jeudi 23 octobre 2008

L’hôpital de l’université d’état d’Haïti « HUEH » un imbroglio!

Qui peut diriger un hôpital? Qui doit diriger un hôpital?

Ce sont les questions que l’on se pose souvent face à l’imbroglio dans lequel se trouve aujourd’hui plongé l’HUEH.

J’ai fréquenté l’hôpital de l’université d’état d’Haïti vers les années 60, à l’époque j’étais étudiante. L’hôpital avait un administrateur non médecin, qui était l’autorité permanente, la direction médicale assurée par un médecin chef de service était tournante chaque deux mois. C’était l’époque florissante de l’hôpital, époque où cette institution était en mesure de jouer pleinement son rôle de centre de formation. Les produits qui en sortaient, médecins et infirmières étaient très recherchés partout dans le monde pour leur grande formation académique et leur niveau élevé de pratique. Ils étaient surtout très respectés de la société haïtienne. Ils faisaient la fierté du pays.

À entendre cela, on aurait tendance à croire que les médecins ne peuvent vraiment diriger l’hôpital, comme le dit le commun des mortels. Mais aussi, nous voulons souligner à l’époque, la présence constante des religieuses qui assuraient le rôle de super intendance. Elles étaient sur place dans les différents services de 6 heures du matin à 6 heures du soir. Qui peut oublier sœur Lucia, sœur Anne Marie pour ne citer que celles là. C’étaient des personnes qui avaient consacré leur vie, leur temps pour le bien être des malades.

Je me rappelle, un jour, au cours de mon internat, parlant à l’une des religieuses étrangères, je lui dis avec une note de fierté : ma sœur je suis haïtienne, elle m’a répondu quel âge avez-vous docteur? J’ai dit vingt cinq ans ma sœur, elle m’a répondu : je suis plus haïtienne que vous car j’ai vingt six ans au pays.

Depuis le renvoi des religieuses en 1991, l’hôpital traverse des moments inexplicables. On dirait qu’il s’agit d’une institution non dirigeable. De tout cela, le grand drame c’est qu’on a l’impression parlant de l’HUEH, même les dirigeants du pays l’assimile à un simple hôpital pour les pauvres et les démunis. On oublie qu’il s’agit d’un centre de formation. Les médecins qui évoluent dans les principaux hôpitaux et centres privés du pays, passent par l’HUEH pour leur formation, et que, personne ne peut donner ce qu’il n’a pas reçu. À ce titre, tout dirigeant sérieux doit se faire le devoir d’accorder à l’HUEH toute l’attention qu’il mérite, en lui dotant des ressources à la dimension de sa vocation.

Quant à l’organisation de ce grand centre hospitalier multi pavillonnaire, comptant 700 lits, plusieurs schémas ont été proposés dans le temps, le plus recommandé est celui qui consiste en la décentralisation administrative des services en vue de faciliter la tâche de l’administration par un meilleur contrôle. Ce schéma qui avait permis durant la période 2005- 2006, une amélioration significative de la situation de l’hôpital devrait à la longue redonner à cette institution son prestige d’antan, moyennant l’assignation de ressources nécessaires.

Aujourd’hui l’HUEH compte cinq directeurs assistés d’un conseil d’administration de vingt et un membres. Mais, dans l’administration, ce n’est pas le nombre qui est le plus important, il faut toujours placer la bonne personne à la bonne place et éviter les jeux de petits copains. Trop souvent on ignore ou bien on fait semblant d’ignorer que la gestion est une discipline spécialisée que l’on apprend.

La situation de l’HUEH me préoccupe au premier plan, car je me demande perplexe quelle appréciation fera t-on dans quinze ans, dans vingt ans du diplôme délivré par la Faculté Médecine de l’UEH. Je souhaite que les dirigeants du Ministère de la Santé, de l’Université d’État se ressaisissent et qu’ils prennent les choses au sérieux.

Sur ce nous prenons plaisir à rappeler pour nos lecteurs les principales qualités d’un directeur d’hôpital qu’il soit médecin ou pas.

Qualités d’un directeur d’hôpital

Formation : le directeur doit avoir une formation en gestion administration et préférablement des connaissances en gestion financière

Personnalité : le directeur doit être aimable capable de gagner la confiance des employés et des malades

Esprit de service : le directeur doit être disponible pour le personnel et pour les malades, prêt à entendre leurs doléances et leurs suggestions.

Imagination : le directeur doit être capable d’affronter les situations difficiles afin de rassurer son personnel et même leur transmettre son enthousiasme.

Esprit d’initiative : le succès des actions est souvent lié à l’attitude critique qui permet de changer les vieilles pratiques et d’améliorer les services fournis.

Autorité : le directeur doit avoir l’habilité pour transmettre les instructions à ses subalternes en leur faisant comprendre que ce n’est pas une tâche mais plutôt un privilège de réaliser l’activité

Connaissance de la nature humaine : chaque personne possède ses forces et ses faiblesses, le directeur doit pouvoir évaluer son personnel et placer la bonne personne à la bonne place

Diplomatie : le directeur doit agir avec tac et discrétion toutes les fois qu’il s’agisse de traiter des relations humaines en utilisant le ton et le langage approprié

Décision : le directeur doit prendre la décision de mettre en place un système d’organisation et le défendre malgré les obstacles

Patience : le directeur doit être conscient que les changements peuvent être difficiles à réaliser qu’il vaut mieux prendre du temps au lieu de précipiter les actions et de la sorte rendre les effets négatifs plus importants

Loyauté : le directeur doit être loyal avec lui-même, de façon à asseoir le prestige de l’institution et le sentiment de sécurité chez les patients

Stabilité émotionnelle : un caractère irritable et agressif est incompatible avec un directeur dans un hôpital, seul les patients et leur famille peuvent être irritable et agressifs

Sens de l’humour : les employés les patients et leur famille doivent voir dans le directeur un personnage accessible

Équité : le directeur doit être capable d’écouter les autres et de trancher les cas de façon équitable

Capacité d’accepter les critiques : le directeur doit savoir que nul n’est parfait. Il doit être capable de reconnaître ses faiblesses et d’accepter les critiques positives

Capacité de guider : le directeur doit être capable de se pencher sur tous les problèmes de ses employés, leurs problèmes personnels et ceux relatifs au travail.


Il est difficile de réunir toutes ces qualités dans un même personnage, pour cela le bon directeur est celui qui ayant pris connaissance de ses forces et de ses faiblesses, s’évalue et se fixe des objectifs d’amélioration de sa performance. .

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