Discours du Ministre de la Santé Publique et de la Population
Le Docteur Josette BIJOU
A la 48e conférence générale de l’AIEA
Vienne du 20 au 24 septembre 2004
Monsieur le Directeur général
Monsieur le Président de la conférence générale
Mesdames Messieurs les délégués
C’est avec un grand plaisir que je prends la parole au nom du Gouvernement haïtien, à l’occasion de la 48e conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Ma délégation et moi saisissons l’occasion pour vous féliciter Monsieur le président non seulement pour votre élection, mais aussi pour la façon dont vous dirigez jusqu’ici les débats. Nos félicitations s’étendent aux délégués des Républiques de Tchad, du Togo, et de Mauritanie pour leur admission à l’Agence.
Au nom du Gouvernement haïtien, nous félicitons également le directeur général, Monsieur Mohammed ELBaradei, pour le travail effectué dans le domaine de la coopération avec les pays en général et les pays les moins avancés (PMA) en particulier.
Le Gouvernement de transition mis en place depuis environ six mois travaille sans relâche à la construction d’une Haïti démocratique où les droits des haïtiens sont respectés, en un mot à la construction d’une société de paix.
Monsieur le Président,
Comme vous le savez, la paix ne se conçoit jamais sans le développement durable. À 200 ans de son indépendance mon pays fait face à d’énormes difficultés touchant les différents domaines du développement. Et la situation risque de s’aggraver avec les récentes inondations. En vue de combler ce retard, les nouvelles technologies représentent pour nous autant de pistes à explorer.
Depuis tantôt trois ans, la coopération entre Haïti et l’Agence internationale de l’énergie atomique a débuté de façon active dans les domaines de la radioprotection, la planification énergétique et la gestion des nappes aquifères. Actuellement des bases solides sont en train d’être aménagées en vue de permettre à moyen terme l’implantation en Haïti d’un solide programme en matière d’application pacifique de l’énergie nucléaire. Pour le cycle 2005 – 2006, le Gouvernement haïtien envisage d’intégrer les techniques nucléaires dans le secteur de l’agriculture à travers des projets portant sur la fertilité des sols et l’augmentation de la production agricole.
Une attention spéciale sera accordée à la formation et à la gestion des ressources humaines que ce soit dans les domaines de la radiothérapie et de la médecine nucléaire ou en matière d’hydrologie isotopique, de planification énergétique et de gestion de l’environnement. Ces activités permettront au Gouvernement haïtien de définir et d’appliquer à moyen terme une véritable politique en matière de gestion des connaissances nucléaires.
Nous savons que depuis quelques temps, la politique de gestion des connaissances nucléaires est devenue l’un des points auxquels l’Agence accorde la plus grande importance. Cet accent mis sur la gestion des connaissances a retenu l’attention du Gouvernement haïtien qui a compris combien les techniques nucléaires peuvent contribuer au développement d’Haïti. D’ailleurs, l’Agence est sans aucun doute la seule Organisation Internationale à intervenir avec efficacité dans les cinq domaines du WEHAB (water, health, agriculture, biodiversity) auxquels l’organisation des Nations Unies, depuis le sommet de Johannesburg sur le développement durable, a accordé une priorité absolue.
A ce sujet, nous nous permettons de rappeler au directeur général de l’AIEA combien il est important que la communauté internationale soit informée des possibilités offertes par la technologie nucléaire en matière de développement. Une politique d’information visant le grand public permettrait très rapidement de saisir l’importance stratégique du nucléaire tout en réduisant le climat de préjugés négatifs entourant cette technologie en raison du manque de sensibilisation à ce sujet.
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Le Gouvernement de transition que je représente accorde une très grande importance au programme de coopération mis en œuvre par l’Agence en Haïti, car nous sommes persuadés que d’ici quelques années ce programme bien conduit permettra de résoudre certains problèmes de développement durable. À l’heure actuelle, la République d’Haïti se trouve confrontée à des problèmes énergétiques, environnementaux et sanitaires des plus inquiétants. Nous lançons un appel pressant à tous ceux qui veulent nous apporter leur contribution dans ces domaines. Afin qu’Haïti puisse bénéficier nettement de ce programme, et pour témoigner la volonté du pays de coopérer avec l’AIEA, le Gouvernement d’Haïti par l’intermédiaire du Ministère de la Santé Publique et de la Population que j’ai l’honneur de diriger est en train de mettre en place avec la collaboration de l’AIEA les structures légales et physiques de radioprotection et de sécurité nucléaire nécessaires. Nous sommes en mesure d’annoncer que d’ici trois mois, sera publié au journal officiel de la République d’Haïti le décret de création de l’autorité nationale de sécurité radiologique ANSR, de même seront achevés les travaux de construction du laboratoire de dosimétrie. Ainsi, tout sera prêt pour qu’Haïti puisse bénéficier pleinement de la coopération technique offerte par l’Agence.
S’il est vrai que les pathologies infectieuses représentent un lourd fardeau pour le secteur santé, au cours des cinq dernières années, le cancer et plus particulièrement le cancer chez les femmes a pris une dimension inquiétante, d’autant plus qu’il ne touche pas seulement les couches favorisées du pays, mais aussi celles qui ne peuvent se payer un traitement en terre étrangère. Nous ne disposons pas de chiffres exacts, des efforts sont en cours grâce à des initiatives privées. Le MSPP a la responsabilité de réguler ces pratiques et d’apporter une réponse valable. En ce sens, je tiens à faire remarquer que dès janvier 2005, un projet de radiothérapie pour le traitement du cancer commencera à être exécuté. Ce projet représente l’une des priorités du Gouvernement en matière de santé de la femme. Dans cette perspective, je fais appel à l’assistance technique de l’Agence et à l’appui financier de tous les autres pays pour nous aider à la concrétisation de ce rêve audacieux mais important pour la santé publique à l’heure où la santé de la femme représente une priorité mondiale. Dans ce domaine soulignons que le Gouvernement doit supporter la construction d’un centre de diagnostic et de traitement du cancer pour un montant de plus de cinq millions de dollars américains.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les délégués,
La coopération technique entre les pays revêt de plus en plus une grande importance dans les relations existantes entre les nations. Elle complète admirablement les relations traditionnelles entre le nord développé et le sud en voie de développement, en laissant aux pays en voie de développement, la possibilité de s’enrichir mutuellement à travers une expérience partagée. L’une des expériences les plus enrichissantes en matière de coopération technique se situe dans le cadre de l’accord pour la promotion de la science nucléaire en Amérique Latine (ARCAL) qui fête ses 20 ans d’existence cette année. La République d’Haïti qui a intégré cet accord de coopération régional depuis deux années en reconnaît l’immense valeur et souhaite que les nations d’Amérique Latine et des Caraïbes puissent continuer à approfondir la coopération technique entre pays en développement (TCDC) à travers l’ARCAL.
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur Général,
À l’instar de tous ceux et celles qui m’ont précédé à cette tribune, le Gouvernement haïtien condamne de toutes ses forces toutes tentatives visant à utiliser la technologie nucléaire à des fins non pacifiques ou terroristes. Dans cette perspective, il accorde la plus grande importance aux démarches effectuées par l’Agence en vue de combattre le terrorisme nucléaire ou radioactif qui menace non seulement les populations humaines mais aussi le système écologique de la planète. En vue d’apporter sa contribution aux efforts de l’Agence, la République d’Haïti a déjà ratifié l’accord de garanties et le protocole additionnel. Ces deux textes fondamentaux seront publiés bientôt au journal officiel le Moniteur afin de pouvoir entrer en vigueur au regard du droit interne d’Haïti. Il en est de même de l’accord ARCAL qui a déjà été ratifié et qui sera publié sous peu au journal officiel de la République.
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur Général,
Depuis quelques mois le Gouvernement haïtien met tout en œuvre pour s’acquitter de ses obligations financières envers l’AIEA, à commencer par les contributions envers le fonds de coopération technique (FCT). Cependant, pour réduire beaucoup plus rapidement le montant de la dette des obligations régulières, il serait judicieux que s’établisse entre les deux parties un plan quinquennal de paiement. Bien que l’État haïtien ne dispose pas de grandes ressources, le Gouvernement haïtien est tout à fait conscient de l’importance du paiement régulier des contributions afin de permettre à l’Organisation de fonctionner normalement. Cette attention apportée par le Gouvernement haïtien au paiement de la dette régulière et au fonds de coopération technique s’étend aussi au programme régional ARCAL pour lequel une demande de contributions volontaires est requise, car nous sommes conscients du remarquable travail qui s’effectue au sein d’ARCAL et dont Haïti ne peut que tirer le plus grand bénéfice.
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur Général,
Permettez-moi de renouveler le vœu formulé l’année dernière par la délégation haïtienne à savoir qu’une plus grande attention doit être accordée aux pays les moins avancés (PMA) pour leur permettre non seulement de combler leur immense retard en matière de connaissances nucléaires mais aussi de bénéficier pleinement des applications pacifiques de l’énergie nucléaires. Pour ce qui concerne Haïti nous voulons mentionner une nouvelle fois les domaines prioritaires que sont la radiothérapie, la planification énergétique, la gestion de l’environnement et l’hydrologie isotopique.
Pour terminer, nous voulons rappeler à l’attention du Directeur Général le dossier de la gestion des déchets de l’Institut oncologique national. En dépit de l’appui financier de l’AIEA pour le conditionnement, l’enlèvement et le transport des deux sources de cobalt radioactif, depuis le mois de juin dernier les conteneurs sont toujours sur place et constituent l’une des préoccupations majeures de ceux-là qui fréquentent leur environnement immédiat. Nous aurions souhaité que le nécessaire soit fait dans le meilleur des délais.
Je vous remercie de votre attention
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