LE REGARD TOURNÉ VERS L’ALMA MATER
L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti « HUEH », une Institution sanitaire à triple vocation. Dont :
Un centre hospitalier universitaire ou se forment les différentes catégories de professionnels de la santé : Médecins, Infirmières, Technologistes médicaux, Pharmaciens, Chirurgiens dentistes.
Une institution publique de prestation de soins hospitaliers aux populations défavorisées de la Capitale et des communes avoisinantes,
Un centre de référence par excellence pour l’ensemble du pays. Je veux dire par là que certains services spécialisés ne se retrouvent qu’à l’HUEH, parfois, même à l’état embryonnaire. Pour citer : l’Histopathologie, l’Anesthésiologie, la Dermatologie, l’Oncologie, la Radiologie.
Ce centre hospitalier qui, depuis quelques années peinait pour son fonctionnement a été durement frappé par le séisme du 12 janvier 2010. Voilà qu’aujourd’hui, il se trouve dans un imbroglio, au point de porter les dirigeants du pays à évoquer l’idée d’une fermeture pure et simple de cet hôpital. Cependant cette idée de fermeture ne fait pas l’unanimité. Les opinions sont diversifiées.
Certains voient dans la fermeture, un manque à gagner, la reconstruction se fera en deux années au lieu de cinq et l’État haïtien économisera cinq millions (5,000,000.00) de dollars américains sur le coût total.
D’autres voient dans la fermeture le danger d’une perte de plusieurs emplois, particulièrement les employés contractuels.
Que pensent les étudiants bénéficiaires de la formation? Selon eux, ils courent le risque de se retrouver sans lieu de stage. Pour cela ils sont contre.
Le personnel médical de l’hôpital de son coté se demande perplexe que va-t-on faire des patients démunis? Ils sont aujourd’hui si nombreux.
Que dit la population la principale concernée? Chaque jour des associations et organisations empruntent la voix de la Presse pour protester contre toute idée de fermeture de cet hôpital.
Enfin, nous les professionnels de la santé qui avions dans le passé bénéficié de l’accueil et de la tendresse de cette Mère Nourricière, n’avons nous pas notre mot à dire concernant le sort qui doit être fait à notre Alma Mater?
D’une façon ou d’une autre, il s’agit d’un grand dossier qui demande un grand débat. Jamais les différentes couches de la population haïtienne n’avaient pris le temps de réfléchir sur l’importance de l’HUEH dans notre système de santé. Aujourd’hui le moment est venu de le faire. Nous lançons donc un appel patriotique à toutes les associations haïtiennes de santé :
L’Association Médicale Haïtienne « AMH », et ses multiples filiales
L’Association Nationale des Infirmières Licenciées d’Haïti « ANILH »,
L’Association de Santé Publique d’Haïti « ASPHA »,
L’Association Nationale des Technologistes Médicaux « ANTM »,
L’Union des Médecins Haïtiens «UMHA »,
L’Association des Pharmaciens Haïtien « APH »,
L’Association des Médecins Haïtiens à l’Étranger « AMHE »
Le Syndicat du Personnel Infirmier « SPI »
L’Association Haïtienne d’Odontologie « AHO »
L’Association des Hôpitaux Privés d’Haïti « AHPH »
L’Association des Infirmières Sage Femme
Les Associations d’Étudiants (es) en Sciences de la Santé de l’UEH et des Écoles affiliées
Qu’elles se mettent tous ensemble pour une concertation en vue de conduire une analyse approfondie de la situation de l’HUEH de manière à dégager des pistes de solutions susceptibles d’orienter les actions des dirigeants. Car en toute logique, détruire et reconstruire l’HUEH, sans identifier l’origine de ce cancer qui ronge l’Institution sanitaire jadis la plus prestigieuse du pays, ainsi que, les facteurs favorisants le développement de ce mal apparemment incurable, n’est que peine perdue.
Chers confrères, chers collègues, Médecins, Infirmières, Technologistes Médicaux, Pharmaciens, Chirurgiens Dentistes, Spécialistes de la santé, qui avions bénéficié de cette institution pour notre formation, nous avons une dette envers notre Alma Mater. Nous ne saurions la laisser mourir par manque ou absence de soins de qualité. Il y va de l’avenir du secteur santé de notre pays. Un secteur si fort dans le passé et qui n’avait rien à envier des autres pays, mais aujourd’hui vilipendé, méprisé par ses propres fils et filles.
Le défi est grand certes, il s’agira pour nous de poser le problème de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti dans toute sa dimension :
:
Comment satisfaire sans discontinuité les besoins en formation des jeunes professionnels de santé, formation de base et spécialisation
Que faire pour garantir de façon continue des soins de qualité aux couches les plus défavorisées du pays tout entier et de l’aire métropolitaine en particulier. pendant et après la reconstruction physique de cet hôpital.
Considérer l’HUEH dans son rôle de centre de formation et de référence appelé à fournir des soins de haute gamme de façon à pouvoir sauver des centaines et milliers de vies parmi ceux qui ne peuvent se payer des soins à l’étranger.
Contempler un Hôpital Universitaire avec les capacités de retenir l’ensemble des patients haïtiens qui chaque jour prennent l’avion en quête de soins de santé de qualité et pourquoi pas attirer des patients de l’extérieur par la qualité de ses services.
Enfin, dans un pays ou la note dominante est le chômage, envisager comment protéger le maximum d’emplois durant le temps de la reconstruction physique de cet hôpital.
Notons que, cette réflexion devra s’étendre à la situation de la Faculté de Médecine de Pharmacie et de Technologie Médicale, la Faculté d’Odontologie et le Centre de Psychiatrie Mars and Kline qui, sont autant d’institutions jadis très prestigieuses aujourd’hui réduites à un pot de chagrin.
Chers Confrères, chères Consoeurs et Collègues, mettons nous au travail le temps presse. J’invite donc l’AMH ou l’ASPHA à prendre le leadership de l’action en convoquant les autres associations sœurs pour ce grand débat patriotique.
Vive Haïti, Vive la Médecine haïtienne, Vive notre Alma Mater.
Dr Josette BIJOU M.D. MSP
Diplômée de la FMP de l’UEH