samedi 23 août 2008

L'aide internationale un cauchemar pour le peuple haïtien

Hier sur une station très écoutée de la capitale, j’ai entendu dire que 90% de l’aide externe est dépensée par les organisations internationales elles mêmes. C’est grave.
À entendre cela on aurait tendance à croire que ces pays amis ne veulent pas le bien être du peuple haïtien. Car seul un État fort peut garantir le développement d’un pays.

Mais avant de conclure et pour mieux comprendre, voyons à travers le temps l’évolution de l’aide internationale au pays en dehors des prêts.

Par souci de dire la vérité, j’ai toujours tendance à utiliser le secteur santé, que je connais très bien. Personnellement j’ai vécu la période au cours de laquelle il n’existait pas les multiples ONG, l’aide financière internationale en santé était très restreinte mais dirigée directement vers l’État et certaines entités religieuses ou humanitaires comme les Églises catholiques ou protestantes et la Croix Rouge Haïtienne. Nous étions vers les années 70.

Vers les années 80, la mauvaise utilisation de certains fonds attribués au Ministère de la Santé Publique et de la Population, a porté le principal donateur, l’USAID à canaliser son aide directement aux régions sanitaires. Le niveau central réalisait l’audit interne et recevait les rapports d’utilisation des fonds qu’il acheminait au donateur

A partir de 1992, en raison de l’embargo commercial sollicité par le Président Aristide contraint de prendre l’exil, la communauté internationale, pour venir en aide aux couches défavorisées du pays a eu recours aux ONG pour la distribution de l’aide humanitaire . Cette stratégie a eu pour conséquence la multiplication anarchique de ces entités. Le pays revenu à l’ordre constitutionnel, avec le retour du Président Aristide ce serait immoral de la part de la communauté internationale de lâcher tous ses partenaires ONG.

L’État a essayé de se battre contre les ONG, mais il n’avait pas les moyens de sa politique. Il était devenu trop faible techniquement, suite au renvoi de ses cadres. Il se trouvait même dans l’impossibilité d’assurer une bonne coordination de l’aide donnée aux ONG. Au fur et à mesure le désordre s’installe dans l’administration publique, pour s’étendre aux ONG. Des fonds avancés tant au Ministère de la Santé Publique qu’à certaines ONG en santé sont souvent mal utilisés ou utilisés à d’autres fins. Nos dirigeants se contentent de répéter à tout venant il faut renforcer l’État, il faut coordonner. Qui va coordonner? Comment et quand? Reste les grandes questions à se poser. La communauté internationale a fini par perdre confiance dans l’État comme dans les ONG.

Un fait est certain, il reste un peuple affamé qui crie au secours. Il faut de toutes les façons venir à son aide. C’est là, que se joue le droit à l’ingérence humanitaire.

Voilà qu’un dirigeant sérieux, en raison de la maladresse de ses compatriotes, se voit infliger la triste réalité d’accepter toutes ces actions d'ingérence que nous qualifions d'irrégularités, ne serait ce que pour pouvoir offrir certains services à la population envers laquelle il a une grande responsabilité.

Nous n’avons pas à rechercher ailleurs les raisons qui ont porté la communauté internationale à réagir de la sorte. Nous sommes les artisans de notre propre malheur. Je pourrais même illustrer tout ce que je viens de dire par des exemples concrets.

Nos dirigeants doivent se résigner à mettre de l’ordre dans l’administration de l’État. Il faut de la rigueur dans la gestion de la chose publique, si nous voulons regagner la confiance internationale. Sinon nous sommes condamnés à essuyer ces insultes. Ce n’est ni le rôle ni la responsabilité de la communauté internationale de bien gérer notre pays. Ceci est de la responsabilité de l’État. Pour cela il faut à toute Nation un État soucieux et responsable, des dirigeants sérieux et honnêtes qui ne rêvent que le bien être de leur peuple.

Personne ne peut se fermer les yeux ou se taire sur cette triste réalité, par peur de froisser des amis ou des connaissances. Nous sommes tous concernés. Aujourd’hui la communauté internationale n’a confiance en personne en Haïti. Les femmes et les hommes honnêtes doivent dire non à ces irrégularités qui mettent à genoux notre pays et font souffrir notre peuple. Il faut mettre de l’ordre dans ce pays. Contrairement à ce que l’on croit, la majorité des haïtiens ne rêve que de cela, car ce désordre est la source de notre misère et de toutes nos douleurs........

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