Lettre adressée à Madame Michelle D. PIERRE LOUIS
Premier Ministre du Gouvernement de la République
Excellence,
J’ai l’honneur de vous présenter mes compliments pour votre accession à la tête du Gouvernement de la République. Aussi je félicite votre courage à un moment si difficile de la vie nationale, ou même la nature ne nous est pas favorable.
Le but de ma correspondance est de vous exprimer ma grande préoccupation concernant la situation qui prévaut aux Gonaïves. Quelques deux mois après le passage des cyclones Hanna et Ique, les gonaïviens font face à de sérieux problèmes : manque de nourriture en raison de l’insuffisance de l’aide alimentaire, qui de plus est détournée, selon les déclarations faites à la presse par les dirigeants mêmes, une prise en charge sanitaire inadéquate et des mesures d’assainissement insuffisantes dues à la pénurie de ressources et la mise en place de stratégies peut être peu adaptées à la situation.
Tenant compte de toutes mes expériences de la gestion des intempéries, je pense, qu’il peut être utile de formuler à l’endroit du Gouvernement que vous dirigez, ces quelques recommandations. Soyez persuadée Madame qu’il s’agit simplement du cri d’une haïtienne fatiguée d’entendre trop de choses négatives de son pays, c’est le cri d’une professionnelle désireuse de partager ses expériences avec les autres, enfin, c’est le cri d’une chrétienne qui ne veut pas rester indifférente à la souffrance des autres.
Excellence,
Dans ces circonstances : une situation très complexe avec de multitude priorités et des ressources très limitées. Il faut toujours identifier la priorité des priorités, qui doit consister dans le cas qui nous intéresse, en la protection des groupes vulnérables, si on veut prévenir d’autre catastrophe humanitaire, ce qui n’a pas été fait selon les informations diffusées.
Qui sont ces groupes vulnérables ?
Les données rapportées des Gonaïves par la protection civile, parlent d’épidémie d’accouchements après les cyclones; dans ce cas, il doit y avoir : un nombre élevé de nourrissons et de mères allaitantes, à ce groupe il convient d’ajouter les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de la grossesse, les enfants en âge préscolaire, les vieillards et les handicapés physiques.
Comment les protéger ?
Dans la situation que vit actuellement Gonaïves, les responsables n’ont pas le choix, il faut déplacer ces groupes, non pas vers d’autres centres d’hébergement, mais plutôt en essayant de leur trouver dans les villages avoisinants, des familles d’accueil pour une durée de deux ou trois mois, le temps de rendre l’environnement plus adéquat aux Gonaïves. Moyennant l’État, à partir de toute l’aide qu’on annonce par la voix des ondes, donnerait à chaque famille relogée, une allocation de nourriture et une subvention financière. De la sorte ces personnes qui n’ont pas les moyens de se battre pour obtenir une ration alimentaire au moment des distributions régulières, seront servies.
Pour votre information, certaines familles avaient tenté de se déplacer vers Gros Morne; mais arrivées là bas, elles se sont retrouvées sans aide, elles ont du rembourser chemin, juste pour pouvoir bénéficier d’une ration alimentaire.
Parallèlement, le nettoyage des écoles devrait faire l’objet d’une attention spéciale. Au lieu de dire que seules les femmes sont reçues au moment des distributions de nourriture et qu’elles vont par la suite, se faire enlever de force cette ration par des hommes affamés, on pourrait faire travailler les hommes et les femmes en bonne condition physique dans le nettoyage des écoles et leur payer 50% en nourriture et 50% en espèce. Tout le monde serait servi. Il y aurait moins de mécontents, moins de personnes affamées et moins de risque de détournement de l’aide alimentaire.
Les écoles une fois nettoyées, les enfants devront retourner à l’école. Encore à partir de l’aide annoncée, l’État devrait fournir à ceux dont les parents ont tout perdu et ne peuvent sortir leur tête de l’eau, au moins deux uniformes, une paire de chaussures et le matériel scolaire. A l’école, les dispositions doivent être prises pour nourrir les élèves soit deux repas par jour. Les professeurs devront établir des programmes spéciaux qui dispensent les enfants mal logés, de devoir de maison ou autres travaux similaires. Il serait louable que des buanderies soient installées dans certaines écoles pour faciliter les élèves qui en ont besoin. Installés confortablement dans les salles de classe les élèves pourront recevoir l’appui psychologique. Il en est de même des personnes relogées.
Ensuite, envisager suivant un zonage pré établi, une assistance aux habitants qui le nécessitent, pour le nettoyage de leur résidence, en priorisant les femmes chef de famille. Progressivement, qu’on nettoie les maisons, les travaux publics et les autres compagnies engagées dans le nettoyage, se chargeront de débarrasser les rues de la boue. Les autorités auront le soin d’informer la population de la stratégie en vue de rétablir la confiance. Enfin viendront les grands travaux de curage, de drainage, de protection des mornes. Etc.
Cette approche rationnelle devrait permettre de contourner certaines difficultés telles que : les menaces d’épidémie de malnutrition et de toutes les pathologies liées à un environnement insalubre comme la diarrhée, la typhoïde, les infections respiratoires aigues, la sarcoptose, la malaria pour ne citer que celles là.
Voilà en peu de mots, quelques recommandations autour de la situation des Gonaïves après le passage des deux cyclones. C’est ma modeste contribution. Je souhaite qu’elle puisse servir à améliorer le sort de mes compatriotes Gonaïviens.
Veuillez agréer Excellence, les sentiments de ma très haute considération
Dr Josette BIJOU M.D
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