la vision. C’est un cas qui étonne tout médecin qui examine cet oeil. Au fil des années les visites de contrôle n’ont fait que confirmer la guérison.

Nous avions laissé les Cayes après le cours primaire. Mon fils devait continuer ses études chez les frères de l’Instruction Chrétienne à Port au Prince. Après six années, aux examens de l’école pour l’admission en Philo, il n’a pas réalisé la moyenne exigée par les frères. Il était contraint de changer d’établissement pour la classe de Philo. Ce fut pour moi un choc, car c’était son premier échec scolaire. Une amie professeur à Saint Louis de Gonzague et au Collège Bird, a pris l’initiative de l’inscrire pour moi au Collège Bird, une école protestante pour la Philo. En apprenant la nouvelle, une autre amie m’a dit : « tu envoies ton fils dans une école protestante s’il devient protestant ». Moi très affligée et très fâchée contre les frères pour la façon qu’ils ont agit. Ils m’ont même refusé un certificat que mon fils a passé les douze années d’études chez eux sans reprise, j’ai répondu à mon amie : « depuis l’âge de deux ans j’ai eu le soin de le mettre dans une école catholique si en une année il arrive à perdre les quinze années d’enseignement catholique, alors moi je saurai que je ne suis pas sur la bonne route je le suivrai.

Pendant l’année mon fils fréquenta l’église catholique de sa paroisse comme à l’ordinaire. Arrive le temps de la graduation, au collège Bird, on a organisé une cérémonie religieuse, mais la Vierge n’avait pas la place qu’elle méritait après de si grands bienfaits, comme il aurait été à Saint Louis de Gonzague. Compte tenu de notre dévotion à la Vierge, après la graduation, j’ai été voir mon curé pour lui expliquer toute l’histoire et lui recommander une messe d’action de grâce à l’intention de la Vierge Immaculée. Mon fils a passé les treize années scolaires sans rechute de sa rétinite, sans reprise scolaire, c’était extraordinaire je l’ai déjà dit. La messe devrait être célébrée le 16 juillet, deux dimanches avant, le prêtre en chair a annoncé une réunion du comité des mamans pour vendredi tout en précisant qu’il y a d’autres mamans qui allaient venir. J’ai entendu une voix qui me dit : c’est à toi que le prêtre s’adresse.

Le jour de la réunion je me suis présentée et j’ai été très bien accueillie. Pour moi c’était mon deuxième appel à la conversion. Cette fois c’est pour de bon. De là va débuter mon cheminement spirituel avec une soif ardente de la parole de Dieu, un engouement, pour le service de l’Église. Puisque jusqu’ici j’étais surtout au service de mes prochains à travers mes activités professionnelles et sur le plan matériel. Je n’oublierai jamais ce 16 juillet, quand pour la première fois, je vais prendre la parole à l’Église pour commenter la messe. Depuis lors j’ai mis tout moi-même au service de Dieu et dans l’approfondissement de mes connaissances spirituelles et bibliques.

Je peux dire que pour celui qui croit en Dieu tout est grâce. Dieu a utilisé la maladie et l’échec scolaire de mon fils pour me rapprocher de lui. De même cet évènement m’a permis de mieux comprendre le rôle de la Vierge Marie dans l’Église qui est de ramener les âmes à son fils Jésus. Mon groupe le comité des mamans va adopter pour patronne la Vierge Marie la Mère par excellence. Ainsi a commencé pour moi la grande dévotion à la Vierge incluant la pratique du rosaire.

Ma Mission dans la Sud de 1978 à 1988

Dix années de Défis, d'Angoisse, de Sacrifices, de Succès et de Déception

Ma promotion dans le Sud que je considère comme un satisfecit à ma mission à Jacmel, constituait un nouveau défi pour ma vie professionnelle. Il est vrai qu’il existait un plan national de santé et des manuels de planification des activités des différentes catégories d’institutions, mais l’organisation des bureaux de région et de district restait encore floue. En partant pour les Cayes à l’occasion d’une rencontre avec le responsable de la régionalisation, je lui ai demandé ce que le bureau central attendait de moi, il m’a répondu : nous comptons sur votre compétence et vos expériences pour la mise en place de la région. Signalons que la région Nord était lancée depuis déjà deux années, et tout le monde en parlait. Le premier défi consistait à inverser la situation, mettre le Sud à l’avant-garde du progrès.

À l’époque l’OPS/OMS assistait les bureaux régionaux avec deux consultants à temps plein un médecin et une infirmière spécialistes en santé publique avec expérience en régionalisation. Mais disons que moi j’avais obtenu ma maîtrise dans un pays où le secteur santé était régionalisé.

Jusqu’ici, je rêvais de poursuivre mes études en épidémiologie avancée pour devenir épidémiologue et professeur d’épidémiologie. À partir de ce nouveau poste administratif, je me suis fixée définitivement dans l’administration et par des sessions de courte durée je vais de préférence approfondir mes connaissances en gestion financière, technique de supervision, gestion de programme spécifiques de santé publique et technique de planification budgétaire et gestion de désastres. Durant dix longues années j’ai œuvrée pour le bien être de la population des deux départements.

Quelques mois après mon arrivée aux Cayes, à l’occasion de mon anniversaire, le personnel fit célébrer une messe d’action de grâce à la chapelle de l’hôpital dédiée à l’Immaculée Conception, au moment de la consécration je me suis sentie transportée et j’ai ressentie l’invitation à recevoir le corps du Christ. Rien ne pouvait me retenir ce jour là. Je me suis présentée à la sainte table et j’ai renoué avec mon Sauveur l’alliance rompue depuis plusieurs années. Ce fut la fin de mes souffrances sur le plan spirituel, un nouveau pas a été franchi dans mes relations avec Dieu. Pendant les dix années passées aux Cayes j’ai développé de grandes amitiés avec plusieurs prêtres surtout les oblats qui étaient très actifs dans le développement et la santé. L’un de mes amis prêtres va devenir par la suite, mon conseiller spirituel.

Je poursuis ma route avec la même foi, le même engagement à l’endroit des pauvres et des plus faibles. Les jours n’étaient pas toujours roses, contrairement aux années antérieures. Il m’arrivait des fois à manquer l’essentiel. Mais rien ne pouvait atténuer chez moi l’esprit d’intégrité et d’honnêteté ainsi que mon niveau d’engagement envers la population. Entre temps, quatre années se sont écoulées, mon fils a eu six ans et rentra à la grande école chez les frères de l’Instruction Chrétienne aux Cayes. Frappé d’une rétinite à toxoplasmose sa maladie va renforcer mes liens avec Dieu, puisque à l’occasion je vais le consacrer à la Vierge.

Dans le Sud il n’y avait que le district des Cayes a disposé d’une certaine organisation qui méritait d’être renforcée. Le district de Jérémie se confondait avec l’hôpital et celui de Miragoâne n’existait que sur du papier. Je me suis mise au travail afin de réaliser le diagnostic de situation et élaborer un plan d’action incluant un système d’organisation pour le bureau régional, les bureaux de district et l’hôpital régional. Compte tenu des difficultés d’accès et du manque de ressources financières et matériel roulant un seul véhicule, mille cinq cent gourdes de petite caisse pour le fonctionnement du bureau régional, nous avons mis six mois pour réaliser cette première action qui devrait nous permettre de rationaliser notre travail.

La couverture sanitaire très faible au moment du diagnostic va être portée à un niveau acceptable par la construction et la mise en fonctionnement d’un réseau de dix neuf dispensaires, sept centres de santé avec lits, sept centres de santé sans lit, deux hôpitaux, la réhabilitation de deux dispensaires, de quatre centres de santé avec lits, deux centres sans lit, deux hôpitaux , la formation et le déploiement de cent soixante agents de santé communautaires répartis dans les sections communales reculées et inaccessibles. Chaque agent avait la responsabilité directe de mille cinq cent à deux milles habitants, chaque dispensaire desservait quatre à cinq mille habitants et supervisait trois à quatre agents de santé. Chaque centre de santé desservait entre six et dix mille habitants suivant l’importance de l’agglomération et supervisait entre quatre et six agents de santé suivant le nombre de sections et le degré d’enclavement des localités.

Les hôpitaux disposaient des agents communautaires qui travaillaient dans les villes, dans le cadre du programme de santé materno infantile et de planification familiale. Les nouvelles institutions ajoutées aux anciennes formaient un ensemble de quatre vingt cinq établissements de santé complètement fonctionnels.

Je dois dire qu’aux Cayes il n’y avait pas un niveau de corruption aussi élevé qu’à Jacmel. À part quelques rares exceptions, les médecins établissaient pour la plupart une nette distinction entre leur pratique privée et le travail de l’hôpital. De plus à la tête de chacun des hôpitaux, il y avait un directeur très dévoué, qui assumait la responsabilité de maintenir l’ordre, la discipline et le respect des malades. Puisqu’ils étaient tous trois obstétriciens, bien encadrés du point de vue santé publique par le bureau régional, les bureaux de district et la direction d’hygiène familiale, leur action avait permis de réduire la mortalité maternelle et infantile. En une année à l’hôpital des Cayes la mortalité en pédiatrie est passée de trente à onze pour cent, grâce à l’introduction du sérum oral, l’éducation des parents et l’affectation d’un pédiatre.

Nous avions tous dirigeants et dirigés un seul leitmotiv : atteindre l’objectif santé pour tous en l’an 2000. Aussi aucun sacrifice n’était trop grand pour l’ensemble du personnel. Nous étions en l’année 1982 quand après le vote du budget, les directeurs de région et de district sont convoqués à Port au Prince, par le directeur général. À la réunion, le Ministre nous informe d’une coupure de quarante pour cent de notre budget. De retour aux Cayes j’ai réuni le personnel et ensemble nous avions pris la décision de maintenir le même niveau d’allocation pour le sanatorium des Cayes, l’école des infirmières, l’hôpital régional et les hôpitaux de district, pour le reste des institutions, seul le carburant et le matériel d’entretien leur seront donné. Notons que les activités des programmes prioritaires étaient financées en grande partie par l’aide externe. Ont été supprimé les frais de supervision et toutes les dépenses jugées non essentielles. Malgré ces contraintes financières nous avons maintenu pour l’année la même performance. On peut se demander s’il existe aujourd’hui un tel esprit de sacrifice et une si grande détermination de servir le pays chez les professionnels de la santé.

Dans les premiers temps, j’ai visité personnellement toutes les institutions sanitaires en vue de constater les faiblesses et relever leur niveau de fonctionnement. Dans ce domaine je dois rendre un hommage à mon infirmière régionale Madame Adrienne Salomon, pour son courage et son engagement dans l’amélioration de la qualité des soins. Nous avons procédé à la mise en place des bureaux de district de Jérémie et de Miragoâne avec pour directeur respectivement les docteurs Ulrick Montas et Yves Alexandre. Deux grands travailleurs qui ont vraiment lutter pour faire avancer les actions de santé dans leur district. J’ai encore à la mémoire l’esprit d’entente et de convivialité qui existait entre nous et qui facilitait le travail malgré le manque de ressources financières. On s’arrangeait pour se supporter mutuellement. On vivait vraiment dans l’amour fraternel.

Dès la première année, nous avons sorti la première publication pour le district des Cayes et l’année suivante pour l’ensemble de la Région. Cette action était coordonnée par le Dr Gérald Lerebours le premier épidémiologiste de la région. Malheureusement il n’est pas resté longtemps dans la Région, mais grâce au dynamisme des statisticiens secondé par les directeurs de district cette action s’est poursuivie jusqu’au démantèlement des structures de gestion du Ministère en 1991. Dire qu’à l’époque on n’avait pas les facilités de l’informatique.

D’une façon générale, nous avons mis plus d’ordre dans la gestion des trois districts, du Bureau et de l’hôpital régional, en faisant respecter les normes et les règlements. La supervision était devenue la routine. Pour le district des Cayes dont j’étais également le directeur, une équipe coordonner par le Dr Elie Nicolas encore un autre grand travailleur visitait toutes les institutions une fois le mois. De mon côté en plus des visites sélectives, quand il y avait une urgence, je supervisais chaque trois mois toutes les institutions du district des Cayes et je passais chaque deux ou trois mois une semaine à Jérémie et une autre à Miragoâne suivant l’évolution positive ou négative de la situation.

Toutes les institutions privées et publiques étaient tenues d’envoyer leur rapport mensuel d’activités accompagné du rapport financier pour les publiques et de la feuille de présence des employés. Ce furent autant d’outils utilisés dans l’évaluation de la régularité et de la performance du personnel. De la sorte la couverture sanitaire a été portée dès la troisième année à plus de 80% en comptant les agents de santé. La couverture vaccinale grâce à la stratégie avancée, atteignit un niveau qui a permis l’éradication de la polio et de la rougeole, les cas de diphtérie et de coqueluche étaient rares, seul le tétanos néonatal constituait encore un problème. Avec le sérum oral, l’éducation sanitaire et les activités d’assainissement et d’eau potable, la mortalité infantile avait chutée. La réduction de la mortalité maternelle utilisée comme porte d’entrée du système avait connue beaucoup de succès. Tandis que la planification familiale accusait encore certaines faiblesses.

Mes dernières années aux Cayes

Le départ des Duvalier n’a pas été sans conséquence pour le secteur de la santé si fort dans la région Sud. Le mot d’ordre des hommes politique de l’époque était qu’il fallait tout détruire de ce qui rappelait la dictature et qu’ils allaient reconstruire un système disent-il démocratique. Le 31 janvier 1986 à l’occasion du faux départ du président de la République, toutes les institutions de santé qui avaient le programme de distribution alimentaire étaient systématiquement pillées. Certains équipements médicaux ont été volés par des fonctionnaires malhonnêtes.

Ma maison a failli être déchouquée n’était ce l’intervention divine. J’étais en réunion à Port au Prince, quand le matin du 31 janvier vers les onze heures, l’un de mes frères qui était dans la maison m’appelle pour me dire : « Zette, les gens disent qu’ils vont venir maintenant chez toi, après avoir pillé et brûlé plusieurs maisons de hauts fonctionnaires dans la ville des Cayes ». Moi, j’habitais gelé plage à quelques six kilomètres de la ville, pour ceux qui ne connaissent pas très bien les Cayes. Je lui ai répondu : « sors de la maison, laisses les faire, ne te fais pas frapper. Peu importe, si le Bon Dieu leur laisse toucher à ma maison, il me donnera une autre plus grande et plus belle, car cette maison je l’ai construite à la sueur de mon front ». En entendant ces mots mon frère me dit qu’il a ressenti une force, il s’est jeté dans la foule en leur disant : « mesye, nou pa ka di, nou pral krase kay Bijou, mwen la a avèk nou, kay Bijou se kay mwen, se kay sè m’ » l’un d’entre répondit : « non mesye, nou pa kab kraze kay nèg la, li la a avèk nou » un autre de dire : « yo di nou se pou nou kraze tout bèl kay » il y eut des discussions entre les chefs et ils ont conclu qu’on ne peut pas toucher à cette maison. Je dois dire que cinq années après, le Bon Dieu m’a donné une deuxième maison plus grande dans un quartier très convoité de la capitale. Ma foi a été doublement récompensée.

Entre 1986 et 1988, nous avions connu des moments très difficiles, marqués par des grèves, des manifestations, des déchoucages, et des contestations. Tout ceci n’était pas au dessus de mes capacités de poursuivre ma mission. Appuyée par une équipe de techniciens compétents et dynamiques, ma détermination de servir les plus pauvres ne faisait que grandir de jour en jour. Signalons qu’au cours de cette période, à la demande du Ministre de la Santé le Dr Michel Lominy, les directeurs centraux m’avaient désignée à l’unanimité pour être le directeur général du Ministère de la Santé. Honneur que J’ai refusé. Les raisons étaient les suivantes : je ne me sentais pas assez mature pour remplacer le directeur sortant, ensuite je voulais continuer et achever mes expériences dans le Sud, car nous aussi nous avions souhaité l’instauration d’un système politique démocratique pour mieux développer notre technique, en troisième lieu, sur le plan économique, je n’étais pas prête à briser ma carrière technique, avec les risques de devoir par la suite quitter mon pays pour d’autre terres économiquement plus attrayantes; ceci malgré mes convictions professionnelles.

Durant les deux années de la transition, nous avions connu trois Ministres et trois directeurs généraux. En dépit de tout, nous avions lutté pour maintenir la même performance au niveau des institutions. Les professionnels de la santé s’occupaient de la mise en œuvre de la politique sanitaire et non de la politique de partis. Le 11 septembre 1988 nous avions réalisé la première journée de la campagne nationale de vaccination à la satisfaction de tous,


La fin de ma mission dans le Sud

Le 24 septembre nous étions à l’évaluation de cette journée quand deux ou trois policiers accompagnés de quatre bandits, se sont présentés à ma résidence pour procéder à mon arrestation et j’ai été conduite avec mon fils de douze ans à la prison des Cayes, après quelques heures j’ai été relâchée. C’était lors le mouvement des petits soldats du Général Avril, suite au coup d’état contre le Général Namphy. C’est dans ce tableau bien triste et mal toléré par mes parents, une partie du personnel de santé et la grande majorité de la population cayenne, que j’ai mis fin à ma mission dans le Sud, après dix années de service, jour pour jour. Plusieurs médecins ont été déchouqués de leur poste a la meme periode. Ce fut le début du démantèlement du système de santé. L’objectif pour les soldats et ceux qui les supportaient était de renvoyer les responsables honnêtes de tous les secteurs y compris les militaires en vue de s’accaparer des biens de l’État, car selon leur logique, avoir le contrôle de l’administration publique était le moyen le plus sur de s’enrichir sans grand effort.

vendredi 19 décembre 2008

Mon entrée en fonction comme Ministre de la Santé

Mon entrée en fonction

Après la cérémonie d’investiture au Palais National, vint l’installation des différents Ministres. Le lendemain matin ce fut pour moi le commencement d’une nouvelle vie. Je me lève et voici qu’après douze années je vais changer d’itinéraire. Au lieu de l'OPS je dois me rendre au MSPP. La cérémonie d’installation ce jeudi 18 mars fut présidée par le Ministre de la Justice Maitre Bernard Gousse. Ce fut une grande première dans l'histoire du Ministère de la Santé Publique. avec la présence de deux prêtres les pères Bernard Némorin et Emile Joseph et un pasteur le Dr Hubert Morquette et des amies laïques engagées, ce fut sous couvert de l’Évangile que le prêtre présidant la cérémonie implora le secours du Très Haut et me donna la bénédiction qui symbolise pour moi mon envoi officiel en mission.

Déjà dans mon discours d’investiture j’ai exprimé clairement ma volonté de privilégier le dialogue et la tolérance sans laisser aucune place à l’impunité, de ne faire aucune chasse aux sorcières mais de mettre la bonne personne à la bonne place, comme dans toute administration sérieuse. Pour cela l’amour et la concorde seront ma seule boussole, ma devise : « non à l’exclusion, non à la médiocrité non à la corruption »

La cérémonie une fois terminée vient le moment pour le personnel, les amis et les compagnons de travail de me saluer et me souhaiter du succès dans cette mission qui s’avérait très difficile. Le jour même, j’ai eu une séance de travail avec le directeur du cabinet du Ministre sortant puisque ce dernier n’était pas disponible. Puis j’ai aménagé une rencontre avec mon futur directeur de cabinet et les responsables de la direction administrative du Ministère.

Le vendredi 19 mars j’ai constitué mon cabinet particulier de quatre membre dont deux experts comptable et deux médecins tous spécialistes en santé publique à ce groupe vont se joindre plus tard trois autres membres dont une infirmière pour les questions de soins infirmiers, un ingénieur pour les affaires de génie civile et d’infrastructure et un conseiller juridique qui va me servir également de conseiller politique. Tous étaient des anciens cadres du Ministère de la santé. Mon conseiller juridique lui un ancien Ministre de la Santé. Le jour même j’ai eu une séance de travail à l’HUEH le matin et le soir j’ai visité la Maternité Isaïe Jeanty à Chancerelles, cette dernière était fermée depuis quatre mois pour en raison de l’insécurité dans l’aire de Cité Soleil.. suivant les conseils de l'un de mes conseillers administratifs, j'ai désigné un cadre du Ministère de la Santé pour assurer l'intérimat à la Direction Générale, vacante depuis quatre mois.

Ce vendredi, mes deux conseillers administratfs ont débuté l’évaluation administrative et financière du bureau central. J’ai demandé à la Représentation de l’OPS de poursuivre les travaux de la cellule d’urgence mise en place depuis le début de la crise, et pour signifier officiellement mon adhésion j’ai participé en personne à la première réunion tenue sous mon Ministère et j’ai désigné un point focal.

Notons que dix (10) jours après mon installation je vais faire célébrer une messe au Ministère en vue de consacrer la mission qui m’a été confiée.

LA VIE AU FOYER ET LA POLITIQUE

Ma vie au foyer, ma vie spirituelle et ma fonction de Ministre

Déjà la vie s’annonçait plus difficile pour mes proches. Le samedi soir comme à l’accoutumée, le père Bernard mon conseiller spirituel, vient passer la soirée avec nous. Après une semaine de veille, les choses se sont plus ou moins tassées. Je me sens plus calme. Très tôt je me mets au lit. Ordinairement avant de me coucher, je dois apporter au père Bernard son verre d’eau et mon fils lui, me demande souvent « manman » tu veux me préparer un sandwich s’il te plait? Ce soir là, il était dix heures, alors que mon fils était en train de préparer lui-même son petit sandwich, père Bernard arrive à la cuisine, pour prendre son verre d’eau. Mon fils de lui dire tu es venu prendre toi-même ton eau et lui de répondre et toi tu prépares ton sandwich, enfin on ne peut plus demander tout cela au chef on la voit tellement fatiguée s’exclament les deux. Ils m’ont raconté tout cela le lendemain.

Le dimanche jour de la Résurrection après un bon sommeil du samedi je me suis réveillée dans de meilleure condition. Après la messe il n’y avait que les visites des parents et amis qui étaient à la fois réconfortantes et fatigantes. Quelques soit les circonstances dans le bonheur comme dans le malheur l’homme a besoin de ne pas se sentir seul.

Durant les premiers mois c’était difficile de concilier la vie familiale et le travail de bureau, car il me fallait consacrer beaucoup de temps pour le bureau afin de pouvoir renverser la situation dans laquelle se trouvait le Ministère, puisque cela faisait bien treize années depuis que le Ministère sur le plan structurel et organisationnel suit une courbe descendante. Il faut se pencher sur tous les aspects administratif, technique et politique. De la sorte il ne me restait plus de temps pour ma maison et ma famille. L’autre expérience douloureuse c’était pour la première fois que je vais accepter de monter dans une voiture avec des armes, que des personnes armées rentrent librement sous mon toit. Autant de choses qui ne riment pas avec ma philosophie de la vie. Je me suis consolée à l’idée qu’il s’agissait de simples formalités et que je n’avais aucune foi dans les armes pour ma sécurité.

Dans la pratique, j’avais tout l’appui des membres de ma famille et de quelques amis. Ma jeune sœur Peggy, elle était à la fois ma secrétaire et l’intendante de ma maison. Mon frère Victor ne rate jamais une semaine pour me visiter, il se considérait mon conseiller politique, il osait même vouloir me conseiller dans les prises de décisions administratives. Mes sœurs Andrée et Ginette qui vivent à l’étranger se font le devoir de m’appeler le plus souvent possible. Moi toujours soucieuse du défi à relever j’avais très peu de temps pour moi-même et ma famille. Je me rappelle à l’occasion de la semaine sainte, ma belle sœur Yolaine, elle prend toujours le soin de m’acheter mon poisson en me disant : zette je sais que tu n’as pas le temps pour cela. Dire que ce n’était pas seulement le temps qui me manquait mais aussi la liberté de m’arrêter n’importe où dans les rues ou d’aller au marché pour des raisons de sécurité disent mes agents de sécurité rapprochée. À ce point même certaines amies m’achetaient des choses sachant que je ne pouvais plus le faire moi même. Tous mes frères étaient à mon service en vue de m’apporter le soutien nécessaire. Je ne cesserai jamais de les remercier.

Sur le plan spirituel, dans ma paroisse, j’étais Ministre Eucharistique et aussi responsable des commentaires à la messe de neuf heures du deuxième dimanche de chaque mois. Les premiers jours, j’ai essayé de maintenir normalement mes activités à l’église. C’est ainsi que j’ai assisté le Nonce apostolique à la messe solennelle du dimanche de Pâques 2004. Par la suite, mes multiples déplacements tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger m’ont obligé à solliciter de ma paroisse une dispense. De plus dans ces fonctions politiques qui assez souvent sont souillées de bavures, il est bon de prendre un recul et laisser le temps à la communauté d’apprécier votre agir, car il est essentiel que le chrétien témoigne la présence du Christ partout et en tout. De même à la Fondation Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’ai sollicité un temps sabbatique et j’ai confié ma fonction de secrétaire général à un autre membre pour éviter tout équivoque entre les activités de la Fondation et la politique.

Il m’arrive au cours de mes voyages à l’étranger de ne pas pouvoir assister à la messe dominicale. Dans cette situation vous comprenez avec moi la nécessité pour que mon temps de travail comme disait Saint Paul soit des temps de prières par la qualité de mes relations avec les autres qui sont pour moi des sœurs et des frères. Il doit être un travail fait avec amour et dans un total désintéressement personnel et un oubli de soi. C’était là un défi que je ne pouvais relever qu’avec la grâce du Saint Esprit. Aussi je renouvelle mes remerciements à toutes personnes qui m’ont soutenue dans leurs prières, d’une façon spéciale mon père spirituel le révérend père Émile Joseph, mon accompagnateur spirituel père Bernard Némorin, mon Curé père Jean Claude Edmond, les membres de la Fondation Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, la famille Hubert Morquette, tous les prêtres et les religieuses amis (es).

MA PREMIERE VISITE A CITE SOLEIL

Cité Soleil la plus grande bidonville du pays Bastion des lavalassiens

Alors que huit jours avant des déclarations faites à la presse laissaient croire, que les lavalassiens de Cité Soleil allaient assassiner quiconque aurait accepté un poste de Ministre dans le Gouvernement qui succéderait au Président Aristide.

Il était Samedi matin 19 mars, deux jours après mon investiture j’ai décidé de me rendre à Cité Soleil. Cette visite a été préparée par un grand ami le Dr Gérard Joseph qui m’a fait le plaisir de m’accompagner ainsi que sa femme et un ami commun le Dr Bernard. Ce fut l’occasion pour moi de rencontrer les religieuses qui travaillent dans la Cité, le feu père Volel pour finir ma tournée par une réunion communautaire après avoir visité tour à tour le centre hospitalier Sainte Catherine Labouré « CHOSCAL » et le centre de santé Rosalie Rendu tous deux fermés depuis plusieurs mois en raison de la crise politique.

Les participants à la réunion communautaire furent unanimes à reconnaître mon esprit d’ouverture mêlé de courage, car je n’avais aucun agent de sécurité avec moi. Alors ils m’ont dit : « Minis, se premye fwa nou wè yon Minis vinn chita pale avèk nou san zam san sekirite, Minis dèpi jodi a, se nou ki sekirite w ». De là s’est développé ce sentiment de confiance manifesté envers ma personne. Pour tous ceux qui ont l’habitude de questionner l’attitude des habitants de Cité Soleil vis-à-vis de moi y compris la presse; je dis qu’il s’agit de relation de confiance mutuelle. Ils voyaient en moi quelqu’un qui veut se rendre disponible pour les comprendre, les aider à sortir de leur situation d’exclusion plutôt que de les condamner. Ils m’appellent pour la plupart « manman » nous savons tous, que ce mot « manman » évoque l’idée de compréhension, d’affection, de tendresse, et d’amour.

De mon côté, je commençais à comprendre la situation dans laquelle patauge une bonne partie de notre société et combien ils aimeraient en sortir. c'est inimaginable. Je suis devenue dès lors plus sensible à la cause de cette couche marginalisée. C’est pour cela que je dis toujours je n’ai pas perdu mon temps au Ministère. Cette nouvelle expérience m’a fait grandir humainement, spirituellement et politiquement.

mercredi 3 décembre 2008

Les déterminants de la santé

La santé vue sous l'angle de la promotion de la santé

La définition la plus connue de la santé, est celle de l’Organisation Mondiale de la Santé OMS : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

Dans cette définition, nous voyons que le concept ambigu de santé est remplacé par une notion également ambiguë de bien-être ; ce qui fait de la santé un idéal qui peut être approché sans jamais être atteint. D’ailleurs un complet bien-être est vraiment difficile à mesurer. De plus cette définition évoque davantage la dimension individuelle de la santé.

Vue sous l’angle de la santé publique, la santé est perçue comme : « une façon de vivre » qui permet à l’homme malgré ses imperfections d’atteindre une qualité de vie et une existence pas trop douloureuse tandis qu’il vit dans un monde imparfait.

On attribue également la santé à : « une expérience de bien-être, résultant d’une équilibre dynamique qui implique les aspects physiques et psychologiques de l’organisme ainsi que son interaction avec son environnement naturel et social ». D’oú la dimension collective de la santé.

Cette interaction entre l’homme et son environnement nous amène à parler des déterminants de la santé qui sont les différents facteurs pouvant influencer positivement ou négativement sur l’état de santé de l’individu et/ou de la collectivité. Ils sont d’ordre : physique, politique, économique, culturel et social.

On peut les énumérer ainsi : la paix, un écosystème stable, un logement décent, l’éducation, la sécurité sociale, les relations sociales, l’alimentation, un revenu, la justice sociale, le respect des droits de l’homme, une utilisation rationnelle des ressources, la responsabilisation des femmes et l’équité.

Plus récemment il est prouvé que les tendances démographiques telles que l’urbanisation anarchique, l’augmentation du nombre des personnes âgées, la sédentarité, la résistance aux antibiotiques, la toxicomanie, la violence domestique, les troubles civils et la pauvreté, constituent des menaces graves pour la santé individuelle et collective.

D’autres facteurs peuvent être considérés c’est le cas de la mondialisation de l’économie, des marchés financiers et du commerce, l’accès généralisé aux média et aux techniques de communication moderne, la dégradation de l’environnement par l’utilisation abusive des ressources naturelles.

En réalité, vue sous l’angle de la santé publique, la santé n’est pas un simple besoin à satisfaire, mais un droit à respecter, à protéger et à défendre. De même, nous pouvons dire : qu’elle n’est pas l’affaire du simple personnel de santé médecins, infirmières, auxiliaires etc. Ces professionnels, bien souvent ne font que soigner des malades. La santé est bien plus complexe. Elle est aussi l’affaire de l’agronome qui travaille pour garantir la disponibilité et la sécurité alimentaire, nécessaire à la protection et au contrôle de l’état nutritionnel de la population ; de l’ingénieur qui construit l’habitat suivant les normes d’hygiène, qui œuvre dans la fourniture de l’eau potable à la population, pour éviter certaines maladies liées à l’environnement ; du juge qui rend la justice avec équité ; de l’homme politique qui respecte les droits des minorités comme des majorités dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques ; de l’homme d’affaire ou de l’employeur qui traite avec justice et équité ses employés ou ses partenaires, de l’éducateur qui enseigne et qui éduque, en vue d’augmenter les opportunités ; du prêtre et du pasteur qui prêche la justice sociale, l’amour et le pardon en vue d’œuvrer à la construction d’une paix durable.

D’ailleurs, le pape Pie XII n’a t-il pas dit: « la santé n’est pas un objet d’ordre purement biologique, pour la maintenir il faut tenir compte des forces religieuses et morales. Trop étroite serait une notion de santé entendue uniquement à la capacité ou à l’incapacité de travailler. Trop étroite aussi et dangereuse une notion purement vitaliste et biologique. Donc la santé ne peut être exprimée en fonction du corps seulement mais en fonction de tout l’homme. » Pour le pape Pie XII, la santé résulte de l’harmonie la plus parfaite possible entre les forces de l’homme, c’est la spiritualisation la plus haute du charnel, et l’incarnation la plus profonde du spirituel.

N’avons-nous pas dit : une âme sainte dans un corps sain. La vie est un don de Dieu.

Discours prononcé à l'investiture de mon successeur

Discours du Ministre sortant le Dr Josette Bijou
à l'investiture du nouveau Ministre le 9 juin 2006

Monsieur le Ministre
Monsieur le directeur Général
Mesdames, Messieurs les Représentants des Agences de coopération
Mesdames, Messieurs les directeurs centraux et départementaux
Chers collaborateurs, chers amis de la presse
Chers invités

Mesdames Messieurs,

Plus de deux années se sont écoulées depuis que j’avais accepté délibérément et en dépit des menaces sur ma personne et mes biens de me mettre au service de mon pays. Deux années de lutte contre les grands fléaux qui rongent notre société : l’exclusion, la corruption et la médiocrité.

En un si court laps de temps, j’estime avoir fait l’essentiel pour tirer le Ministère de la Santé Publique et de la Population du bourbier où il se trouvait. Chers collaborateurs, chers partenaires nationaux et internationaux grâce aux efforts de vous tous et à votre ténacité le Ministère a été remis sur les rails.

La nation haïtienne et tous mes collaborateurs se souviendront longtemps encore de mon courage et de ma détermination à aider, servir, enseigner, animer, modifier et corriger dans l’unique but de relever le secteur de la santé à un niveau digne d’une Nation bicentenaire.

Aujourd’hui c’est avec un réel plaisir que j’ai l’honneur de passer les rênes du Ministère de la Santé à mon successeur le Dr Robert Auguste.

J’ai connu le Docteur Auguste de nom par sa sœur, une grande amie ; il y a à peine quelques mois que nous nous sommes rencontrés. Dès notre premier échange, il m’a laissé l’impression d’un professionnel discipliné au point que je n’avais nullement hésité à lui confier un poste de responsabilité. De là nous sommes devenus bien vite amis. Docteur Auguste malgré cette assurance je crois opportun de vous faire certaines recommandations :

Le pays a souscrit à des engagements qui se résument de façon concrète dans les objectifs de développement du millénaire. Ayez toujours ces objectifs pour boussole.

Le secteur santé en dépit des efforts déployés au cours de la transition reste encore faible. Le renforcement institutionnel, l’extension de la couverture sanitaire doivent continuer à bénéficier d’une attention soutenue.

Les ressources sont tout à fait inadéquates face aux défis à relever. Pour cela, vous devez faire montre de beaucoup d’imagination en adoptant des stratégies innovatrices dont certaines sont déjà en cours : je veux parler de la stratégie avancée pour la vaccination et la stratégie des zones ciblées pour augmenter la couverture sanitaire.

Je n’ai aucun doute sur votre compétence et celle de vos futurs collaborateurs. Cependant en ma qualité d’aîné de la grande famille médicale, je me permets de vous dire : montrez vous toujours ouvert au dialogue. Recherchez aussi souvent qu’il est nécessaire les compromis et éviter toutes compromissions. La lutte n’est pas facile, mais dites vous bien que vous devez réussir, car un échec est tout simplement impensable.

Mesdames Messieurs,

Je veux profiter de cette opportunité pour adresser des mots de remerciements à tous ceux qui m’ont soutenue d’une manière ou d’une autre durant cette dure période de ma vie professionnelle. Je veux citer : mon Directeur général, les membres de mon cabinet particulier, mes agents de sécurité rapprochée, mes secrétaires, mon chauffeur, messager et ménagère, les directeurs centraux et départementaux, le personnel médical, paramédical, personnel administratif et de soutien, les membres de ma famille et mes amis. Que dois je dire des Agences et partenaires nationaux et internationaux sans votre contribution technique et financière le pari n’aurait pas été gagné.

Pour conclure, mon cher Bob, il ne me reste qu’à formuler à votre endroit des vœux de succès dans cette nouvelle tâche difficile mais d’une grande noblesse. N’oubliez pas que je serai toujours disponible pour des conseils, des renseignements et j’en passe. N’hésitez pas, vous ne me dérangerez jamais.

Vous tous qui avez répondu à l’invitation je vous remercie.

mardi 2 décembre 2008

Discours prononcé à l'assemblée des Nations Unies sur le SIDA

Discours prononcé par le Ministre de la Publique et de la Population
le Dr Josette BIJOU
A l'occasion de la 26ème assemblée des Nations Unies sur le VIH/SIDA UNGASS
New York du 31 mai au 2 juin 2006

Madame la présidente,

Mesdames, Messieurs les membres des différentes délégations

La délégation haïtienne se réjouit de sa participation à cette réunion de haut niveau sur le SIDA.

En juin 2001, lors de la session extraordinaire des Nations Unies consacrée au VIH/SIDA (UNGASS), le gouvernement de la République d’Haïti s’était engagé au côté des autres états membres à faire avancer la lutte contre le VIH/SIDA.

La Déclaration d’engagement de 2001 englobait onze domaines.

Cinq ans plus tard, nous pouvons dire qu’en dépit des multiples contraintes d’ordre socio politique et économique, Haïti a implémenté avec succès les diverses interventions retenues. En témoigne l’évolution de certains indicateurs.

Dans le domaine de la multisectorialité de sensibles progrès sont réalisés par l’implication des secteurs de l’éducation, de la justice, de la condition féminine, des affaires sociales, de la planification et des finances.

Dans le domaine de la prévention, les acquis sont palpables, le taux de séroprévalence du VIH/SIDA chez les femmes enceintes régulièrement contrôlé est passé de 5,96% en 1996 à 3,1% en 2004.

Une enquête conduite en 2005, a montré que 95% de la population haïtienne est informé sur les questions de SIDA grâce à une importante campagne de sensibilisation.

Pour ce qui concerne la prévention de la transmission mère enfant, la couverture quoique faible 19% représente un progrès par rapport aux années antérieures.

Dans le domaine des soins, appui et traitement pour les personnes infectées et affectées, : Deux (2) Manuels de Normes ont été élaborés et disséminés, l’un sur la Prise en charge Clinique et Thérapeutique et l’autre sur la Prise en Charge Communautaire.

Actuellement 88 sites offrent les services de CDV, 77 les services de PTME et 25 sites fournissent gratuitement des ARVs à 6007 patients.

Le VIH/SIDA et Droits de l’Homme : deux décrets sont adoptés l’un traite de la protection des femmes violentées et l’autre de la protection en milieu du travail des personnes vivant avec le virus du SIDA.

Dans le cadre de la protection des personnes vulnérables les progrès sont insignifiants :

Le MSPP a toutefois mis en place depuis une année une Mutuelle de solidarité afin de faciliter l’insertion socio-économique des PVVIH. Il est trop tôt pour en faire l’évaluation, de plus les ressources disponibles dans ce domaine sont trop faibles, deux millions de gourdes pour l’exercice 2005 – 2006.

Promouvoir la recherche et le développement : dans ce domaine des réalisations significatives sont à mentionner la plus importante :

Les essais vaccinaux anti VIH conduit par les centres Geskhio.

Dans les régions touchées par les conflits et les catastrophes naturelles, des cadres ont reçu une formation appropriée pour fournir une réponse adéquate en pareille situation.

Quant au « Suivi/Evaluation » : Un cadre national d’évaluation est en cours d’élaboration. Il convient également de signaler qu’un nouveau Plan Stratégique National 2006-2011 est en préparation.

Comme on le voit, il reste du chemin à parcourir. Il s’agira pour Haïti dans les années à venir :

De garantir l’accès universel aux techniques de prévention, et de prise en charge dans un souci d’équité et de justice sociale.

De renforcer l’approche multisectorielle pour une optimisation des ressources.

Ma délégation profite de cette assise pour remercier les partenaires d’Haiti qui n’ont ménagé aucun effort pour faire de la lutte contre le SIDA ce modèle de partenariat et d’engagement pour l’action. C’est aussi l’occasion pour moi de demander aux pays amis de continuer à nous aider dans la poursuite de cette noble cause


Madame la Présidente,

En ma qualité de Ministre du Gouvernement sortant, j’ai été désignée et accréditée par le Président de la République son Excellence M. René Garcia Préval pour représenter mon pays à cette assise, ce geste traduit la volonté du Gouvernement d’ Haïti de garantir la continuité dans les actions. Aussi c’est au nom du Président de la République et de son prochain gouvernement que je réitère les engagements pris par la République d’Haïti, de lutter aux cotés de ses partenaires nationaux et internationaux dans la construction d’une Haïti libre de nouvelles personnes infectés au virus du SIDA d’ici 2010.

Je vous remercie.

Discours prononcé à l'assemblée mondiale de la santé mai 2005

Intervention du Ministre de la Santé à la 58ème assemblée mondiale de la santé
Genève, du 16 au 25 mai 2005

Madame la Présidente de l’Assemblée,

La délégation haïtienne a l’honneur de vous présenter ses chaleureuses félicitations pour avoir accédé à cette position qui vous confère la lourde responsabilité de diriger la 58ème assemblée mondiale de la santé.

Monsieur le Directeur général de L’Organisation Mondiale de la Santé,

Au nom du Gouvernement d’Haïti, je vous adresse les plus vifs compliments pour la maîtrise avec laquelle vous conduisez les destinées de cette prestigieuse Organisation.

Mesdames, Messieurs les Ministres,
Distingués membres des différentes délégations,


A la 57ème assemblée, c’est avec la désolation dans l’âme que j’avais brossé la situation alarmante de mon pays après quinze (15) ans de commotions sociopolitiques qui avaient culminé au démantèlement du système de santé. Des actions positives, le texte n’en contenait pas, sinon que des engagements qui avaient été pris dans un contexte encore chargé d’incertitudes.

Un an après, dans les mêmes circonstances, c’est avec le plus grand plaisir que je prends la parole, pour exprimer la fierté de la délégation haïtienne, et faire le point sur quelques actions entreprises par le Gouvernement de transition en faveur des mères et des enfants haïtiens, en accord aux objectifs de développement du millénaire.

La République d’Haïti accuse le plus haut ratio de mortalité maternelle et infantile dans la région des Amériques et des Caraïbes, soit respectivement 523/100000 N.V. et 80.3/1000 N.V.

Alarmé par ces statistiques et stimulé par le souci de respecter les engagements pris à Caire, à Beijing et à l’Assemblée générale des Nations Unies, le Gouvernement intérimaire, sans se laisser effrayer par le poids du défi à relever, s’est décidé fermement à diligenter toutes interventions visant à rabattre les indicateurs de 10% annuellement, en vue de les ramener au tiers d’ici 2015.

Pour atteindre cet objectif, les actions se circonscrivent autour de deux grands axes stratégiques :

Le renforcement institutionnel, et·
L’extension de la couverture sanitaire.

Dispositions qui commence à se concrétiser par la réhabilitation des maternités et des pédiatries des principaux hôpitaux du pays, incluant leur équipement et l’affectation d’un personnel apte à satisfaire leurs besoins au double point de vue quantitatif et qualitatif.

Environ cinq cent (500) techniciens de toutes catégories ont été recrutés et mis en service à travers les différentes institutions du pays. Il convient de signaler ici que toutes les maternités disposent maintenant d’une équipe d’infirmières sage femmes.

Sur le plan de la formation quarante sept (47) bourses d’études ont été octroyées en vue d’améliorer le niveau de gestion et de prestation des soins.

De plus, pour compenser la dévaluation de la monnaie nationale, et stimuler le personnel de santé, ce dernier a bénéficié au cours de la période d’une indexation de salaire de 45%.

Mesdames, Messieurs,

La satisfaction dont nous ont comblé ces accomplissements s’était malheureusement effritée par les conséquences effroyables de deux grandes catastrophes : plus de quatre mille morts, des dizaines de milliers de familles sans abris. Un lourd tribut pour le Gouvernement qui luttait déjà contre le marasme économique que lui ont légué les autorités précédentes.

A ce compte, n’est ce pas l’occasion de faire remarquer que si de façon ponctuelle certaines valeurs ont été attribuées au secteur santé par la communauté internationale, l’aide au développement promise tarde encore à venir. La population s’impatiente, d’où une montée de la violence avec toutes les conséquences négatives sur la santé des groupes les plus fragiles, en particulier les femmes et les enfants. Nous renouvelons notre appel à tous les amis du peuple haïtien et nous comptons sur l’appui de l’Organisation Mondiale de la Santé pour un plaidoyer en ce sens.

Aussi, le Gouvernement de transition peut s’enorgueillir d’avoir à son actif l’augmentation de ses réserves grâce à un plan de restriction des dépenses publiques professionnellement appliqué. Ce qui a permis le démarrage de certains travaux d’infrastructures

Mesdames, Messieurs,

La situation tout a fait imprévisible que je viens de vous décrire brièvement n’avait pas brisé ni même atténué la volonté de résoudre la problématique de la santé maternelle et de la santé des enfants.

Tous les efforts déjà tentés nous ont au contraire encouragé dans cette direction et nous étions mêmes conscients de leur insuffisance pour garantir l’équité en santé si chère au Gouvernement. C’est ce qui justifie d’ailleurs la mise en œuvre de plusieurs actions à caractère communautaire. En collaboration avec nos partenaires, nous avons décrété deux semaines de santé des enfants en novembre et en juin.

Au cours de ces deux semaines, les enfants sont vaccinés, ils reçoivent de la vitamine A et un traitement contre les parasites intestinaux. Les enfants des rues bénéficient aussi de ces mêmes attentions.

Cette année, la célébration de la journée mondiale de la santé a honoré la femme dans le cadre du thème choisi. Le Ministère de la Santé a profité pour annoncer la gratuité des soins prénatals comprenant : la consultation prénatale, la vaccination et les examens de laboratoire. De même, le projet de création d’un centre d’excellence pour les femmes est devenu une réalité. Il constitue le point de départ du réseau de maternité sans risque.

Mesdames, Messieurs,

Poursuivre notre objectif dans un cadre d’actions éparses, d’activités ponctuelles nous aurait imprégné d’un sentiment d’insatisfaction profonde. Nous avions ainsi estimé qu’une orientation vers la réforme du secteur santé est indispensable. Dans cette optique, la structure du Ministère de la Santé Publique et de la Population a été reconsidérée dans un cadre légal appuyé par un projet de loi organique élaboré avec l’appui technique de la Représentation de l'Organisation Panaméricaine de la Santé / Orgaisation Mondiale de la Santé

dans cette action, on y relève la volonté de moderniser ce Ministère avec la création, entre autre de trois (3) nouvelles directions :

· La direction d’Épidémiologie et de la Recherche
· La direction de Promotion de la Santé et de protection de l’environnement
· La direction des soins infirmiers.

Action qui se trouve renforcée par la finalisation du plan stratégique 2005 – 2010. Voilà en quelques mots le tableau de la situation actuelle de la santé des mères et des enfants.

Pour finir, je profite de cette tribune pour exprimer la gratitude du peuple haïtien envers tous les pays amis qui lui ont témoigné leur sympathie au cours de l’année 2004, à l’occasion des différentes catastrophes naturelles.

Je vous remercie.

Discours d'investiture au poste de Ministre de la Santé Publique le 18 mars 2004

Mesdames Messieurs,

Permettez que j’initie mes propos de circonstance en formulant mes remerciements à l’endroit de leurs excellences, le Président provisoire de la République, Maître Boniface Alexandre et le Premier Ministre Monsieur Gérard Latortue pour la confiance qu’ils ont placée en moi.

Quand aux membres du conseil des sages, comment ne pas leur rendre publiquement l’hommage mérité pour ce sacrifice consenti, car depuis environ deux semaines ils se sont attelés au travail avec un dévouement exemplaire et un désintéressement sans pareil dans l’unique but de doter la nation d’un Gouvernement capable de conduire à bon port ce navire aujourd’hui en dérive. Soyez en félicité, le pays tout entier vous rendra le tribut.

Femme de terrain mon premier poste administratif a été celui de coordonnateur d’un projet de développement et de santé intégré dans le Nord Ouest (Jean Rabel, Bombardopolis, Baie de Henne, Mole Saint Nicolas). Poste qui a culminé avec celui de directeur de district de Jacmel et directeur de la Région sanitaire du Sud. D’autres fonctions m’ont été également profitable avec des postes de consultant occupés tant à la Banque Mondiale qu’à l’OPS/OMS, l’ensemble de ces expériences ont valu peut être mon choix au poste de Ministre de la Santé Publique et de la Population.

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans ma carrière professionnelle. Cet évènement qui me comble d’émotions, je le dois aux sacrifices de tous ceux qui m’ont offert leur collaboration durant mes trente six années de vie professionnelle et à la communauté haïtienne qui m’a offert un large champs d’expérience.

Ce sentiment de gratitude je veux l’étendre sur mon cher pays qui m’a tout donné et pour lequel aucun sacrifice n’est trop grand. Je veux rappeler à l’intention de tous, que je fais partie d’un Gouvernement de transition qui est en charge pour un temps déterminé. Donc le temps presse et il est à l’action.

Mesdames messieurs,

Le pays est en lambeau. Le tissu social déchiré est à recoudre. Rien que dans le secteur santé les indicateurs suivants parlent d’eux-mêmes :

La mortalité maternelle est passée de 457 à 523 pour 100,000 NV de 1995 à 2000
La mortalité infantile de 74 à 80 pour 1000 NV au cours de la même période
La prévalence du SIDA est de 4,6%

Soit les indicateurs les plus élevés des Caraïbes et de la Région de l’Amérique.

Une couverture en eau potable de moins de 50%
Une couverture en collecte et disposition des déchets solides de moins de 23%

Ces quelques indicateurs sont édifiants et nous tracent déjà le chemin à prendre, celui du redressement de notre système à tous les niveaux central, départemental, communal et local.

Mesdames messieurs les cadres et fonctionnaires du Ministère,

Je compte sur vous pour redynamiser ce Ministère. Beaucoup de compétences s’y trouvent et nous avons la certitude que vous ne marchanderez pas votre collaboration pour la pleine réussite de cette mission.

Déjà nous sommes en mesure d’annoncer quelques actions urgentes qui seront prises par le Ministère.

Le renforcement des centres hospitaliers et la réouverture des hôpitaux fermés afin de soulager la souffrance de la population
La poursuite et le renforcement du programme de vaccination pour couvrir rapidement les zones les plus frappées par la crise telles que Gonaïves et ses environs où la vaccination avait été interrompue pour des raisons de sécurité.
La sécurité du personnel et des malades dans les centres hospitaliers bénéficiera d’une grande attention en concertation avec d’autres Ministères.
De même le Ministère de la Santé s’efforcera de proposer une réponse appropriée aux problèmes des ordures entassées dans les différentes artères de la capitale et qui représentent une menace pour la santé de la population.

Mesdames Messieurs,

En cet instant décisif de notre vie de peuple, je lance un appel pressant à toutes les associations du secteur santé et à la société civile en général pour leur signifier que le Ministère est ouvert à toutes suggestions en vue d’atteindre notre objectif commun qui est de relever le niveau de notre système sanitaire dont aujourd’hui nous sommes loin d’être fiers. Mon Ministère privilégiera notamment les actions de terrain, car nos sœurs et frères ont besoin pour bien vivre d’un environnement sain.

Appelé donc à protéger la vie, le Ministère de la Santé que je dirige aura pour boussole l’amour et la concorde. N’est ce pas Mesdames Messieurs, dans l’amour que la vie est conçue. C’est donc avec et par amour qu’on pourra la protéger et la préserver. Entre les filles et fils d’une même Nation, je prône l’esprit de tolérance sans pour cela sombrer dans l’impunité. D’ailleurs un chef responsable doit exiger de son personnel la compétence et la discipline. Je veux d’ors et déjà rassurer tout un chacun qu’il n’y aura aucune chasse aux sorcières, par contre mon administration aura pour souci de mettre la bonne personne à la bonne place.

Aux amis et partenaires internationaux oeuvrant dans le secteur santé je tiens à les remercier pour leur appui constant surtout pendant cette période difficile que vit mon pays. Je veux continuer à compter sur leur soutien. Un remerciement spécial va à l’Organisation Panaméricaine de la Santé/Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS) qui m’a accueillie pendant ces douze dernières années et m’a permis d’acquérir une expérience supplémentaire que j’estime utile pour exercer cette nouvelle tâche.

Je ne saurais rester indifférente aux multiples actions humanitaires de la Croix Rouge Haïtienne, qui a su faire montre d’un haut niveau de professionnalisme et de neutralité à l’occasion de la crise. J’ai été personnellement touchée par l’initiative de quelques médecins, infirmières et personnel administratif de faire fonctionner quelques services de l’hôpital de l’université d’état d’Haïti afin d’accueillir les urgences de jour.

En acceptant ce poste de Ministre de la Santé dans une conjoncture si particulière, je ne minimise pas les risques, mais vivre c’est prendre des risques, et comment peut on avoir peur quand on a tous les atouts que je viens de citer et qu’on est sûr de pouvoir compter sur l’appui du Très Haut. Ainsi Mesdames Messieurs pour débuter ma mission, comme les chevaliers d’autre fois au départ d’une sainte croisade, je dis à mon équipe : en avant que Dieu nous soit en aide.

Pour finir, je remercie très sincèrement les parents et amis qui sont venus m’entourer de leur affection, je leur dis que je compte beaucoup sur leurs prières et leur soutien moral. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas les décevoir.

Je vous remercie.