Haïti Situation Sanitaire après le Séisme du 12 janvier 2010
Ce texte, chers internautes, je l’ai écrit quinze jours après le séisme, suite à une rencontre que j’ai eue au siège de la Représentation de l’OPS/OMS en Haïti avec des consultants venus de Genève et d’autres pays de l’Amérique pour assister le Gouvernement.
Cette approche proposée qui aurait donner au moins la garantie d’une gestion transparente de l’aide humanitaire en sante qui est le plus important a la suite d’une catastrophe naturelle, avait pour objectif principal de minimiser les risques d’épidémies de toutes sortes qui aujourd’hui encore pèsent sur la population. De mémoire, rappelons que le cyclone Flora survenu les 3 et 4 octobre 1963 a été suivi de 75.000 cas de paludisme diagnostiques selon l’OMS au cours des 4 à 5 mois après la catastrophe.
Disons qu’à l’époque les actions de santé publique n’étaient pas bien connues, mais aujourd’hui c’est inacceptable. De même qu’on dit : le séisme ne fait pas de mort, la catastrophe naturelle n’entraîne pas d’épidémie de maladies elle crée les conditions. Quand rien n’est fait ou quand tout est mal fait surviennent des épidémies.
L’approche devrait permettre également aux autorités d’avoir tout le temps nécessaire pour bien planifier la période de relèvement et la reconstruction du pays en collaboration avec les différents secteurs de la vie nationale. Car s’il faut bien gérer la période d’urgence, il faut aussi bien planifier et bien exécuter la stabilisation et la réhabilitation, ce qui a toujours été notre faiblesse et qui nous a valu en partie cet exode rural massif.
Le problème
Beaucoup de personnes sont sans abri, d’autres ont peur de se mettre sous leur toiture de béton même sans dommage car les répliques continuent
Certaines personnes ont tout perdu, d’autres sont obligées de surveiller contre les voleurs ce qui reste de leur maison endommagée ou intacte. Car avec le séisme, la prison a été vidée, les voleurs sont partout.
Les gens dorment pour la grande majorité dans des abris faits de draps, de plastiques ou de paille. Il n’y a pas suffisamment de tentes pour en offrir a tout le monde.
Il y a absence de prise en charge ou plutôt des actions irrationnelles sont menées par les autorités qui peut être, sont de bonne foi.
La situation sanitaire est désastreuse au niveau des sites d’hébergement pas d’eau pour se laver, pas de latrines dans la majorité, pas de système de collecte des ordures ménagères. Mouches et moustiques envahissent les sites,
La situation nutritionnelle est très précaire pour les groupes vulnérables enfants, femmes allaitantes, femmes enceintes, vieillards et handicapés.
Il y a des risques énormes de catastrophes épidémiques en l’absence d’un bon système de surveillance épidémiologique des maladies post catastrophes.
Avec l’arrivée de la saison pluvieuse, les risques d’éclatement augmentent avec des répercutions politiques dangereuses pour le pouvoir même s’il n’existe aucune force de l’opposition. Après chaque petite pluie, il y a une petite manifestation.
Les actions menées
Le Président de la République a créé des commissions qui parait il, n’ont pas grande chose à voir avec les Ministres sectoriels qui de leur coté ont été affecté chacun à une commune.
La communauté internationale comme les haïtiens vivant à l’étranger ont envahi le pays particulièrement dans le domaine de la santé. Des équipes de santé par ci et par là sans aucune coordination. Parfois elles se battent pour un même champ d’action.
L’approvisionnement des institutions sanitaires en médicaments et autres intrants se fait tant bien que mal par l’OPS sous le contrôle de la commission présidentielle.
L’aide alimentaire est fournie massivement et directement à la population aidée des CASEC et des Maires. Cette aide consiste en grande partie en une distribution de céréales, sans aucune considération d’ordre nutritionnel.
Il y a une forte tendance à la publicité parfois mensongère de part et d’autre. Les autorités annoncent des actions qu’on ne voit pas, la population accuse les autorités de détournement de l’aide parfois a tort.
Il existe une totale méfiance de la population vis-à-vis des dirigeants. Le peuple sollicite même une ingérence étrangère dans le cadre de la gestion de l’aide à accorder au pays.
Le Gouvernement est dépassé par les évènements, comme l’a si bien dit le Premier Ministre, mais ils ne font pas suffisamment d’ouverture sur les compétences.
Interventions proposées
Suite au séisme du 12 janvier, la période d’urgence a été abordée de façon trop irrationnelle, des risques énormes d’épidémie persistent si on ne rectifie pas. Avec la saison pluvieuse la situation va se compliquer. S’il arrive un cyclone ou une inondation dans n’importe quel endroit du pays la situation peut devenir incontrôlable. Pour cela nous proposons ce qui suit :
La Représentation de l’’OPS/OMS devra solliciter officiellement le mandat de coordonner l’aide humanitaire d’urgence en santé, puisqu’elle a l’expérience des crises antérieures. Alors, les actions suivantes pourront être mises en œuvre pour soulager la population en attendant l’élaboration du PDNA, la mobilisation des ressources et la mise en œuvre des actions durables comme le veut le Gouvernement, le peuple haïtien ainsi que la communauté internationale.
1. Mobilisation de jeunes universitaires en priorité ceux des sciences humaines et d’Ethnologie (psychologie, sociologie, anthropologie travailleurs sociaux)
2. Recensement au niveau des sites grands et petits parallèlement il faut recenser les personnes qui se sont réfugiées dans les villes de province afin de freiner leur retour sur la Capitale.
3. La mise en place d’un comité de crise avec la participation de plusieurs directions du Ministère de la Santé dont : (DPSPE, DERL, DSF, UCN, UPE)
4. Élaboration d’outils (formulaires de recensement, formulaire simplifié de surveillance épidémiologique)
5. Formation des universitaires / enquêteurs
6. Application de l’enquête (au plus une semaine)
7. Élaboration d’un plan d’assainissement avec budget à l’appui s’il n’existe pas
8. Élaboration d’un programme d’alimentation des groupes classés vulnérables avec budget à l’appui.
9. Mise en œuvre de ces plans et programmes au niveau des sites d’hébergement provisoire
10. Poursuite de la fourniture des soins par le renforcement des institutions sanitaires publiques et privées désireuses d’y participer
11. Surveillance épidémiologique dans toutes les institutions tant privées que publiques
12. Appui psychologique à fournir dans les sites d’hébergement et dans d’autres endroits qui seront définis avec les bénéficiaires
13. Élaboration du plan de construction des abris en prévision de la saison pluvieuse et de la saison cyclonique.
a. Démolition après évaluation
b. Négociation avec les propriétaires
c. Construction de logement simple et bon marché dans un premier temps
14. Appui a l’élaboration du plan de réforme sanitaire en prévision de la réunion des bailleurs prévue pour juin prochain PDNA
15. Toutes ces actions doivent être supportées par un programme de communication sociale : conférence de presse chaque semaine pour informer la presse et le public des progrès réalisés.
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