je suis médecin de nationalité haïtienne, diplomée de l'Université d'Etat d'Haïti et de l'Institut de Santé Publique du Mexique. je compte plus de 40 ans de carrière dans divers champs de la santé publique et je voudrais partager mes expériences avec les internautes
vendredi 31 octobre 2008
Haïti Administration
Était il nécessaire de doter le Ministère de la Santé Publique et de la Population d’un nouveau cadre organisationnel et fonctionnel au cours de la transition ?
Le Ministère de la Santé Publique et de la Population « MSPP » fonctionnait sous l’égide d’une loi organique qui datait de 1983 à l'époque de la régionalisation quand il était question de Régions, Districts et sous districts sanitaires. Toutes les structures en place étaient illégales y comprises les structures décentralisées : directions départementales et coordination des unités communales de santé « UCS ». Depuis 1989, plusieurs projets de loi organique furent élaborés, sans jamais être votés par le Parlement.
Cependant, sur le plan institutionnel, mis à part les causes diverses qui ont entravé la promulgation d’une nouvelle loi organique, les décideurs auraient pu mettre en place une structure reflétant les exigences d’une mission liée à une politique bien déterminée. On a préféré diriger dans un cadre flou. Et la figure ébauchée après un diagnostic préliminaire de la situation organisationnelle de la Direction Administrative et Financière tendait à faire croire que le choix était délibéré. En effet, les dirigeants d’alors ne pouvaient ignorer que la concentration du flux d’autorité au sommet stratégique et la prédominance des circuits informels créeraient inévitablement des situations confuses dans l’exercice des fonctions, et affaibliraient surtout le flux des décisions de contrôle.
A ce compte, la configuration réelle de la Direction Administrative et Financière « DAF » diagnostiquée par les spécialistes de mon Cabinet Particulier était assez convaincante. Création de quatre (4) postes d’assistant DAF, dont les fonctions spécifiques qui leur étaient attribuées le plus souvent les élevaient plutôt au rang de Chargés de Mission au Bureau du Ministre. La multiplication des sections, pour accorder des augmentations de salaires à certains supporters du régime; ce bénéfice étant lié uniquement à l’attribution d’un titre fonctionnel, indépendamment de la répartition des responsabilités.
Sur le plan opérationnel, cette situation, on le comprend bien, a eu un impact direct sur les centres opérationnels, donc sur la prestation des services. Quand l’environnement interne et/ou externe exerce de fortes pressions sur une institution jusqu’à annihiler les normes et les procédures, la gestion rationnelle s’efface progressivement pour faire place à la pagaille. Ceci explique aussi l’embrouillage des démarches entreprises pour réaliser l’inventaire des ressources du Ministère à l’arrivée du Gouvernement de transition.
Pour remédier à cet état de chose, un décret sur l’organisation et le fonctionnement du Ministère fut élaboré, adopté en conseil des Ministres et publié au journal officiel le Moniteur en date de novembre 2005. Il remplace officiellement celui de 1983 mentionné plus haut. :
Ce décret portant sur l’organisation et le fonctionnement du Ministère de la Santé Publique et de la Population, a un double objectif :
· Doter le Ministère d’un cadre légal actualité et adapté à sa politique
· Rendre plus performantes les différentes entités centrales, et périphériques
Cet outil légal représente pour le Gouvernement de transition, l’un des acquis majeur en matière de santé publique. Par ce décret, deux nouvelles directions ont vu le jour il s’agit de la direction des ressources humaines et de la direction d’épidémiologie.
La première est appelée à répondre aux exigences de la planification des ressources humaines pour le secteur santé. Depuis plusieurs années, nous importons des professionnels de la santé.
Avons nous une idée du déficit en personnel de santé dans le pays?
Savons nous le nombre de professionnel de santé haïtien qui sont au chômage ou au semi chômage?
Par chômage nous voyons les centaines d’infirmières et de techniciens en santé qui attendent un emploi et par semi chômage des médecins et des dentistes qui n’ont pour activité qu’une petite clinique très peu fréquentée.
Ces questions, il est impératif de les poser, car elles méritent une réponse urgente. Les attributions du Ministère de la santé en matière de gestion des ressources humaines, ne sauraient se limiter aux six cent institutions à but non lucratif oeuvrant dans le pays, elles doivent s’étendre sur l’ensemble de la population et à travers les dix départements géographiques. Ce rôle et d’autres sont dévolus à la direction des ressources humaines.
De plus l’ancienne direction de développement des ressources humaines et de formation ne répond plus aux normes administratives modernes qui reconnaissent la gestion des ressources humaines comme étant une activité administrative et la formation une activité technique. On ne saurait les regrouper en une même entité. (Voir la loi cadre sur la réforme administrative)
La direction d’épidémiologie, à l’heure où les maladies émergentes et ré- émergentes font leur apparition un peu partout dans le monde, les pays doivent se doter d’un appareil solide pour surveiller la santé de leur peuple. Cette direction renforcée de la présence du laboratoire national de santé publique, offrira au Ministère de la Santé l’opportunité non seulement de promouvoir la recherche, d’assurer la formation de ses cadres, mais aussi d’établir un système solide de surveillance épidémiologique.
Une direction a fait sa réapparition il s’agit de la direction des soins infirmiers. Cette direction qui avait été enlevée de fait, existait dans la loi organique de 1983. Ces derniers temps le nursing a connu une dégradation inquiétante dans le pays. Il est urgent d’y remédier, la direction des soins infirmiers en partenariat avec l’association nationale des infirmières licenciées d’Haïti « ANILH » devrait assister le Ministère dans cette lourde tache de revalorisation de la profession d’infirmière en Haïti.
Une direction a changé de dénomination, la direction d’hygiène publique qui est devenue direction de promotion de la santé et de protection de l’environnement. Cette nouvelle dénomination va permettre aux responsables de mieux définir la mission de cette direction qui est appelée à satisfaire certaines exigences du développement de la santé publique en tant que discipline. De même elle met en évidence la promotion de la santé avec toutes les stratégies modernes de santé publique qui ont fait leur preuve dans d’autres pays.
Par contre deux directions ayant la même vocation ont été fusionnées. Les directions de santé de la reproduction et de santé de la famille sont devenues la direction de santé de la famille. Elle couvre la santé de l’enfant de l’adolescent et des jeunes, la santé de la reproduction et celle des personnes âgées.
La création d’une cellule d’appui à la décentralisation pour mieux coordonner les directions départementales. Tenant compte de l’importance accordée à la décentralisation dans tous les documents officiels, cette entité nous fait passer de la parole à l’acte. Elle est appelée à assister le directeur général du Ministère dans ses relations avec les structures décentralisées
La mise en place des cellules de coordination de plusieurs projets et programmes afin d’assurer une meilleure coordination des ressources et une harmonisation dans les actions. Ces coordinations concernent: un projet financé par la BID, les programmes financés par le fonds global, le projet PEPFAR et la sécurité des hôpitaux.
Récemment j'ai été étonnée de lire dans un document officiel du Gouvernement, que le Ministère de la Santé Publique allait se pencher sur une nouvelle loi organique. Ne serait il pas mieux pour les dirigeants de ce Ministère d'utiliser leur temps et leur argent pour apporter une solution aux problèmes cruciaux confrontés par les hopitaux publics du pays. Si ma mémoire est fidèle, le Ministère de la Santé a connu au cours des 33 dernières années 27 Ministres, si chaque Titulaire se mettait à refaire ce qui a été fait par son prédécesseur le pays serait à la case de départ, c'est à dire une mortalité maternelle à 1500 pour 100000 NV, une mortalité infantile à 250 pour 1000 NV, la polio serait encore dans nos familles.
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