mardi 2 décembre 2008

Discours d'investiture au poste de Ministre de la Santé Publique le 18 mars 2004

Mesdames Messieurs,

Permettez que j’initie mes propos de circonstance en formulant mes remerciements à l’endroit de leurs excellences, le Président provisoire de la République, Maître Boniface Alexandre et le Premier Ministre Monsieur Gérard Latortue pour la confiance qu’ils ont placée en moi.

Quand aux membres du conseil des sages, comment ne pas leur rendre publiquement l’hommage mérité pour ce sacrifice consenti, car depuis environ deux semaines ils se sont attelés au travail avec un dévouement exemplaire et un désintéressement sans pareil dans l’unique but de doter la nation d’un Gouvernement capable de conduire à bon port ce navire aujourd’hui en dérive. Soyez en félicité, le pays tout entier vous rendra le tribut.

Femme de terrain mon premier poste administratif a été celui de coordonnateur d’un projet de développement et de santé intégré dans le Nord Ouest (Jean Rabel, Bombardopolis, Baie de Henne, Mole Saint Nicolas). Poste qui a culminé avec celui de directeur de district de Jacmel et directeur de la Région sanitaire du Sud. D’autres fonctions m’ont été également profitable avec des postes de consultant occupés tant à la Banque Mondiale qu’à l’OPS/OMS, l’ensemble de ces expériences ont valu peut être mon choix au poste de Ministre de la Santé Publique et de la Population.

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans ma carrière professionnelle. Cet évènement qui me comble d’émotions, je le dois aux sacrifices de tous ceux qui m’ont offert leur collaboration durant mes trente six années de vie professionnelle et à la communauté haïtienne qui m’a offert un large champs d’expérience.

Ce sentiment de gratitude je veux l’étendre sur mon cher pays qui m’a tout donné et pour lequel aucun sacrifice n’est trop grand. Je veux rappeler à l’intention de tous, que je fais partie d’un Gouvernement de transition qui est en charge pour un temps déterminé. Donc le temps presse et il est à l’action.

Mesdames messieurs,

Le pays est en lambeau. Le tissu social déchiré est à recoudre. Rien que dans le secteur santé les indicateurs suivants parlent d’eux-mêmes :

La mortalité maternelle est passée de 457 à 523 pour 100,000 NV de 1995 à 2000
La mortalité infantile de 74 à 80 pour 1000 NV au cours de la même période
La prévalence du SIDA est de 4,6%

Soit les indicateurs les plus élevés des Caraïbes et de la Région de l’Amérique.

Une couverture en eau potable de moins de 50%
Une couverture en collecte et disposition des déchets solides de moins de 23%

Ces quelques indicateurs sont édifiants et nous tracent déjà le chemin à prendre, celui du redressement de notre système à tous les niveaux central, départemental, communal et local.

Mesdames messieurs les cadres et fonctionnaires du Ministère,

Je compte sur vous pour redynamiser ce Ministère. Beaucoup de compétences s’y trouvent et nous avons la certitude que vous ne marchanderez pas votre collaboration pour la pleine réussite de cette mission.

Déjà nous sommes en mesure d’annoncer quelques actions urgentes qui seront prises par le Ministère.

Le renforcement des centres hospitaliers et la réouverture des hôpitaux fermés afin de soulager la souffrance de la population
La poursuite et le renforcement du programme de vaccination pour couvrir rapidement les zones les plus frappées par la crise telles que Gonaïves et ses environs où la vaccination avait été interrompue pour des raisons de sécurité.
La sécurité du personnel et des malades dans les centres hospitaliers bénéficiera d’une grande attention en concertation avec d’autres Ministères.
De même le Ministère de la Santé s’efforcera de proposer une réponse appropriée aux problèmes des ordures entassées dans les différentes artères de la capitale et qui représentent une menace pour la santé de la population.

Mesdames Messieurs,

En cet instant décisif de notre vie de peuple, je lance un appel pressant à toutes les associations du secteur santé et à la société civile en général pour leur signifier que le Ministère est ouvert à toutes suggestions en vue d’atteindre notre objectif commun qui est de relever le niveau de notre système sanitaire dont aujourd’hui nous sommes loin d’être fiers. Mon Ministère privilégiera notamment les actions de terrain, car nos sœurs et frères ont besoin pour bien vivre d’un environnement sain.

Appelé donc à protéger la vie, le Ministère de la Santé que je dirige aura pour boussole l’amour et la concorde. N’est ce pas Mesdames Messieurs, dans l’amour que la vie est conçue. C’est donc avec et par amour qu’on pourra la protéger et la préserver. Entre les filles et fils d’une même Nation, je prône l’esprit de tolérance sans pour cela sombrer dans l’impunité. D’ailleurs un chef responsable doit exiger de son personnel la compétence et la discipline. Je veux d’ors et déjà rassurer tout un chacun qu’il n’y aura aucune chasse aux sorcières, par contre mon administration aura pour souci de mettre la bonne personne à la bonne place.

Aux amis et partenaires internationaux oeuvrant dans le secteur santé je tiens à les remercier pour leur appui constant surtout pendant cette période difficile que vit mon pays. Je veux continuer à compter sur leur soutien. Un remerciement spécial va à l’Organisation Panaméricaine de la Santé/Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS) qui m’a accueillie pendant ces douze dernières années et m’a permis d’acquérir une expérience supplémentaire que j’estime utile pour exercer cette nouvelle tâche.

Je ne saurais rester indifférente aux multiples actions humanitaires de la Croix Rouge Haïtienne, qui a su faire montre d’un haut niveau de professionnalisme et de neutralité à l’occasion de la crise. J’ai été personnellement touchée par l’initiative de quelques médecins, infirmières et personnel administratif de faire fonctionner quelques services de l’hôpital de l’université d’état d’Haïti afin d’accueillir les urgences de jour.

En acceptant ce poste de Ministre de la Santé dans une conjoncture si particulière, je ne minimise pas les risques, mais vivre c’est prendre des risques, et comment peut on avoir peur quand on a tous les atouts que je viens de citer et qu’on est sûr de pouvoir compter sur l’appui du Très Haut. Ainsi Mesdames Messieurs pour débuter ma mission, comme les chevaliers d’autre fois au départ d’une sainte croisade, je dis à mon équipe : en avant que Dieu nous soit en aide.

Pour finir, je remercie très sincèrement les parents et amis qui sont venus m’entourer de leur affection, je leur dis que je compte beaucoup sur leurs prières et leur soutien moral. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas les décevoir.

Je vous remercie.

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