mardi 29 juillet 2008

Discours inaugural Petit Goave (partie 1)

Discours du Ministre de la Santé Publique et de la Population
Dr Josette BIJOU
A l’occasion de l’inauguration des locaux rénovés de
L’hôpital Notre Dame de Petit Goâve
Le 28 avril 2006-06-24


Mesdames Messieurs,

L’évènement qui nous rassemble ce matin revêt pour moi une signification toute particulière, il n’est nullement question d’une simple inauguration de quelques pavillons de l’hôpital Notre Dame de Petit Goâve, une institution vieille de plusieurs décennies. Le sens est beaucoup plus profond. Il s’agit pour nous de faire un halte et de prendre le temps de déguster et d’apprécier les fruits de la paix.

En effet, je garde encore à la mémoire cette journée du samedi 23 octobre 2004 quand sur l’invitation d’un grand ami, dont je salue la présence dans cette salle, le révérend père Miguel Auguste, j’ai accepté de braver les rumeurs pour me rendre à Petit Goâve et ceci en dépit d’une situation politique lors un peu confuse.

En ma qualité de Ministre de la santé, j’ai débuté ma visite à l’hôpital ; où à la pédiatrie, j’ai trouvé un bébé hospitalisé et sa mère qui me parla en ces termes « mwen sot oblije prye yon mis poul vinn mete seròm nan pou mwen pou timoun nan »

Plus loin, à la maternité j’ai trouvé une infirmière, elle m’a dit : si une patiente arrive maintenant, je ne saurai quoi faire, car je n’ai même pas une paire de gants stériles pour faire un accouchement.

A la résidence des médecins un gynécologue que j’ai rencontré m’a déclaré qu’il serait vraiment embarrassé si une section césarienne s’impose à l’instant, car l’hôpital ne dispose même pas d’un plateau stérile.

Signalons en passant qu’à l’époque l’hôpital n’avait ni directeur médical ni administrateur. C’était la désolation et la confusion totale.

Après la visite de l’hôpital, je me suis rendue tour à tour au lycée Faustin Soulouque où j’ai eu un entretien avec les dirigeants et un groupe d’élèves, puis au commissariat de la ville où je me suis entretenue avec un groupe de militaires démobilisés, pour terminer ma tournée dans une boite de nuit, où j’ai tenu une réunion très houleuse avec le groupe des jeunes militants révolutionnaires. Ce fut l’occasion pour moi d’écouter leurs doléances justes et bien fondées et de leur présenter la politique du Gouvernement de transition qui n’entendait nullement exclure un groupe d’haïtiens mais qui avait plutôt de sérieuses difficultés financières qui risquent de s’aggraver si le désordre et les manifestations violentes doivent se poursuivre dans le pays. Notons qu’à Port au Prince nous étions en pleine opération bagdad.

A la fin de la rencontre c’était comme la signature d’un pacte où le groupe des militants révolutionnaires s’engage à rétablir la paix, à restituer les véhicules séquestrés, à rouvrir dès lundi matin les bureaux de l’administration publique fermés depuis plusieurs semaines et à libérer les voies d’accès conduisant dans le Sud du pays. De notre côté tout devrait être mis en branle pour engager un dialogue franc et sincère en vue d’améliorer les conditions de vie de la population de Petit Goâve. Un délai de quinze jours jusqu’au 7 novembre nous était accordé pour montrer des actions concrètes.

Suite à ces rencontres, nous avions pu conclure que nous étions en présence d’une population de jeunes et d’adultes frustrés, qui se sentent exclus, méprisés et qui utilisent toutes sortes de violences pour se faire entendre.

Comme promis six jours plus tard une équipe technique du Ministère de la Santé a été déléguée sur place pour étudier avec les jeunes les différentes interventions possibles bien entendu celles relevant du domaine de la santé publique tout en considérant la santé comme étant le moteur du développement.

Huit jours plus tard nous avons identifié et transféré un directeur médical et un administrateur et certaines nominations essentielles furent effectuées en vue de permettre la reprise des activités à l’hôpital. En même temps nous avons multiplié les contacts à Port au Prince en vue de mobiliser les ressources. Plusieurs institutions telles la FOSREF, l’UNFPA, l’OPS/OMS, la SEJSSC nous ont soutenu dans cette initiative.

Du coté des jeunes militants révolutionnaires, les différents engagements pris furent respectés. Symboliquement un jeune m’a apporté à mon bureau à Port au Prince les clefs d’un véhicule du Ministère de l’Environnement qui avait été séquestré, ceci sans aucune gratification financière. Même certaines armes à feu ont été remises.

A partir de cette date dans le domaine de la santé, les interventions se sont multipliées par le MSPP, la FOSREF, l’OPS/OMS, l’UNFPA, finalement le PL 480 sous un financement japonais et le projet MSPP/BID. Ce sont ces efforts conjugués qui nous ont valu la fête d’aujourd’hui. Nous aurons tour à tour à inaugurer :

· Le nouveau bloc opératoire, une extension de la clinique externe et du laboratoire financés par l’OPS/OMS,

· Le nouveau service d’urgence et la résidence du personnel financés par la coopération japonaise à travers le PL 480.

· D’autres travaux tels la sécurisation des bâtiments, le drainage, le système d’alimentation en eau et l’électrification ont été financés par le MSPP à partir des fonds de la BID.

Ce n’est que la première phase des travaux. Les études sont déjà réalisées pour la réhabilitation de la maternité et de la pédiatrie à partir du projet MSPP/BID. Et l’installation d’une banque de sang financé par les fonds du Gouvernement américain.

Ce fut un chemin tortueux avec des hauts et des bas, compte tenu du manque de moyens financiers de notre côté. La population est restée solidaire, ses relations avec le Ministère de la Santé et ses partenaires se sont améliorées jour après jour pour nous conduire à cette grande victoire que nous célébrons aujourd’hui.

Mesdames Messieurs,

Dans ce contexte, nous ne pouvons passer sous silence la générosité du père Miguel Auguste qui dans le but de faire avancer les actions a accepté de mettre à la disposition du MSPP pour une période de dix années sans rémunération, un local pour faire fonctionner une maison des jeunes, projet identifié par les jeunes eux-mêmes avec notre comité technique. Ce projet en cours d’exécution, nous espérons l’achever avant le départ du Gouvernement de transition.

Chers amis,

Par cette fête, nous voulons envoyer un message clair au monde entier, que l’haïtien est un peuple pacifique, mais qui aujourd’hui comme hier entend lutter contre l’exclusion, qui aujourd’hui comme hier veut participer à la construction de son pays. C’est l’essentiel des leçons que nous avons tiré de cette expérience qui nous a grandi socialement et politiquement. Aussi le ministère de la Santé Publique et de la population s’enorgueillit d’avoir contribué si activement au rétablissement de la paix dans une ville connue pour sa turbulence. Nous saisissons donc l’occasion pour féliciter la population de Petit Goâve, les jeunes en particulier et les encourager à progresser dans le sens de la construction d’une société d’amour pour une paix durable qui est la voie unique qui conduit au développement. Nous félicitons également tout le personnel de santé, d’une façon spéciale le directeur département le Dr Guirlaine Raymond et le directeur médical de l’hôpital Notre Dame le Dr Roussel Toussaint qui ont su faire preuve de beaucoup d’abnégation dans la gestion d’un dossier qui s’était révélé si difficile au début. Nous vous demandons de les applaudir s’il vous plait.

Maintenant c’est le moment pour nous de dire merci à tous ceux qui ont contribué à rendre possible la fête d’aujourd’hui. Pour cela, nous regrettons grandement l’absence du chargé d’affaires du Japon et nous demandons au directeur du PL 480 de se faire l’ambassadeur du MSPP pour transmettre au Chargé d’affaire cette plaque honneur et mérite pour la contribution de son pays au développement de la santé publique en Haïti. Par ce geste nous disons merci au gouvernement et au peuple japonais non seulement pour la population de Petit Goâve mais aussi au nom de tous les enfants d’Haïti qui bénéficient de la générosité du Japon à travers le programme de vaccination dont le Japon finance chaque année à hauteur de 2 millions de dollars américain.

lundi 28 juillet 2008

Discours inaugural Petit Goave (partie2)

Mesdames Messieurs,


Mesdames Messieurs,

Dans la vie il y a des personnages qui se distinguent par leur savoir faire, leur dévouement et leur engagement vis-à-vis des plus faibles. Ces personnalités méritent toutes nos considérations. Ainsi nous appelons la Représentante de l’OPS/OMS Mme Béatrice Bonnevaux pour recevoir au nom de l’Organisation cette plaque Honneur et Mérite pour son engagement envers les populations vulnérables du pays. Dr Bonnevaux par ce geste nous vous disons merci non seulement pour Petit Goâve mais aussi pour Cité Soleil, Aquin, St Louis, Port Salut, j’en passe.

J’appelle maintenant mon ami le révérend père Miguel Auguste à qui nous avons voulu décerner ce certificat honneur et mérite pour sa disponibilité toutes les fois qu’il était question de nous accompagner durant les deux années et pour tout l’intérêt qu’il a manifesté pour l’amélioration des conditions de vie de la population de Petit Goâve.

Avant de conclure mes propos de circonstance je veux au nom du Gouvernement de transition et au nom du Ministère de la Santé, féliciter les firmes d'études et de construction qui ont conduit les travaux avec art et habilité.

Je remercie bien sincèrement tous les partenaires qui ont collaboré avec nous dans les différents projets de Petit Goâve, tous ceux et celles qui sont venus rehausser l’éclat de la fête et d’une façon spéciale les amis de la presse. Au personnel et à toute la population de Petit Goâve, en particulier les utilisateurs de ces facilités je souhaite bonne chance.

A présent je demande à l’assistance d’applaudir chaudement les premiers fonctionnaires du Ministère de la santé, l’équipe de la FOSREF et l’UNFPA qui avaient consenti de m’accompagner dès le début dans cette folle aventure. Je veux citer le Dr Joël Deas, le Dr Myrtha Louissaint, Mme Nirva Duval, le Dr Fritz Moise et son équipe, M. Hernando Clavijo.

Enfin j’appelle le Dr Guirlaine Raymond directeur départemental de l’Ouest et le Dr Roussel Toussaint directeur médical de l’hôpital à venir me rejoindre pour recevoir chacun un certificat pour leur dévouement, leur sens de responsabilité, et leur esprit d’abnégation,

Je vous remercie tous.

Haïti Population et Développement

La surpopulation est elle une entrave au développement d'Haïti ?

Bien souvent, en parlant d’Haïti, on évoque la surpopulation comme étant une contrainte majeure au développement du pays : huit millions d’habitants pour vingt sept milles cinq cent (27,500) kilomètres carrés de superficie.

Une simple revue de documentation nous porte à établir ces comparaisons :
Le Taïwan un pays économiquement fort, compte vingt trois millions d’habitants pour ses trente six milles (36,000) kilomètres carrés.
Le Canada n’est il pas obligé d’importer les ressortissants d’autres pays pour occuper son territoire, travailler se reproduire et faire fructifier le pays?

Dans le concept moderne de développement, on parle de développement humain et non de développement tout court, pour signifier que l’homme doit être au centre de tout programme, projet ou politique de développement. L’homme est à la fois ressources et charges pour un pays.

En Haïti, il est une réalité il n’y a pas une politique de population axée sur le développement. d’ailleurs le mot population est souvent utilisé uniquement dans sa dimension numérique tandis que dans le cadre d’une bonne politique de population le problème doit être vu sous une triple dimension : Spatiale, numérique et ressource humaine qui implique la notion de qualité.

Dimension spatiale

Depuis quelques années nous assistons passivement à un exode rural qui ne fait que créer et alimenter les bidonvilles tant à la Capitale que dans les grandes villes du pays, laissant les sections communales parfois vides. Ne devons nous pas rechercher les causes et agir en sorte que ces hommes et femmes qui croupissent dans la misère loin de leur parents puissent ressentir la nécessité et même l’envie de retourner dans leur ville ou section communale d’origine. L’État a pour devoir de créer des attractions dans ces régions désertées. Une telle politique contribuerait du même coup à améliorer la qualité de vie des concitoyens et l’environnement physique de notre capitale et de nos villes, qui décongestionnées deviendront attrayantes pour les touristes.

Le Gouvernement parle de relance de la production agricole pour arriver à la croissance économique et la réduction de la pauvreté, on est en droit de se demander : Quelle terre on va cultiver? Dans quelle région du pays? Qui va cultiver les terres?

Dimension numérique

Nous avons déjà cité le cas de Taïwan, cependant la taille de la famille a une importance capitale en matière de développement. Le couple le plus aisé actuellement aura certaines difficultés à entretenir une famille nombreuse, ceci même dans les pays dits développés. À ce niveau il y a un besoin urgent d’éduquer les jeunes couples et tous ceux et celles qui sont en age de procréer, sur la nécessité de planifier leur famille, le nombre d’enfants et l’espace entre les naissances.

Malheureusement les efforts de planification familiale peut être mal conduits n’avaient pas trouvé dans le passé un accueil favorable chez certains secteurs qui disaient, que Dieu bénit les familles nombreuses. C’est comme si aujourd’hui Dieu serait en train de châtier les familles haïtiennes et d’autres pays qui sont dans l’impossibilité de nourrir leurs enfants, voir les envoyer à l’école et les vêtir. Même les soins de santé sont un luxe pour ces familles, voir un logement décent.

Au niveau d’une famille de taille réduite les parents trouvent plus de temps pour les enfants. Avec l’encadrement des parents les risques de délinquance sont moindres et la société devient plus équilibrée..

La dimension Ressource humaine

Considéré sous l’angle du développement, l’homme ou la femme est une ressource, quand il en manque dans un pays on l’importe nous avions pris l’exemple du Canada. Mais une condition s’impose il faut qu’il ou elle soit bien formé pour être vraiment utile à la société.

Dans un pays où le taux d’analphabétisme dépasse les 50%, où la qualité de l’enseignement est en chute libre, les habitants sont une véritable charge pour l’État, car ils produisent peu et leurs productions souvent ne sont pas de qualité. Quand on doit tenir compte de la concurrence de la mondialisation, cette situation devient une catastrophe. Voilà pourquoi en Haïti on parle sans cesse des huit millions d’habitants comme une entrave au développement.

Il est impossible de parler de développement, sans considérer l’élément humain. La population doit être vue dans ses trois dimensions, sinon, nous tournons en rond. En d’autre terme il nous faut une vraie politique de population axée sur les trois piliers

Le repositionnement de la population, (relocalisation, regroupement)
L’éducation de la population à la planification de la taille des familles,
La mise à la disposition de la population d’un enseignement de qualité (la réforme du système éducatif devient une priorité des priorités en Haïti)

Il ne sera pas facile, il faudra consentir des sacrifices, qui ne seront possible qu’à partir d’une volonté politique orientée vers le développement durable du pays. La besogne sera ardue, mais le jeu vaudra la chandelle.

samedi 26 juillet 2008

Haïti et la mortalité chez les moins de 5 ans

La réduction de la mortalité des moins de cinq ans un objectif du Millénaire.

Haïti compte aujourd’hui les taux de mortalité infantile et infanto juvénile les plus élevés de la Région. D’ici à 2015 il faut porter au tiers ces taux. Le repositionnement de la PCIME ne doit pas être un geste symbolique si nous voulons faire baisser la mortalité chez les enfants. Le renforcement de nos cliniques externes pédiatriques et de nos pédiatries par l’apport en ressources humaines et matérielles devra être une réalité qui permettra une prise en charge correcte de tout enfant qui se présente à ces cliniques qu’il soit malade ou pas. Si les soins préventifs doivent être gratuits, il est tout aussi important de poser le problème des barrières économiques toutes les fois qu’il s’agit d’un enfant malade. Les soins de santé comme les médicaments coûtent trop chers, l’état doit tout faire, pour baisser les coûts des soins aux enfants

Le renforcement de la vaccination est une impérative. Il est obligatoire que les institutions sanitaires puissent garantir la vaccination tous les jours de la semaine à tout enfant qui les fréquente si l’on veut éliminer les maladies immuno contrôlables. Cette pratique courante vers les années 80 a été abandonnée au profit d’un jour de vaccination par semaine. De plus en l’absence des agents de santé qui sillonnent nos montagnes et nos zones d’accès difficile, il faut envisager la mise en place de stratégie agressive avec des brigades mobiles pouvant atteindre les enfants en zones inaccessibles loin de toute institution sanitaire. Cet ensemble vaccination institutionnelle de routine, agent de santé, brigade mobile à cheval, journées communales pratiquées les jours fériés et une campagne annuelle, nous a déjà permis d’atteindre une couverture nationale de vaccination de plus de 80%. L’expérience des dernières campagnes nous permet d’avancer, qu’elles absorbent trop de temps et trop d’argent pour des résultats vraiment insignifiants.

Au cours de la période 2005 – 2006, il a été prouvé l’efficacité de la stratégie renforcée. Le département sanitaire de l’Artibonite, le plus frappé par la crise sociopolitique de 2003 – 2004, après six mois de vaccination a vu sa couverture vaccinale pour les moins de cinq ans passer de 12 à 45 %. De même une stratégie qui implique la participation active de la population, de la planification à l’évaluation, a permis de vacciner à peu de coût, les enfants de moins de cinq ans de Cité Soleil malgré toute la situation de violence et d’insécurité qui sévissait dans ce quartier ……. (à suivre)

Haïti Politique

Message du Ministre de la Santé Publique
Le Docteur Josette BIJOU
Aux membres du Gouvernement de transition sur la crise politique
Le 10 novembre 2004

Excellence Monsieur le Président
Excellence Monsieur le Premier Ministre
Mesdames Messieurs les Ministres

J’exprime tout mon regret de ne pas pouvoir être avec vous à ce conseil. Je veux tout de même vous faire part de ma plus grande préoccupation concernant l’avenir de mon pays, de notre pays.

Dimanche à l’occasion de la visite du Premier Ministre canadien, ce n’est pas la première fois que nous avons tous conclu qu’il est urgent et nécessaire de réaliser la réconciliation entre les haïtiens. A ma sortie du palais ce jour là, j’ai entendu quelqu’un se prononcer en ces termes :

Nou mande rekonsilyasyon fòk rekonsilyasyon-an pa rete nan pale non. Ces mots m’ont fait réfléchir.

Monsieur le Président
Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues

Connaissant la détermination de vous tous à réaliser une vraie réconciliation, je prends la liberté de partager avec vous mes réflexions.
En ma qualité de Ministre du Gouvernement, d’une haïtienne qui veut participer à la reconstruction de son pays, d’un médecin fatigué d’assister à tant de pertes inutiles de vies humaines, je crois que la réconciliation doit commencer par un dialogue entre le Gouvernement et ses alliés. Là je veux parler de tous ceux qui à un titre ou à un autre avaient dit non à la terreur aristidienne et même certains lavalassiens qui s’étaient tus par peur mais qui souffraient dans leur âme. Pour être plus directe je cite :

· Les jeunes en désespoir et soucieux de leur avenir. On les retrouve à Cité Soleil, au Bel Air, à Petit Goâve un peu partout,
· les militaires démobilisés,
· les membres du Front,
· les organisations populaires.

Ils sont tous armés, mais il faut les différencier des bandits malfaiteurs qui sèment le deuil et la terreur.

Le désarmement de tous ces groupes ne pourra jamais se réaliser par la force des armes sans un carnage quelque soit l’effectif de notre police nationale ou de la MINUSTAH. Il en est de même par de simples petits projets de création de quelques emplois. Pour les avoir écouté en certaines occasions, ce sont des personnes qui se réclament du Gouvernement qui n’ont aucune volonté de créer du désordre mais ils se considèrent comme exclus de leur propre Gouvernement, ils sont donc désespérés.

Monsieur le Président
Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues

Notre Gouvernement n’est pas sorti des élections, il avait cependant une base populaire, solide fondée sur la confiance que plaçait la population sur un groupe d’hommes et de femmes réputés pour leur droiture, leur intégrité et leur compétence. C’est cette même population qui aujourd’hui demande à participer à la reconstruction de son pays. On nous reproche d’être trop renfermés sur nous-mêmes. Il est encore temps de rectifier le tir. Pour cela il convient de faire la différence entre l’information au public par les conférences de presse, les rapports, les publications et autres et le dialogue tant réclamé par la population.

Monsieur le Président
Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues

La force ne peut être et ne doit être utilisée que contre les bandits malfaiteurs qui sèment le deuil dans les familles. Aucun Gouvernement non corrompu ne peut satisfaire l’appétit de ces habitués de la drogue et de la vie facile.

Pour votre édification, je demanderais à ceux qui ne l’ont pas encore fait de lire les rapports de missions effectuées par des équipes du Ministère de la Santé Publique à Petit Goâve et Grand Goâve que j’avais distribués au dernier conseil.

Je veux conclure en vous assurant de mon entière disponibilité pour participer à tout dialogue avec ces groupes.

Je vous remercie

Haïti Société

Haïti Société

Un accident survint, cinq (5) jeunes musiciens et supporter d’un même groupe musical ont trouvé la mort. C’est la consternation dans leur famille et dans la cité.

Moins de quarante huit (48) heures après, on annonce le suicide d’une amie proche de l’un d’entre eux.

La population, les jeunes sont en émoi. Leaders politiques, chefs de partis, membres du Gouvernement, Parlementaires s’empressent, se bousculent pour aller présenter aux parents des victimes leurs sympathies et leurs condoléances. Noblesse exige!

Le jour des funérailles, des centaines de milliers de jeunes et moins jeunes portant pour la plupart la cocarde rouge, symbolisant je ne sais quoi, investissent la place Oxide Jeanty, lieu choisi pour célébrer le dernier hommage à ces jeunes militants du rap créole.

Un Ministre du Gouvernement démissionnaire s’est fait chahuté par plusieurs reprises pour avoir tenté de citer dans son oraison funèbre le nom du Président de la République et du Premier Ministre démissionnaire. Un Président démocratiquement élu.

Nos dirigeants actuels, nos futurs dirigeants, les leaders d’opinion à part leur visite de sympathies et leurs prises de position dans les média, ont-ils pris le temps d’analyser ce phénomène dans toutes ses dimensions?

La vie de ces musiciens compositeurs
Le contenu des messages véhiculés dans leurs chansons
La réaction des jeunes des différentes couches sociales.

On a l’impression que nos dirigeants pensent pouvoir résoudre les problèmes profonds de ce pays à coup d’argent, pour ne pas dire à travers la corruption déguisée. Car, face à tout cela, nous avons simplement entendu annoncer, que la primature va mettre à la disposition du groupe musical "Baricad Crew" un million de gourdes pour monter une fondation.

Quelle sera la mission ou la finalité de cette fondation ?

Nous sommes en droit de nous poser cette question.

Et vous leaders d’opinion, chefs de partis, Parlementaires que pensez vous d’une réaction aussi simpliste?

Vous avez votre mot à dire. Votre silence nous fait peur. Il nous fait rêver des jours encore plus sombres pour notre pays.

Nous ne pouvons nous taire, car, ce serait trahir notre idéal chrétien. …..

samedi 19 juillet 2008

Discours prononcé à l'occasion du colloque sur l'agenda politique pour les enfants d'Haïti

Mesdames Messieurs,

Nous voici réunis ce matin, pour réfléchir sur les problèmes des enfants haïtiens, nos enfants. En la circonstance je veux au nom du Gouvernement de la République et au nom du Ministère de la Santé Publique et de la Population féliciter les initiateurs et les organisateurs de cette rencontre et les remercier pour m’avoir associée à cette initiative si louable.

Pourquoi un colloque sur l’agenda politique pour les enfants à l’approche des élections?

Depuis les années 70 avec la création de la division d’hygiène familiale priorisant ainsi la gratuité des soins maternels et infantiles auxquels s’ajoutaient trois grandes composantes en faveur des enfants : la vaccination des moins de cinq ans, la surveillance nutritionnelle et le programme national de contrôle de la diarrhée infantile et la promotion de l’allaitement maternel. Le Gouvernement d’Haïti avait dès lors opté pour le respect des droits à la santé de l’enfant haïtien.

Ces dispositions avaient conduit à une amélioration significative de la situation de santé des enfants qui s’était traduite par la réduction de la mortalité infantile et infanto juvénile. La mortalité infantile pour laquelle nous disposons des chiffres, était passée de 250 à 74 pour 1000 N.V. en l’an 1995. Vers la même époque ce fut la nationalisation de toutes les écoles congréganistes primaires de province. Cette action avait facilité l’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants de province sans discrimination.

Plus tard en 1989 l’Assemblée Générale des Nations Unies adopta la Convention relative aux droits de l’enfant, à partir de cette convention, l’enfant devient un membre actif de la famille de la communauté et de la société. Haïti ratifia cette convention.

Plus près de nous, Haïti a adhéré aux objectifs de développement du millénaire qui traitent de l’éducation de base pour tous les enfants, de la réduction de la mortalité des moins de cinq ans et de la nutrition; autant d’éléments faisant partie des droits de l’enfant.

Aujourd’hui malgré tous ces engagements pris, la dernière enquête a montré que les soins de santé sont financés dans l’ordre de 48% par les familles, dans le domaine de l’enseignement nous constatons une privatisation non seulement des écoles congréganistes mais de certaines écoles nationales, dans le but d’assurer leur survie. L’éducation primaire est à 90% privée autant de facteurs qui constituent des barrières à l’accès des enfants aux services de base, avec pour conséquence une détérioration de la qualité de la vie des enfants.

Près de 30,000 enfants meurent chaque année pour des causes que nous pouvions éviter.
Environ 173,000 vivent en domesticité et n’ont pas accès à l’éducation et à la santé
2,500 sont dans les rues exposés à tous les dangers
19,000 sont infectés par le VIH/SIDA
200,000 sont devenus orphelins par suite du décès de leurs parents comme conséquence du SIDA ou de la violence.
Nombreux sont aujourd’hui utilisés par les bandits pour exécuter des taches criminelles.

Le tableau de la situation de nos enfants est très sombre, il interpelle toutes les consciences : gouvernants et gouvernés, riches et pauvres, jeunes et vieux, secteur religieux, la presse, parents, professionnels de la santé et éducateurs. Nous avons tous la responsabilité d’œuvrer pour un changement véritable et durable.

Cette rencontre des partis politiques et des candidats est d’une importance capitale dans le sens qu’elle offre l’opportunité aux futurs dirigeants du pays à travers les différentes présentations et les débats de mieux s’informer des problèmes des enfants, des actions qui ont été menées avec succès dans le passé, celles qui sont en cours, des contraintes rencontrées et des défis à relever. De ce fait nous sommes persuadés, qu’ils vont en tenir compte dans leur politique générale sachant que les enfants représentent la garantie du pays.

Chaque enfant a un nom et une histoire. Il a droit à la santé, à l’éducation, à la nourriture, à un logement décent, à la sécurité, aux loisirs, à la protection, à l’affection et à l’amour.

En effet la participation des enfants change la façon de raisonner et modifie la conception des projets et des programmes. Nous les adultes, nous avons rarement cherché sinon jamais recherché l’opinion des enfants et des adolescents quand il s’agit de prendre une décision les concernant.

Mesdames Messieurs,

Membres de partis politiques, candidats et candidates aux différents postes électifs, futurs dirigeants du pays, les défis sont grands, les enfants comptent sur votre détermination et votre sens du devoir bien accompli. Nous autres du Gouvernement de transition, en mettant de l’ordre dans la gestion de la chose publique et par l’attention que nous avons accordée aux objectifs de développement du millénaire, nous pouvons dire que nous avons semé, nous avons bêché, maintenant il revient à vous les futurs dirigeants du pays d’arroser les semences si vous voulez que la moisson soit abondante.

Pour finir, je profite de l’occasion qui m’est offerte pour souhaiter à tous les candidats et candidates ici présents, au nom du Gouvernement et en mon nom propre du succès aux prochaines élections.

Sur ces mots, je déclare officiellement ouvert le colloque sur l’agenda politique pour les enfants. Bon travail à tous.
Je vous remercie.

Discours prononcé le 7 avril 2005 journée mondiale de la santé sous le thème Mères et enfants sains

Journée mondiale de la santé 2005

A l’occasion de la journée mondiale de la santé 2005, sur le thème « Mère et enfant sains » le Ministère de la Santé Publique et de la Population a profité pour lancer du 7 au 14 avril avec la collaboration de l’hôpital de la communauté haïtienne, de l’association des oncologistes haïtiens, de la société d’obstétrique et de gynécologie, une semaine d’activités autour de la santé de la reproduction. Durant cette semaine furent organisées plusieurs actions dont, des séances de détection du cancer cervical. De même, lors de la cérémonie officielle de clôture de la semaine le 14 avril, ce fut l'occasion pour le titulaire du Ministère de la Santé d'annoncer les dispositions prises par le MSPP pour rendre gratuits les soins prénatals dans toutes les institutions sanitaires publiques du pays; ceci en vue de rompre les barrières économiques qui empêchent aux femmes enceintes de bénéficier des soins pendant leur grossesse. Elle a demandé du même coup aux directeurs de départements sanitaires de prendre toutes les dispositions pour faire appliquer cette mesure, tout en essayant de sensibiliser les institutions privées sans but lucratif. En lieu et place d’un discours, la Ministre a profité de la circonstance pour présenter le bilan des réalisations de sa première année de gestion et décréter le 7 avril désormais jour de présentation du bilan annuel de santé par le MSPP.

Voici le discours prononcé à l’inauguration de la semaine de santé le 7 avril 2005 par le Ministre :

Mesdames Messieurs

7 avril journée mondiale de la santé, cette année, la réflexion est centrée sur la mère et l’enfant. Au moment où nous parlons, le monde entier est en train de réfléchir sur les défis posés par la situation de la femme et des enfants.

Le thème de la journée « mères et enfants sains » nous porte à questionner l’avenir du secteur de la santé.

Où sommes nous ?
Où voulons nous arriver?

Trop souvent nous répétons que : les indicateurs de santé sont inquiétants chez nous en Haïti. La Mortalité maternelle, la mortalité infantile comme la mortalité infanto juvénile sont les plus élevées de la Région. Le défi pour nous consiste à faire baisser ces chiffres au quart d’ici 2015.

Qu’allons nous faire pour y arriver?

Seules des stratégies très agressives, appuyées par des actions concertées et soutenues pourraient nous conduire au but visé.

En dépit de tout, nous avons pris la liberté de rêver pour notre pays. Oui nous avons rêvé pour Haïti : un système de santé fort, un système de santé où le secteur privé s’allie au secteur public, pour dire non à la souffrance, non à la mort. Nous avons rêvé des hôpitaux fonctionnels qui fournissent des soins de qualité à toute la population sans discrimination. Des mères et des enfants forts et en bonne santé, capable de contribuer au développement du pays.


Mesdames, Messieurs,

C’est à la construction de cette nouvelle Haïti de ce nouveau système de santé que nous convions tous nos partenaires et amis. Aujourd’hui nous assistons à une montée des chiffres de plusieurs pathologies, le cancer du col et des seins à côté du VIH/SIDA représente un lourd fardeau pour les femmes. C’est donc un réel plaisir pour nous de procéder au lancement de cette journée de dépistage volontaire du cancer cervical chez les femmes. Cette activité ouvre la semaine de santé 2005, semaine au cours de laquelle beaucoup d’actions seront conduites en faveur des mères et des enfants.

Pour débuter la journée, nous voulons saluer les travailleurs de santé de notre pays et ceux du monde entier. Nous disons également Bonne Fête à l’OMS dont ce jour ramène son 57ème anniversaire de création. A tous les partenaires qui nous ont supporté dans la réalisation de l’évènement du jour nous disons un grand merci. Un merci spécial à l’Hopital de la Communauté Haïtienne HCH qui a accepté de nous héberger et également pour l’accueil qui nous a été fait ce matin.

A toutes les femmes qui ont répondu à l’invitation, je leur dis : « kenbe fèm, Gouvènman tranzisyon an ap travay pou yo, avèk yo, pou nou kite yon baz solid ki pou fè sektè sante a pa ka tounen dèyè, jan sa te fèt nan lane 1991, pou tout rèv nou yo ka tounen reyalite ».

A vous tous ici présent, je dis : Bonne Fête.

Sur ce je déclare ouverte la semaine de santé 2005

Merci de votre attention

la promotion de la santé face aux grands défis de santé publique

La promotion de la santé face aux grands défis de santé publique

A partir des différentes réunions tenues à Ottawa, Adélaïde, Sundvall, Genève, Jakarta, Mexico et Bangkok autour de la Promotion de la santé, il fut établi que l’objectif santé pour tous ne pourra être atteint dans les pays en développement, que si l’on s’emploie à promouvoir des politiques, des stratégies et une action sociale axées sur la santé. En un mot il faut intensifier les activités de promotion de la santé et de mobilisation sociale.

Il convient de noter également que les défis sont grands pour les pays en développement.

La plupart d’entre eux se retrouvent aujourd’hui à une phase de transition sanitaire.
Le souci de justice sociale du respect des droits à la santé des femmes, des enfants, des personnes âgées, des personnes handicapées, des travailleurs n’est pas toujours une réalité,
La santé n’est pas encore reconnue comme faisant partie intégrante du développement économique,

Il faut donc tout un plaidoyer par le secteur santé, afin de convaincre les décideurs politiques et les planificateurs qu’il est impératif que les questions de santé soient intégrées dans toutes les activités de développement. D’où la nécessité pour ces pays de renforcer leur stratégie de promotion de la santé.

Par la promotion de la santé on arrive à :

Dispenser à la population les connaissances théoriques et pratiques nécessaires pour mener une vie saine
Faire pression sur les décideurs afin qu’ils tiennent compte de la santé dans leurs politiques publiques et les programmes qu’ils définissent
Faire comprendre que la santé représente un atout politique et économique
Créer des alliances entre les différents secteurs
Susciter le partenariat privé / public; national / international

Autant d’actions susceptibles de créer des environnements propices à l’amélioration des conditions de vie de la population.

Là où le grand public connaît ses droits et ses responsabilités et quand il peut compter sur une volonté politique et une conscience éclairée à tous les niveaux, la santé pour tous devient une réalité, il en est de même de l’atteinte des objectifs de développement du millénaire, elles nécessitent une action conjuguée de tous les secteurs, soutenue par une volonté politique forte.

La promotion de la santé a vu le jour, certes avec l’objectif santé pour tous en l’an 2000. De la santé pour tous « SPT » aux objectifs de développement du millénaire « ODM » il s’agit de deux actions mais une même vision : le bien être de tous. La promotion de la santé constitue donc aujourd’hui encore la stratégie la plus judicieuse pour encourager les activités en faveur de la santé dans tous les pays et faciliter l’atteinte des « ODM ».

Nous devons pour cela :

Recenser les stratégies connues pour leur efficacité en matière de création des environnements propices à la santé
Mettre au point des stratégies nouvelles qui soient capables de susciter et soutenir la volonté politique et y apporter les ressources requises tout en veillant à l’application de ces nouvelles stratégies
Tirer des enseignements de l’expérience acquise par les pays dotés de programmes de santé et de développement bien structurés.


Définition de la Promotion de la santé

La promotion de la santé peut se définir ainsi : l’action politique, éducative et sociale qui sensibilise le grand public aux problèmes de santé et encourage l’adoption de modes de vie sains et l’action communautaire au service de la santé, tout en donnant à la population les moyens de faire valoir ses droits et d’exercer ses responsabilités par une action sur l’environnement, sur les systèmes et les politiques en vue de les faire contribuer aux progrès sanitaires et au mieux être de tous.

La Promotion de la santé est un élément essentiel du développement sanitaire. Par la Promotion de la santé on agit sur les déterminants de la santé et on contribue à la croissance économique

La Conférence de Jakarta propose une vision d’ensemble de la Promotion de la santé au XXI ème siècle. Elle a redéfini les déterminants de la santé en considérant de nouveaux défis, tels : les tendances démographiques, l’urbanisation, l’augmentation du nombre de personnes âgées, les maladies chroniques, l’augmentation de la toxicomanie, les troubles civils, les violences, la réémergence de certaines maladies, les troubles mentaux, la résistance aux antibiotiques et autres drogues, l’émergence de nouvelles pathologies, la mondialisation de l’économie du marché et du commerce, la dégradation de l’environnement et l’accès généralisé aux média et aux techniques de communication

Depuis la conférence de Jakarta il est prouvé que la meilleure stratégie de promotion de la santé doit tenir compte à la fois des cinq domaines de la charte d’Ottawa…….

mercredi 16 juillet 2008

Historique de la promotion de la santé

Historique de la promotion de la santé

Au cours de l’assemblée mondiale de la santé de 1977 fut décidé que le principal objectif social des Gouvernements et de l’Organisation Mondiale de la Santé au cours des prochaines décennies devrait être de faire accéder les peuples du monde entier à un niveau de santé leur permettant de mener une vie socialement et économiquement productive. D’où l’adoption du fameux objectif : Santé Pour Tous en l’an 2000

Quelques mois plus tard en 1978, l’OMS et de l’UNICEF ont convoqué une conférence à Alma Ata, à laquelle conférence 134 pays ont participé. Tous ont souscrit à l’objectif santé pour tous en l’an 2000. A l’issu de cette rencontre fut signalée :

La nécessité de mettre en place des stratégies rationnelles à travers les soins de santé primaires.
La nécessité d’une réallocation des ressources mondiales utilisées pour le financement d’armes et des conflits armés.

Un puissant appel en faveur d’une politique de paix, de détente et de désarmement fut lancé par les participants de cette conférence.

La conférence d’Ottawa

A partir de Alma Ata plusieurs conférences et groupes de travail ont eu lieu sur la promotion de la santé. La première en 1986 à Ottawa réunissait des pays industrialisés, elle a débouché sur la première charte de promotion de la santé qui propose une stratégie avec cinq domaines d’activité dont :

L’adoption par les pouvoirs publics d’une politique favorable à la santé
La création d’environnements propices à la santé
Le renforcement de l’action communautaire
Le développement des qualifications personnelles
La réorientation des services de santé

Les participants de la conférence d’Ottawa se sont engagés :

A se faire les avocats d’une politique qui soit clairement favorable à la santé et à l’équité dans tous les secteurs
A combattre les inégalités en matière de santé et à faire reconnaître que la santé constitue un investissement capital et un défi majeur à relever pour toute société.

Conférence d’Adélaïde

Deux années plus tard les pays industrialisés se sont réunis à Adélaïde pour une deuxième conférence qui a mis l’accent sur le premier des cinq domaines de la conférence d’Ottawa : l’adoption par les pouvoirs public d’une politique favorable à la santé

Conférence de Genève

Il a fallu attendre 1989 pour que soit réuni à Genève un groupe de travail sur la promotion de la santé dans les pays en développement. Ils ont défini une stratégie « a call for action »

Dans ce document, il est clairement dit que seule une action promotionnelle soutenue peut susciter et entretenir une volonté politique qui est un élément indispensable à l’élaboration et l’application de politiques publiques favorables à la santé dans tous les secteurs. Il est aussi souhaitable que des alliances soient conclues entre les différentes branches de l’administration centrale et entre l’administration centrale et la collectivité.


Conférence de Sundsvall

En 1991 une nouvelle conférence a eu cette fois ci des préoccupations mondiales puisque le thème choisi était le second domaine de la conférence d’Ottawa : la création d’environnements favorables. Il s’agit d’environnements pris au sens large incluant les environnements sociaux, politiques, économiques, culturels aussi bien que l’environnement physique.


La conférence de Jakarta

En 1997 a eu lieu à Jakarta la quatrième conférence sur la promotion de la santé, sous le thème « à ère nouvelle acteurs nouveaux » ce fut la première conférence tenue dans un pays en développement et qui a associé le secteur privé à la promotion de la santé.

Ce fut l’occasion pour les participants de réfléchir sur les leçons apprises sur la promotion de la santé, de réexaminer les déterminants de la santé, de définir les orientations et les nouvelles stratégies pour relever le défi de la promotion de la santé au XXI ème siècle.

Les participants à la conférence de Jakarta ont reconnu la santé comme étant un droit fondamental et un facteur indispensable au développement économique et social.

A partir de Jakarta il est établi que les meilleures stratégies de Promotion de la santé sont celles qui utilisent globalement les cinq domaines de la charte d’Ottawa.


La conférence de Mexico

En l’année 2000 la conférence de Mexico sur la promotion de la santé réunit les Ministres de divers pays. Voici l’une des résolutions les plus pertinentes :

Les gouvernements doivent travailler au développement économique et social de leur pays et promouvoir l’équité. La promotion de la santé devra être une priorité dans tous les programmes de santé à l’échelle nationale régionale et locale.

A la conférence de Mexico, les participants ont montré comment la promotion de la santé a contribué à accroître l’efficacité des politiques programmes et projets de santé. .

La conférence de Bangkok

La conférence de Bangkok tenue en 2005, se situe au cœur de la mondialisation. La charte qui en est sortie définit les mesures et les engagements nécessaires pour agir sur les déterminants de la santé par la promotion de la santé à l’heure de la mondialisation.
Elle reprend et complète les valeurs les principes de la charte d’Ottawa et des autres conférences sur la promotion de la santé.

lundi 14 juillet 2008

La réduction de la mortalité maternelle un objectif du millénaire

La réduction de la mortalité maternelle objectif no 5 du millénaire.

En Haïti, le taux de mortalité maternelle est le plus élevé de la Région, avec une tendance à la hausse au cours des dernières années. En 1995 alarmé par cette situation, le Ministère de la Santé déclara la réduction de la Mortalité maternelle la première priorité de santé du pays. En 2000, après avoir constaté une aggravation du taux de cette mortalité, la santé de la reproduction est devenue la porte d’entrée du système.

Qu’avons-nous fait de toutes ces déclarations?

Aujourd’hui l’état de délabrement de nos maternités est loin de témoigner cette volonté. Nous savons tous, les pathologies qui tuent les parturientes en Haïti. Ce sont les éclampsies, les hémorragies, les infections et les dystocies. Il devrait être facile d’y remédier, mais trop souvent une femme rentre à l’hôpital en état de pré éclampsie et meurt après plusieurs heures faute de se procurer les médicaments prescrits.

Il a fallu attendre 2005 pour voir l’adoption d’un décret consacrant la gratuité des soins prénatals et des urgences obstétricales. Cette politique publique était en vigueur les années 70 avec la création de la division d’hygiène familiale qui avait mis en place le premier programme national de santé maternelle et infantile. C’est donc l’occasion pour nous de rappeler l’importance de ce décret qui oblige les responsables financiers à budgétiser un montant pour la santé maternelle.

Si l’on veut atteindre l’objectif de réduction aux trois quarts de la mortalité maternelle d’ici 2015 prescrit dans le cadre des ODM, la barrière économique doit être éliminée, les soins de qualité doivent être à la portée de toutes les femmes enceintes et celles qui accouchent.

Qu’en est-il du suivi du projet de réhabilitation physique des maternités? projet qui visait à parer aux déficits de service et à rendre les soins fournis aux femmes conformes aux normes de qualité. Sans vouloir faire de leçon à quiconque, pour réduire la mortalité maternelle, il est obligatoire que les institutions sanitaires soient dotées des ressources humaines qualifiées et des ressources matérielles en quantité suffisante. De plus les responsables doivent établir dans leur programmation des indicateurs clairs et assurer le suivi de ces derniers.

Oui un programme bien structuré de planification familiale a toute son importance dans la concrétisation non seulement de cet objectif, mais aussi dans la réduction de la pauvreté. Cependant on ne saurait réduire la planification familiale au simple geste de distribution de condom pour empêcher des grossesses non désirées. S’il en était ainsi, on ne saurait pas aujourd’hui en train de repositionner la planification familiale, car des condoms on en a distribué au fil des ans. L’éducation des jeunes et des personnes à risque qui s’est prouvée plus efficace dans d’autres pays, reste la plus négligée chez nous. Nous invitons les responsables à réfléchir sur leur comportement face à leur responsabilité.

Mes réflexions autour de la réduction de la mortalité maternelle en Haïti

Mes chers amis (es) internautes chers collègues

Je sors de mon silence après plus de deux années que j’aie laissé le poste de Ministre de la Santé de mon pays, non pas pour critiquer mes prédécesseurs ou mon successeur, ni simplement pour me faire lire. Je veux aujourd’hui même, réveiller la conscience nationale et inviter toutes les associations du pays qui se sentent concernées par les questions de santé : l’association médicale haïtienne « AMH », et sa filiale la société d’obstétrique et de gynécologie « SHOG », l’association nationale des infirmières licenciées d’Haïti « ANILH », les infirmières sages femmes, l’association de santé publique d’Haïti « ASPHA », l’association des technologistes médicaux « ATMH », l’association des pharmaciens et le dernier né l’association des hôpitaux privés d’Haïti « AHPH » à se mettre ensemble pour poser le problème de la réduction de la mortalité maternelle dans sa triple dimension. Savoir :

La disponibilité des services sur l’ensemble du territoire nationale,
La qualité des soins disponibles aux différents échelons de la pyramide sanitaire,
L’accès aux soins de qualité pour toutes les femmes enceintes.

De cette réflexion devront sortir des recommandations claires et pertinentes qui seront soumises au pouvoir, dans l’espoir que le Parlement tout comme le Ministère à la condition féminine et aux droits de la femme sauront faire le suivi méthodique de ces recommandations, car l’accès à une maternité sans risque est un droit fondamental de toute femme, et le respect des droits humains est un élément fondamental de la démocratie.

D’après la tendance révélée par les différentes enquêtes EMMUS, ainsi que les faits signalés dans la publication précédente, que personne ne me dise, que le pays est sur la bonne voix pour réduire son taux de mortalité maternelle, parce qu’un plan est en élaboration. Je dis non. Car des plans, on a déjà élaboré plusieurs.

Qu’on ne me dise pas, que le pays est sur la bonne voix, parce qu’on va construire une cinquantaine de centres avec l’aide des cubains, je n’y crois pas, les cubains sont dans le système depuis près de neuf années, ils n’ont pas su faire le miracle attendu.

Qu’on ne me dise pas qu’on est sur la bonne voix parce qu’on va faire un roulement de jeunes spécialistes en obstétrique, je n’y croirai pas, avant qu’on me prouve que le taux de mortalité maternelle est acceptable dans nos centres de formation pour citer l’HUEH, la maternité Isaïe Jeanty et l’hôpital la Paix de Delmas 33.

Qu’on ne me dise pas non plus, qu’on est sur la bonne voix parce qu’on a repositionné la planification familiale. L’enquête EMMUS IV a montré une augmentation du taux d’utilisation des méthodes contraceptives au cours des dernières années alors que le taux de mortalité maternelle a connu une hausse pour la même période.

Qu’on ne me dise pas qu’on est sur la bonne voix, parce que les autorités sanitaires viennent de lancer un projet de gratuité des soins. Je me permets d’interroger la qualité des soins fournis, quand on pense à la qualité de la formation et au manque de supervision des professionnels de santé.

Chers amis, chers collègues, ensemble mettons nous au travail, 2015 c’est dans sept années. Dans le cadre des objectifs de développement du millénaire, Haïti a pris l’engagement de porter son taux de MM au quart du chiffre de l’année 2000, c'est-à-dire le quart de 523 pour 100,000 N.V. Le pays a besoin de nous. Notre seul orgueil doit être, la volonté de léguer à nos progénitures une nation digne de son histoire de première République noire indépendante.

mardi 8 juillet 2008

Brève Historique de la mortalité maternelle en Haïti

La Réduction de la mortalité maternelle en Haïti : un enjeu! Un défi!

En santé publique, comme dans tout autre domaine, le présent et l’avenir se construisent sur la connaissance et les expériences du passé; d’où l’importance accordée aux antécédents dans la planification de tout programme ou projet. Pour ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle en Haïti, l’histoire est longue : vers les années 70 la mortalité maternelle oscillait entre 1000 et 1500 décès pour 100,000 naissances vivantes, dans certains hôpitaux elle atteignait même 1800 décès. De mémoire à mon arrivée dans la région Sud vers les années 79, la mortalité maternelle à l’hôpital Saint Antoine de Jérémie atteignait 1800 et dans le district des Cayes 1394 pour 100,000 N.V. Les années 72, 73 ont vu naître la division d’hygiène familiale et la mise en place de tout un train de mesure devant conduire à l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Programme mieux connu sous le sigle PMI/PF protection materno infantile et planification familiale. Avec ses différentes composantes :
Le renforcement des services de santé à tous les niveaux du dispensaire à l’hôpital universitaire, par :
la réhabilitation physique des maternités, des pédiatries et parfois des cliniques externes quand il était nécessaire,
la dotation en équipements, matériels, médicaments et fournitures des susdits services,
l’affectation du personnel en quantité suffisante et la formation de ce personnel à la technique et à la gestion des soins,
l’organisation d’un service de statistiques dans tous les hôpitaux de district en vue d’améliorer la gestion de l’information
L’organisation de la communauté et l’affectation des agents communautaires pour la sensibilisation de la population; la tenue des cliniques mobiles,
Le renforcement des bureaux de district, de sous district et plus tard des bureaux régionaux.
L’adoption d’une politique publique consistant en la gratuité des soins prénatals, des urgences obstétricales et de certains soins aux enfants de moins de cinq ans,
Le suivi régulier par la supervision et l’évaluation périodique à travers les rapports mensuels et annuels.

De ce fait, des soins de qualité étaient à la disposition des femmes de toutes les couches sociales et économiques, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire et durant tout le cycle de leur grossesse à l’accouchement et durant le post partum.

Les différentes mesures prises ont permis de faire baisser la mortalité maternelle, pour la porter en 1995 à 457 décès pour 100,000 N.V, (réf : EMMUS II). Chiffre estimé inacceptable puisqu’il était le plus élevé des régions de l’Amérique et de la Caraïbes. À cette époque trois « 3 » agences du système des Nations Unies : OPS/OMS, UNICEF, UNFPA ont décidé de faire front commun pour mieux assister le Ministère de la Santé Publique dans sa lutte pour la réduction de la mortalité maternelle. Un plan stratégique fut élaboré en accord avec le MSPP, une évaluation des besoins obstétricaux non couverts fut conduite. La réduction de la mortalité maternelle est décrétée la première priorité de santé par le Ministère. Beaucoup d’actions furent entreprises. Signalons l’arrivée des professionnels cubains vers les années 98 pour renforcer le système. Ces derniers ont été déployés à travers les dix départements sanitaires.

En l’an 2000, l’enquête de morbidité mortalité et utilisation des services EMMUS III va montré une aggravation de la mortalité maternelle qui est passée de 457 à 523 décès pour 100,000 N.V. Alarmé par la situation le MSPP décréta la santé de la reproduction non seulement la première priorité mais aussi la porte d’entrée du système de santé. En même temps fut mise en place la direction de la santé de la reproduction qui était jusque là un service au sein de la direction de santé de la famille. Le plan stratégique de réduction de la mortalité maternelle va subir certaines modifications pour mieux l’adapter aux besoins du système. Cette fois ci certaines communes du pays réunies en unité communales de santé vont bénéficier d’une plus grande attention. Beaucoup d’actions vont être entreprises Voilà qu’en 2005 l’enquête EMMUS IV nous présente une mortalité maternelle à 630 décès pour 100,000 N.V, encore une hausse.

Ce chiffre ne m’étonne nullement, quand je me remets au soir du 9 juin 2004, Ministre de la Santé Publique, j’étais en réunion aux Cayes avec le staff de l’hôpital Immaculée Conception, l’hôpital départemental, l’hôpital de référence pour l’ensemble du département, il était 9 heures du soir, quand le chef de service de la maternité prit la parole pour nous apprendre que, depuis 4 heures de l’après midi, une femme enceinte est arrivée à l’hôpital en pré éclampsie et qu’à l’heure où il nous parlait, aucune médication ne lui a été administrée, parce que les parents n’avaient pas les moyens pour se procurer les médicaments prescrits. Cela me donnait matière à réfléchir. De retour à Port au Prince, j’ai instruit la direction de santé de la famille de l’urgence pour le Ministère de la Santé Publique de se pencher, sur la faisabilité d’une politique rétablissant comme par le passé la gratuité des soins prénatals et des urgences obstétricales. Il est inadmissible qu’une femme rentre en pré éclampsie dans un hôpital et qu’elle passe 4 à 5 heures de temps sans recevoir des soins appropriés, avec tous les risques de tomber en éclampsie et de mourir ainsi que son bébé. L’évaluation a montré que cela devait coûter environ une bagatelle de douze millions de gourdes pour une année, quand on pense à tous les gaspillages qui se pratiquent dans l’administration publique.

À l’occasion de la journée mondiale de la santé, le 7 avril 2005 dédiée cette année là à la santé de la mère et de l’enfant, le Ministère a profité pour annoncer officiellement sa décision de rendre gratuit les soins prénatals dans toutes les institutions sanitaires publiques, dans le but de rompre les barrières économiques. Répondant à notre appel le Canada a fourni à deux « 2 » agences du système des Nations Unies l’UNICEF et l’UNFPA, une somme de plus de cinq (5) millions de dollars US pour assister le MSPP dans trois « 3 » départements, le Nord, le Nord Ouest et l’Artibonite durant cinq années. L’OPS/OMS a accepté de poursuivre son action dans le département du Sud. De ce fait le Ministère de la Santé avait plus de force pour présenter et faire adopter en conseil des Ministres un décret consacrant la gratuité des soins prénatals et des urgences obstétricales dans les institutions publiques, car il restait seulement six départements à couvrir par le trésor public. Ce décret adopté en juillet 2005 et effectif à partir d’octobre 2005, visait à pérenniser cette action par la dotation d’un budget au programme de santé maternelle, mais malheureusement comme tant d’autres il a été sans doute mis en veilleuse.

Cette hausse de la mortalité maternelle, j’ai dit, ne m’étonne pas, car Ministre de la Santé, je l’avais même prédite dans un de mes discours, après avoir fait le constat de l’état de délabrement des maternités des principaux hôpitaux publics du pays, le manque d’équipement, de médicaments, le manque d’encadrement du personnel et le manque de ressources humaines qualifiées depuis plusieurs années. Il est vrai qu’il existe une école de formation des infirmières sages femmes mais ces dernières ne sont pas engagées automatiquement après leur formation, quand elles le sont, elles n’étaient pas rémunérées régulièrement. à suivre.......